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.MARCION. SOURCES

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l’hérétique. Harnack p. 227".sq., et aussi Der kirchengeschichtl. E rira g der exegetischen Arbeilen des Origenes, dans Texte und Unten., t. xi.n, fasc. 3, p. 30.sq., fasc. I. p..") 1 sq. Origène fournit ainsi une contribution, qui n’est pas sans importance, à la reconstitution des livres marcionites, dont il semble bien qu’il ait eu une connaissance directe.

.'î. Polémistes et hérésiologues postérieurs. — A mesure que l’on s'éloigne des origines du marcionisme, il semble que les écrivains catholiques, tout en se préoccupant de réfuter l’hérésie, prennent de moins en moins le souci de se renseigner directement sur l’histoire et les doctrines de la secte qu’ils combattent. On se contente, bien souvent, d’emprunter aux premiers polémistes. Cela ne veut pas dire que cette littérature soit entièrement négligeable. — Il y a beaucoup à prendre dans le dialogue De recto in Deum ftde, qu’il vaudrait mieux appeler Libri Adamanlii adversus hærcticos numéro quinque et qui date des années 270-280. P. G., t. xi, col. 1711-1884. En partie lier les deux premiers dialogues reproduisent une discussion entre Adamantius (c’est-à-dire Origène ?) et deux représentants du marcionisme, dont les idées sont d’ailleurs assez divergentes. C’est dire que la doctrine exposée est plutôt celle des marcionites postérieurs que celle même du maître. Bien que ne puisant pas directement aux sources, les dialogues en question ne laissent pas de fournir une sérieuse contribution à la connaissance des Antithèses de Marcion. —Les Acta Archelai d’Hégémonius, édit. Beeson du Corpus de Berlin, si précieux pour l'étude du manichéisme, contiennent quelques traits d’origine marcionite. Harnack, p. 349*, a fait remarquer que la lettre de Diodore à Archélaus, c. 44, p. 64, met au compte de Mani un certain nombre d Antithèses qui proviennent à coup sûr de Marcion. — L’on peut faire abstraction ici des nombreuses allusions aux doctrines marcionites qui ont été relevées dans les œuvres des docteurs de la fin du ive siècle, surtout en Orient ; on ne retiendra l’attention que sur les auteurs qui se sont préoccupés spécialement de réfuter la vieille hérésie.

Et d’abord un écrivai î anonyme qui, un peu antérieur à saint Éphrem, a rédigé en syriaque une Explication de l'Évangile, nettement dirigée contre les libertés exégétiques de Marcion. L’ouvrage ne s’est conservé qu’en une traduction arménienne, publiée en 1836 par les mékhitharistes, dans les Œuvres d'Éphrem en arménien, t. ii, p. 261-345 ; voir une traduction allemande, avec commentaire, de Schâfer, Eine altsyrische, antimarkionitische Erklàrung von Parabeln des Herrn, 1917 ; les principaux textes dans Harnack, p. 355*. — Saint Éphrem s’est préoccupé lui aussi de réfuter le marcionisme, soit dans ses principes essentiels (voir à ce sujet C. W. Mitchell, A. A. Bevan et F. C. Burkitt, S. Ephrem’s prose réfutations of Mani, Marcion and Bardesanes, t. ii, The discourse called of Domnus, Londres et Oxford, 1921, p. xxiii-lxv), soit dans l’application de ceux-ci à la critique biblique. Sur ce dernier point voir : Ephra ?m, Evangelii concordantis exposilio, traduit de l’arménien par G. Mœsinger, "Vienne, 1876, où le docteur syrien allègue et discute un certain nombre d’explications marcionites ; quelques exemples sont fournis par Harnack, p. 357* sq. — Saint Épiphane se devait de faire, dans son Panarion, une place importante à la redoutable secte. Hæres. xlii, P. G., t. xli, col. 696-813. Avant de composer cette notice, l'évêque de Salamine avait eu l’occasion, il nous le dit lui-même, n. 10, col. 709, de rédiger une dissertation séparée sur le sujet. Le Nouveau Testament marcionite lui étant tombé entre les mains, il avait soigneusement relevé les modifications de divers ordre que Marcion avait apportées au texte canonique. Dans sa seconde rédaction, il ne s’est pas toujours

