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M ARGON — M MIGOUNIOS


Tournemine lit, dans le Journal de Trévoux de sept.

1715, p. 1575-1590, un compte rendu dans lequel il reprochait à Margon d’attaquer les jésuites, dans des parenthèses qui étaient absolument étrangères à la discussion du livre de Boursier. Cette critique du P. Tournemine fut l’origine d’une polémique violente contre les jésuites. En effet, Margon écrivit une Réponse au P. Tournemine sur son extrait d’un livre intitule : Le Jansénisme démasqué, in-12, Paris, 171 G, et il y déclare qu’il n’a fait que signer le livre publié sous son nom ; l’ouvrage a été composé par les jésuites qui, pour n'être pas accusés d’en être les auteurs, ont dispersé à travers le livre des attaques contre euxmêmes. On comprend que les jansénistes exploitèrent cette lettre de Margon et l’Histoire du livre des Réflexions morales, t. iii, § 41, p. 230-243, souligne avec plaisir cet incident. Margon ne s’arrêta pas là. Une Seconde lettre au P. Tournemine fut publiée par laquelle Margon « désavoue une fausse édition de sa première lettre et il donne une idée de la politique et des intrigues des jésuites. » C’est une attaque violente contre la duplicité des jésuites, tout particulièrement dans un ouvrage anonyme intitulé : Gazette des mensonges des jansénistes. Enfin, dans une Troisième lettre au R. P. Lallemant, l’abbé Margon reprend ses critiques contre les jésuites qu’il accuse d'être les auteurs de la bulle Unigenitus et de vouloir accaparer toute l’autorité spirituelle, après avoir supprimé leurs concurrents, en particulier, l’Oratoire. Le ms. 2054 de la Bibliothèque de l’Arsenal, p. 590-595, donne un Extrait d’une lettre de M. de Margon sur les jésuites,

1716, qui reproduit les mêmes idées. Ces écrits de Margon contre les jésuites ont été réédités récemment sous le pseudonyme J. de Récalde, dans un pamphlet, intitulé : Lettres sur le confessorat du P. Le Tellier avec une introduction et des notes sur la politique des jésuites et l’Oratoire, in-12, Paris, 1922.

Les autres écrits de Margon, en dépit de leurs titres, ne sont guère que des romans, ou, au moins, des histoires romanesques qui ne sont pas de notre ressort. Ajoutons enfin que Margon s’exerça aussi à la poésie satirique, badine et parfois libertine.

Michaud, Biographie universelle, t. xxvi, p. 542, 543 ; Hôffer, Nouvelle biographie générale, t. xxxiii, col. 553-555 ; Quérard, La France littéraire, t. v, p. 529 ; Chaudon et Delandine, Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique, 5° édit., 1810, t. XI, p. 127, 128 ; Feller, Biographie universelle, édit. Pérennès, 1842, t. viii, p. 160 ; Desessarts, Les siècles littéraires de la France, 7 vol., in-12, Paris, 1800-1803, t. IV, p. 275, 276 ; Ravaisson, Archives de la Bastille, t. xiv, p. 77-95 ; Poitevin-Peitavi, Notice sur Jean de Planlavit de laPauze, évêque de Lodève et sur l’abbé de Margon, Guillaume de Planlavit, son petit neveu, in-8°, Béziers, 1817, p. 27-48.

J. Carreyre.

IVI ARGOU N IOS Maxime, théologien grec de la fin du xvie siècle. — Né à Candie, capitale de l'île de Crète, en 1549, il reçut au baptême le nom de Manuel ou Emmanuel, qu’il changea en celui de Maxime en entrant dans le clergé. Il se rendit vers 1568 à l’Université de Padoue et s’y consacra durant huit ans à l'étude de la littérature, de la philosophie, de la théologie et de la médecine, mais sans jamais prendre le bonnet de docteur pour ne pas avoir à faire une profession de foi catholique. Ses études achevées, il fut appelé à Constantinople par le patriarche Jérémie II qui désirait s’assurer son concours pour une réforme générale du clergé ; mais, au lieu de répondre à cette invitation, Margounios retourne en Crète en 1578, y reçoit la prêtrise et se fixe au métochion de SainteCatherine qui dépendait du monastère du Sinaï. Au bout de cinq ans, il quitte la Crète pour se rendre à Venise ; c'était vers la fin de l’année 1583. Appelé une seconde fois à Constantinople par Jérémie II, il y va

