Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/315

Cette page n’a pas encore été corrigée

20 : î5

MAHKT

2036

discours prononcé à la consécration de l'église Notre*

Daimaprès la restauration définitive. En plus un certain nombre de mandements que Maret donna en qualité de primicier de SaintDenis.

Plus Importants sont divers Mémoires qui n'étaient pas destinés à la publicité, ne lurent pas mis dans le commerce) mais ont été publiés, plus ou moins complètement par G. Bazin, l’historien de Mgr Maret. Plusieurs de ces Mémoires sont adressés à l’empereur ; en mars 1864 pour inviter le souverain à intervenir à Rome contre la publication possible d’un Syllabus ; en 1867, pour étudier les répercussions possibles que pourrait avoir le concile et parer à toute éventualité. Non moins intéressante est une longue lettre adressée par l'évêquc de Sura à Pie IX au lendemain de la publication du Syllabus. Au lieu de recourir, comme l’avaient fait certains apologistes, à la distinction de la « thèse » et de l’a hypothèse », Maret tentait d'établir, même dans la théorie, la légitimité de ce qu’on est convenu d’appeler les libertés modernes. Dérivées de la liberté morale, ces revendications « n’excluent pas la raison, la morale, la religion qui subsistent au-dessus de la liberté pour en régler l’usage ». Des raisons fort légitimes ont conduit le législateur à accorder ces libertés. L’on conclura donc que « l’ordre nouveau de la société moderne repose sur des principes rationnels et vrais et n’est pas le produit des erreurs les plus funestes. Il peut se concilier avec la tradition, les doctrines, les droits, les intérêts de l'Église catholique… Le régime d’union légale et politique de l'Église avec l'État serait-il en effet la forme absolue, éternelle, immuable des sociétés chrétiennes ? Non. Car un État peut être chrétien à la seule condition d’une union morale avec l'Église. » Le texte dans Bazin, t.n, p. 321-344.

Mais le livre qui a surtout rendu célèbre Mgr Maret, et qui doit retenir aujourd’hui encore l’attention des historiens de la théologie, c’est l’ouvrage intitulé : Du concile général et de la paix religieuse, 2 vol. in-8°, Paris, 1869, qui doit être complété par Le pape et les évêques. Défense du livre sur le concile général, in-8°, Paris, 1869. A l’article Vatican (Concile du), on reviendra sur la place qu’a prise l'évêque de Sura dans les vives discussions qui ont précédé et accompagné la tenue de l’assemblée. On veut marquer seulement ici les positions adoptées par le doyen de la Sorbonne dans ce livre, dont la simple annonce en 1868 commença à déchaîner de violentes polémiques. Le 29 juin 1868, Pie IX avait annoncé la tenue d’un concile œcuménique qui s’ouvrirait à Saint-Pierre le 8 décembre de l’année suivante. Bien que les buts proposés à l’assemblée ne fussent indiqués que d’une façon très générale, il ne faisait guère de doute que la question de l’autorité et de l’infaillibilité du pape y serait abordée. Représentant le plus en vue, par ses fonctions de doyen de la Sorbonne, des sentiments libéraux et de la doctrine gallicane, Maret crut opportun de donner de cette doctrine tant l’exposé que les preuves. Sans doute il annonçait dans son litre et dans sa préface le dessein de soulever d’autres problèmes encore : les rapports de la science avec la foi, de l'Église avec la liberté ; mais cette partie ne fut jamais écrite et le livre n’est en somme qu’un exposé clair, précis et fortement construit de ce que l’on est convenu d’appeler le gallicanisme ecclésiastique. S’inspirant de la doctrine de Bossuet, pour qui l’auteur professe une admiration sans mélange, il se présente comme une réfutation de la doctrine ultramontaine, incarnée, pour la circonstance, dans l’ouvrage d’Alf. Muzzarelli, De auctoritate romani pontificis in conciliis generalibus, paru en 1815. Réfutation tout irénique d’ailleurs, d’un ton généralement fort serein, sauf quand l'évêque de Sura polémique