retrouvé dans ses notes, en sorte qu’il existe un certain nombre de contradictions assez visibles dans le second exposé. D’autres incohérences proviennent aussi du fait qu'Épiphane a bloqué des renseignements provenant du Synlagma d’Hippolyte, du traité d’Irénée et enfin d’un troisième auteur inconnu, sans bien remarquer que ses garants n'étaient pas toujours d’accord. Telle quelle, néanmoins, et avec tontes ses imperfections, la notice du Panarion est d’une importance capitale pour la reconstitution des Écritures marcionites et tout spécialement de l'évangile. — Par contre la réfutation de Théodoret, Hmretic. fabul., I, x.xiv, P. G., t. i.xxxin, col. 372 sq., peut être négligée sans dommage, tant elle est dépendante des polémistes antérieurs. — Au contraire, Eznik de Kolb, dans son De seclis, rédigé en arménien peu avant le concile de Chalcédoine (451), consacre tout son livre IV à un exposé et à une réfutation du marcionisme dont il y a lieu de faire état. Bien qu’il semble avoir emprunté à quelque prédécesseur sa première partie, il ne laisse pas de fournir de la doctrine hétérodoxe un exposé fort cohérent et bien mené. Traduction allemande dans I. M. Schmid, Des Wartapet Eznik von Kolb wider die Sekten aus dem armenischen ùbersetzt, Vienne, 1900, t. IV, p. 172-205 ; les principaux passages dans Harnack, p. 372*-380*. — Ainsi la littérature hérésiologique de l’Orient, peut fournir, jusqu’au milieu du ve siècle, des renseignements précieux pour l’histoire du marcionisme et la reconstitution de ses livres canoniques. Par contre, en Occident, où le danger marcionite semble avoir disparu beaucoup plus tôt, les nombreux indices que l’on peut recueillir dans les œuvres du iv « et du ve siècle se montrent d’une parfaite insignifiance, et ne témoignent pas que les auteurs aient eu quelque connaissance vécue de la grande hérésie du iie siècle.

Les ouvrages de Marcion.

En toute logique il

faudrait commencer par eux ; on les met en second lieu parce que leur restitution (et combien approximative pour certains) n’est possible qu'à l’aide des ouvrages ci-dessus recensés. Ceux-ci nous apprennent, en effet, que Marcion avait rédigé, à l’usage de ses fidèles, d’une part un corps d'Écritures sacrées, jouant dans son Église le rôle que jouaient ailleurs les Écritures canoniques, d’autre part une composition d’un genre plus libre, à la fois exégétique et polémique, où il critiquait les doctrines de la grande Église. Nous étudierons successivementces deux ouvrages, 'Instrumentum marcionite et les Antithèses.

1. L’Instrumentum marcionite.

Au moment où paraît Marcion, l'Église catholique se trouve en possession de livres qu’elle considère comme sacrés, où elle cherche la réponse aux problèmes religieux qui se posent. Cet instrumentum doclrinse, comme dira bientôt Tertullien en son langage de juriste, comprend d’abord les Livres saints transmis par la Synagogue au christianisme. A ces livres de l’Ancien Testament, comme l’on commence à dire, se sont joints au cours du I er siècle des écrits qui relatent les origines de l'Économie nouvelle, des lettres apostoliques qui en décrivent les orincipaux traits. De bonne heure on s’est habitué à rendre à ces écrits la même vénération qu'à ceux de l’Ancienne Alliance. Si les contours de ce Nouveau Testament restent longtemps encore indécis, il n’en demeure pas moins que l'Église catholique prend vite conscience que Y instrumentum de sa doctrine est essentiellement bipartite.

Tout au rebours Marcion. Il tranche d’un seul coup le lien qui rattachait le christianisme à ses origines juives. Nul rapport entre l'Économie ancienne et l'Économie nouvelle ; elles n’ont ni même auteur, ni même but, ni même contenu. Le Nouveau Testament se suffit à lui-même, seuls les livres de la Nouvelle