Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée

iaiu : SAINT). LE SECOND ÉVANGILE ET LA TRADITION

rendit, . » nus sa délivrant miraculeuse ; c’est ainsi d’ailleurs que l’a compris l’ancienne tradition ecclésiastique, qui Identifie unanimement le compagnon Int Paul, l’auxiliaire de saint Pierre et l’auteur du second évangile.

l’ancienne tradition l > texte le plus ancien et le plus précis est un fragment de Paplas, rapporté par Eusèbe, II. /'.II. wi. P. t ;.. t. xx, col. 300, dans lequel l'évéque de Hlérapolls rapporte une tradition du presbytre Jean. y est dll que Maie avait été llnterprète, îjt^c. de Pierre, el qu’il écrivit ce que le Seigneur avait dit ou fait, d’après ciqu’enseignait l’apôtre On a entendu parfois le tonne d’interprète on ce que Marc aurait été le secrétaire do saint Pierre, mais ce mot s’explique suffisamment, si l'évangile de saint Marc fut rédigé d’après la prédication de saint Pierre, l.a même tradition rapportée par Papias indique que Marc n’avait pas été disciple du Seigneur et ne l’avait pas entendu. Cette donnée, qu’on retrouve mont dans plusieurs écrivains postérieurs, en particulier saint Jérôme, s’opposerait, si elle est tenue pour valable, a l’hypothèse d’un certain nombre d’exégètes modernes qui pensent que le jeune homme, mentionne dans le second évangile seul, Marc, xiv, 51, 52, qui a Gethsemanl laissa entre les mains' des soldats le vêtement de nuit dont il était couvert et s’enfuit nu. était Marc lui-même, l’auteur de l'évaii Il n’y a pas lieu d’insister sur une donnée traditionnelle de peu d’autorité qui attribue à saint Marc une origine lévitique et lui applique l'éplthète de « homme au doigt coupe ». Beaucoup plus importante et plus ralement attestée, quoique par des documents relativement récents, est la tradition qui fait de saint Marc le fondateur de l'Église d’Alexandrie. Elle est rapportée par Eusèbe, II. B., II. xvi, P. G., t. xx, col. 173, adoptée avec des précisions chronologiques discutables par saint Jérôme et complétée par la mention du martyre de saint Marc dans le Chronicon Actes apocryphes de saint Marc. La conciliation de ces données de la tradition avec ce que nous apprend le Nouveau Testament des rapports int Marc avec saint Pierre et saint Paul n’est pas sans dlfflcu

3. Traditions anciennes sur la composition du second évangile. — Le témoignage ancien le plus précis qui attribue la composition du second évangile à saint Marc et le rattache à la prédication de saint Pierre, est le texte de Papias, cité par Eusèbe, dont il a été déjà question. Sur l’identité du presbytre Jean, dont Papias rapporte les dires, et de l’apôtre saint Jean, cf. art. Jean, t. viii, col. 517. « Jean le Presbytre disait : « Marc, interprète de Pierre, écrivit exactement

tout ce dont il se souvint, mais non dans l’ordre de ce

que le Seigneur avait dit ou fait. » On se demande si la suite du texte appartient encore aux dires du presbytre ou ne serait pas plutôt un commentaire de Papias lui-même : « Car Marc n’avait pas entendu le Seigneur, et n’avait pas été son disciple, mais bien plus tard, comme je l’ai dit, celui de Pierre. Celui-ci donnait son enseignement selon les besoins, sans se proposer de mettre en ordre les discours du Seigneur. De sorte que Marc ne fut pas en faute, ayant écrit certaines choses selon qu’il se les rappelait, car il s’appliquait uniquement a ne rien omettre de ce qu’il avait entendu, et a ne rien rapporter que de véritable. « Quelles que soient les diflicultés de détail que présente l’interprétation de ce texte, il en résulte que, dès la fin du i tr siècle, on attribuait à Marc, disciple de Pierre, un évangile qui reproduisait la catéchèse du chef des apôtres. La façon dont est caractérisé cet écrit n’oblige pas a le distinguer de

