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    1. MARC (SAINT)##


MARC (SAINT). LE SECOND ÉVANGILE ET LA CRITIQUE

1944

taire, écrivant sons la dictée « le saint Pierre : llabebat ergo (Paulus) Tilum interpretem, sicut et bealus Pelrus Marcum, eu jus Eoangclium Pclro narrante et Mo scribente composilum est.

2° Données traditionnelles sur la finale du second évangile. — En raison des doutes soulevés sur la canonicite et l’authenticité de la finale actuelle du second évangile, xvi, 9-20, il y a lieu de relever d’une façon spéciale les données traditionnelles qui ont rapport à ce passage.

On a signalé d’abord des rapprochements assez significatifs entre Marc, xvi, 19, 20 et l'Épître aux Hébreux, i, 3 ; ii, 3, 4. Cf. J.-P. van Kasteren, Rev. bibl. 1902, p. 210-255 ; dom Ghapinan, Revue bénédictine, 1905 p. 50-64. On trouve ensuite des allusions très probables à cette finale, ou même des citations explicites dans saint Justin, Apol., i, 2, 39, 46, P. G., t. vi, col. 329, 388, 397 ; saint Irénée, Cont. hxres., III, x, 6, P. G., t. vii, col. 879 ; peut-être dans saint HippoJyte et les Constituions apostoliques ; elle figurait dans le Diatessaron de Tatien ; elle est citée encore par Didyme, De Trin., ii, 13, P. G., t. xxxix, col. 688, S. Epiphane, Hærcs., lxii, 6, P. G., t. xli, col. 1057, S. Jean Ghrysostome, P. G., t. lii, col. 781, 782, 783, et en Occident par S. Ambroise, In Hexam., VI, vi, 38, P. L., t. xiv, col. 256 et ailleurs, par S. Augustin, P. L., t. xxxviii, col. 1104, 1112, 1127, et par tous les latins après eux. Par contre, on n’y trouve aucune allusion dans Origène, Clément d’Alexandrie, saint Athanase, saint Cyrille de Jérusalem, saint Basile, saint Grégoire de Nysse, ni dans Tertullien et saint Cyprien, ce qui est plus étonnant, étant donné que ces deux écrivains ont traité du baptême. Il faut mentionnera part le témoignage d’Eusèbe et celui de saint Jérôme qui s’y rattache. Dans ses Questions à Marinus, P. G., t. xxii, col. 937-940, Eusèbe se demande comment lever la contradiction apparente entre Matth., xxviii, 1, et Marc, xvi, 9 sur l’heure de la résurrection de Jésus. Une première réponse consiste à rejeter l’authenticité de ce passage de saint Marc, qui, d’après Eusèbe, ne se trouve pas dans tous les exemplaires, et ne figure pas dans les plus exacts. Une autre réponse, d’ordre exégétique, est proposée ensuite pour ceux qui n’osent rejeter l’autorité d’un texte qui appartient à la tradition écrite des évangiles. De ce texte il semble bien ressortir qu’Eusèbe, tout en ne se prononçant pas expressément contre l’authenticité de la finale de Marc, ne lui était pas favorable, et que, en tous cas, ce passage ne figurait pas dans les manuscrits que l'évêque de Césarée estimait les plus corrects. Le témoignage de Jérôme Epist., cxx, ad Hedibiam, 3, P. L., t. xxii, col. 987, 988, s’inspire du sentiment d’Eusèbe pour répondre à la même difficulté, mais, d’autre part, Jérôme a maintenu la finale de Marc dans sa revision de la Vulgate.

3° Décisions de la Commission biblique pontificale — C’est l’ensemble des données traditionnelles sur le second évangile que la Commission biblique pontificale a sanctionné dans un décret du 26 juin 1912, complétant une décision du 19 juin 1911.