et est sacré évêque de Cythèrc ou Cérigo, le 15 avril 1584. Au mois de juillet suivant, il s’embarque pour la Crète dans l’intention de gagner son évêché ; mais le gouvernement de Venise, désireux de garder à sa discrétion un prélat influent, refuse à.Margounios l’autorisation de passer à Cérigo, tout en lui offrant une résidence gratuite à Venise avec une pension annuelle de cinquante ducats. Margounios accepte, et devenu ainsi évêque in partibus de Cérigo, il va désormais consacrer son existence et ses ressources à la recherche de manuscrits grecs et à l'édition de ses propres ouvrages. La jalousie d’un' autre prélat grec de Venise, Gabriel Sévère, métropolite de Philadelphie, le dénonce bientôt comme hérétique à Constantinople, mais sans résultat. Une demi-réconciliation entre les deux rivaux a lieu en 1590, le jour de Pâques, mais elle dure peu. La publication en 1591 de VEnchiridion sur la procession du Saint-Esprit, dans lequel Margounios regardait comme plausible l’addition du Filioque au symbole, fournit à Sévère une nouvelle occasion de reprendre la querelle, et Margounios, contraint de quitter momentanément Venise, va s'établir à Padoue. Le Saint-Synode de Constantinople, saisi de la question, délivre à.Margounios un brevet d’orthodoxie, et le prévenu rentre à Venise durant l'été de 1593 ; mais déjà sa santé était ébranlée, et il mourut le 1 er juillet 1602. Il avait, avant de mourir, envoyé sa riche bibliothèque aux moines crétois de Sainte-Catherine.

Margounios laissait un héritage littéraire considérable. Pour plus de clarté, nous le diviserons en diverses catégories :

1° Ouvrages dogmatiques. La plupart de ses œuvres dogmatiques sont demeurées inédites, mais pour beaucoup on en possède encore les mss. Ce sont : 1. Trois livres sur la procession du Saint-Esprit. Chacun de ces livres est divisé en 9 chapitres, soit un total de 27 chapitres, dont on trouvera les titres dans A. Démétracopoulos, ITpo(j9î)xai xal S'.opOwæiç sic ty)v veoeXXv5vixY)v cpiXoXoyîav K. Hâ0a, Leipzig, 1871, p. 22-26. Composé en Crète vers 1583 ou peu de temps auparavant, l’ouvrage est dédié au patriarche Jérémie. Tout en soutenant l’opinion traditionnelle des Grecs, l’auteur se montre sur certains points assez favorable à l’enseignement de l'Église catholique. Il n’en fallut pas davantage pour le faire accuser d’hérésie. On possède de cet ouvrage les mss. suivants : 78, 203 et 216 du patriarcat de Jérusalem : 105 et 249 du métochion du Saint-Sépulcre à Constantinople ; 243 de Bucarest. Le n. 105 du métochion est l’autographe de Margounios. — 2. Deux autres livres sur la procession du Saint-Esprit. Cet ouvrage, contenu dans les manuscrits 208 et 393 de la bibliothèque synodale de Moscou, 348 du patriarcat de Jérusalem et 614 de Bucarest, a été écrit en 1584 à Constantinople ; il est dédié à Jean Pierre, prince de Valachie, par une lettre qu’a éditée A. Démétracopoulos, 'OpGôSj^oç 'EXXàç, Leipzig, 1872, p. 138140, et qu’a reproduite É. Legrand, Bibliographie hellénique… des XV° et XVIe siècles, t. i, p. xxxiii. Le 1. I comprend 7 chapitres, et le second 4 ; on. en trouvera les titres dans A. Démétracopoulos, IlpoaÔTJxoa, etc., p. 27-29. Si, comme hypostase, le Saint-Esprit ne procède que du Père seul, par contre, comme auteur des dons surnaturels, il procède à la fois du Père et du Fils. — 3. Sur la procession du Saint-Esprit, sous forme de lettre. Écrit en 1587, cet opuscule ne vit le jour qu’en 1591, à Francfort, par les soins de David Hôschel, ami et correspondant de l’auteur, sous le titre assez vague de Ma ; î[xou to5 Mapyouvîou KuOrjpcov stuctLÔtc-ju l7ri.o--oXal Sûo, p. 21-30. Il a été réimprimé vers 1627 à Constantinople dans le rarissime recueil de Nicodème Métaxas en appendice