1942

notre second évangile actuel, comme l’ont p

tenants de l’hypothèse d’un ProtO Marc, car le défaut

d’ordre qui lui est attribué ne veut pas dire, sans doute,

que c'était un recueil d’anecdotes et de discours s ; ins aucune suite, mais plutôt que l’ordre chronologique n’y

était pas suivi rigoureusement : peut être Papias voulait-il établir un contraste a ce point de vue entre l'évangile de Marcel celui de Jean, dont l’ordonnance chronologique lui paraissait supérieure

Saint [renée, Contra hæres., III, i, l, /'. C, t. vii, col. Mo. dil que Marc disciple et Interprète de Pierre, transmit par écrit ce qui avall hé par Pierre.

il ajoute que Marc écrivit après le dépari de Pierre et de Paul ». iiETà Se tt, v toùtmv s ; oS>v : cette indication est Importante pour la fixation de la date de composition de l'évangile, mais elle est interp différemment. Le sens naturel de ËÇoSoç est celui de mort : dans ce cas, s’il faut se lier au témoignage d’Irélue. Marc n’aurait rédigé son évangile qu’après la mort de Pierre et de Paul. Mais il y a une difficulté provenant de l’antériorité certaine du second évangile par rapport au troisième : si l’on admet que saint Luc a écrit ses deux ouvrages du vivant de saint Paul. il faut interpréter I'ë ; o80ç de saint [renée dans un autre sens que celui de mort, ou bien supposer qu’Irélue s’est trompé sur ce point. Cf. article Luc, t. îx, col. 974.

Il n’y a pas lieu d’insister sur le Canon de Muratori, dont la notice, en ce qui concerne le deuxième évangile, est trop mutilée pour qu’on en puisse tirer des indications précises. Mais Terlullien fixe de la même façon que saint Irénée les rapports entre l'évangile de Marc et saint Pierre : lied et Marais quod edidit Pétri afjirmatur, cujtis interpres Marais. Adv. Marcionem, iv, 5, P. L., t. ii, col. 367. La tradition de l'Église d’Alexandrie sur le second évangile nous est connue par Origine qui dit simplement que le second évangile est celui de Marc, « composé selon que Pierre lui avait enseigné », Eusèbe, II. / ;., VI, xxv, P. G., t. xx, col. 581, et par Clément d’Alexandrie dont ! e témoignage nous est parvenu sous trois formes différentes, dans deux textes conservés par Eusèbe, II. L'., II, xv, et VI, xiv, col. 172 et 552, et dans un texte que nous ne possédons plus qu’en latin, Adumbratio in <, Pétri primam catholicam, édit. Stàhlin, t. iii, p. 206. Ces trois textes sont d’accord pour affirmer que Marc, disciple de Pierre, écrivit l'évangile qui porte son nom du vivant de cet apôtre, à la sollicitation des auditeurs de Pierre, désireux de posséder par écrit l’enseignement qui leur avait été donné de vive voixi Dans un des textes cités par Eusèbe, il est dit que Pierre ne voulut intervenir ni pour empêcher Marc, ni pour le pousser, tandis que dans l’autre texte il est dit que Pierre, ayant appris par révélation ce qu’avait fait Marc, fut satisfait du zèle de son disciple et continua l'évangile de son autorité : ces derniers détails semblent bien être une amplification légendaire de la tradition primitive, avec laquelle concorde en ses traits essentiels le témoignage de Clément.

Saint Jérôme, dans le Commentaire sur saint Matthieu, Præmium, P. L., t. xxvi, col. 78, résume très exactement les données traditionnelles sur l'évangile de saint Marc : Secundus Marais interpres apostoli Pétri et Alexandrinæ Ecclesiw primus episcoput. qui Dominum quidem Salvatorem ipse non vidit, sed eu quæ magistrum audieral prædicantem, juxla [idem magis geslorum narruvit quam ordinem. Il avait écrit déj, dans le De l’iris illustr., .s, /'. /… t. xxiii, col.621 : Marais discipiilus et intrrpn-s Pétri juxtu quod Petrum referentem audierat, rogalus Romæ n fratribus brève scripsit Evangelium ; dans l'épître à lledibia. Epist., cxx, 11, /'. /-., t. xxii, col. 1002, il semble réduire le rôle de saint Marc à celui d’un simple secré-