D’après ces décisions, on doit affirmer que Marc, disciple et interprète de Pierre, est bien l’auteur de l'évangile qui porte son nom. En ce qui concerne les douze derniers versets de cet évangile, on n’a pas le droit d’affirmer qu’lis ne sont pas canoniques et inspirés, et on doit juger que les raisons alléguées contre leur authenticité ne démontrent même pas que Marc n’en est pas l’auteur. II faut maintenir l’ordre chronologique traditionnel des évangiles, Matthieu ayant écrit le premier dans sa langue nationale, Marc. le second, Luc le troisième. On ne peut pas différer jusqu'à la ruine de Jérusalem la composition des évan giles de Marc et de Luc. En ce qui c meerne les sources du second évangile, on ne peut mettre en doute que Marc ait écrit d’après la prédication de Pierre, quoiqu’il ait pu avoir d’autres sources orales ou même écrites. Enfin on ne peut douter de la pleine valeur historique des faits et des paroles que Marc rapporte accurate et quasi graphice, d’après la prédication de Pierre. Texte dans Cavallera, Thésaurus, n. 112.

II. LE SECOND ÊV AU OI LE ET LA C UI T IQŒ. — Dans la seconde moitié du xixe siècle, il s'était établipanni les critiques et exégètes non-catholiques une opinion spécialement favorable à l'évangile de saint Mare.

D’une part, la critique littéraire des synoptiques avait abouti à la théorie dite des deux sources, d’après laquelle notre second évangile serait le premier en date, et aurait servi de source, avec les Logia araméens de saint Matthieu, à notre premier et à notre troisième évangile. D’autre part cette antériorité de Marc apparaissait en harmonie avec les caractères distinctifs qu’on relevait dans le second évangile : une tendance moindre à l’idéalisation, des traits d’humanité fortement accentués dans la figure du Christ, la simplicité et le réalisme de la narration y faisaient reconnaître le témoin d’une tradition plus primitive, qui permettait de reconstituer avec une précision suffisante, estimait-on, pourvu qu’on éliminât certains éléments surnaturels tenus pour légendaires, la physionomie historique de Jésus. Telle était, avec des nuances, la position des maîtres de l'école libérale : Weizsâcker, Wernle, Bousset, B. et J. Weiss, Holtzmann, Jiilicher.

Deux questions de critique littéraire étaient controversées. Comme il se trouve dans le second évangile beaucoup de traits de détail et même plusieurs péricopes entières qui ne figurent pas dans le premier et le troisième, plusieurs critiques estimèrent que Matthieu et Luc avaient eu entre les mains un Marc primitif (Ur-Markus), dont notre second évangile serait une recension complétée et amplifiée. D’autre part, on se demandait si Marc avait connu les Logia et les avait utilisés. Sur ce dernier point l’accord ne s’est pas fait. Quant à la théorie du Proto-Marc, elle est complètement abandonnée, en tant qu’elle supposait un Marc original où ne devait rien figurer qui ne se retrouvât dans Luc et Matthieu ou au moins dans l’un de ces évangiles. C'était se faire, on l’a reconnu, une idée tout à fait inexacte du travail rédactionnel auquel se sont livrés les évangélistes que de supposer qu’ils devaient reproduire mécaniquement et sans en rien omettre les sources dont ils disposaient. Mais l’idée d'étapes successives de rédaction dans la formation du texte actuel du second évangile a été reprise sous des formes moins simples, en même temps que la croyance à la primitivité de Marc était battue en brèche par une conception toute nouvelle de l’esprit général de cet évangile.

La réaction à ce point de vue a été déclenchée par Wrede, Das Messiasgeheimnis in den Evangelien, Gœttingue, 1901, qui présentait le second évangile comme un écrit à tendance dogmatique presque aussi accusée que le quatrième évangile : Marc aurait forgé la thèse du secret messianique pour maintenir que Jésus était, dès sa vie terrestre, Messie et Fils de Dieu, bien que la tradition primitive sût qu’il n’avait été regardé comme tel qu’après la Bésurrection. Cette théorie particulière de Wrede n’a pas eu de succès, mais, depuis lors, beaucoup de critiques ont affirmé le caractère dogmatique du second évangile, supposant par exemple — c’est l’hypothèse la plus en faveur — que le rédacteur qui lui a donné sa forme actuelle en a modilié la physionomie pour y introduire la théologie de saint Paul. Dans ces conditions l'évangile de saint Marc, bien qu’on le tienne toujours pour