contre les laïques sans mandat et les ecclésiastiques sans théologie qu’il rend responsables du développement de l’ultramontanisme en France. Le plus ordinairement l’exposition est faite d’une façon thétique qui force et retient l’attention ; l’argumentation est fortement nourrie de documents historiques. Sans qu’il y ait rien de très neuf dans les faits allégués ou les considérations qu’on en déduit, la présentation ne laisse pas que d’impressionner. L’idée capitale consiste à déclarer que l’infaillibilité n’est qu’un des attributs de la souveraineté spirituelle. Or la souveraineté dans l'Église n’est pas le fait d’une monarchie absolue, mais d’une monarchie efficacement (le mot est toujours souligné) tempérée d’aristocratie. Dès lors l’infaillibilité est nécessairement composée des éléments essentiels de la souveraineté ; elle ne se trouve, d’une manière absolument certaine, que dans le concours et le concert du pape avec les évêques, des évêques avec le pape ; il ne saurait donc être question pour le pape d’une infaillibilité absolue, séparée, illimitée. L’admettre ce serait transformer en monarchie absolue cette monarchie tempérée que reconnaît la divine constitution de l'Église. Ceci n’implique point d’ailleurs qu’on ne puisse parler de l’infaillibilité du pape. Celui-là, en effet, est infaillible à qui Dieu, par une disposition particulière et en vertu même de l’autorité qu’il lui confère, donne le moyen certain d'être infaillible. Or le pape, et le pape seul, a toujours le droit de consulter l'Église, de convoquer l'épiscopat à une délibération solennelle, et de communiquer ainsi aux décisions prises de concert avec cet épiscopat le caractère d’infaillibilité. Qu’on ajoute à ceci l’indéfectibilité de la chaire de Pierre, la certitude de sa perpétuelle durée, l’assurance que la succession pontificale restera toujours dans la vérité catholique et ne pourra être altérée par l’infidélité passagère d’un pape, et l’on aura, pour la foi des fidèles, toutes les garanties désirables.

On ne s'étonnera pas que, se produisant dans la seconde moitié du xixe siècle, alors que le gallicanisme était en évident recul, un tel exposé ait fait scandale, et que, dès son apparition, il ait été pris vivement à partie, non seulement par les publicistes catholiques, mais par plusieurs des membres de l'épiscopat en France, en Angleterre, en Belgique. Le résultat le plus clair du livre, ce fut de convaincre les tenants de la doctrine ultramontaine qu’une définition de l’infaillibilité était absolument nécessaire et qu’il fallait à tout prix en finir avec ce gallicanisme qui relevait la tête. C’est, à n’en pas douter, contre les thèses soutenues par Maret que fut dirigée la pointe de toutes les discussions conciliaires relatives au schéma De Ecclesia. Quand, dans les premiers jours de janvier 1870, se fit sentir parmi les membres du concile le grand mouvement de pétitions en faveur de la définition du dogme, on mit aussi en circulation un petit écrit anonyme (l’auteur en doit être Mgr Dechamps, archevêque de Malines), où étaient relevées cinq propositions du livre de Maret dont on demandait la censure : Voici le texte de ces propositions, elles donneront le sens que bon nombre de Pères du concile attachaient à la doctrine qui y était exposée : Prop. 1° : Suprema potestas spirilualis in Ecclesiam est essentialiler complexa atque composila, ita ut non résident in Petro ejusque successoribus, sed in corpore Ecclesiæ pastorum, in papa scilicet et episcopis consentientibus. — Prop. 2 a : Episcopi, in conciliant cecumenicum légitime congregati, in iis quæ spectant ad fidem, schismalum extirpationem ac reformalionem Ecclesiæ, jus habent proprium et independens décréta romani pontificis etiam ex cathedra prolala examinandi, judicandi, acceptandi, aut rejiciendi, etiam papa contradicente. cumque sub pœna deposilionis, corri-