Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/265

Cette page n’a pas encore été corrigée

1 '.> :::

M A H AN — MARANDÉ

1936

pro Clirisliitnis, s. Theophili antiocheni très ad AutoIgeum libri, Ilcrmiæ irrisio gentilium philosophorum (gr. et hit.) cummss. codicibas collata… opéra et studio unius ex monachis Congr. S. Mauri, in-fol., Paris, 1712. La préface de (loin Maran donne en trois parlies : 1. une notice exacte des précédentes éditions grecques et latines des ouvrages de Justin, Tatien, Athénagore, Théophile d’Antioche, Hermias ; 2. tout ce qui concerne la doctrine de ces apologistes de la religion chrétienne ; 3. la vie et les ouvrages de ces mêmes apologistes.

6° Divinitas I). N. Je.su Christi manifesta in Scripturis et Traditione : opus in quatuor partes distribulum. opéra et studio unius ex monachis congr. S. Mauri, in-fol., Paris, 1746 ; ouvrage dont il parut une adaptation française : La divinité de N.-S. Jésus-Christ prounée contre les hérétiques et les déistes par les Écritures… l’unanimité de la primitive Église, la manière dont on a combattu les incrédules pendant les trois premiers siècles, par les principes de la morale chrétienne… par un bénédictin de la Congr. de Saint-Maur, 3 in-12, Paris, 1751. Ces deux ouvrages de l’Apologétique au XVIIIe siècle sont à peu près identiques, les deux premiers volumes de l'édition française sont la traduction du traité en latin : le troisième volume (nouveau) considère ce que Jésus-Christ a fait pour nous, ce qu’il fait en nous, ce que nous sommes obligés de faire pour lui. Dom Maran se propose de prouver la divinité de Jésus-Christ à ceux qui reconnaissent l’autorité des Livres saints, de réfuter les sociniens qui en niant cette divinité se sont unis aux incrédules pour combattre la religion chrétienne. D’après le Journal des Savants de l'époque (a. 17461747), l’ouvrage dénote une vaste érudition, présente une doctrine pure, enseignée avec force et justesse de raisonnement, dans un style clair, élégant, correct. Il a, d’ailleurs, été loué par Benoît XIV.

7° C’est le même caractère que présente La doctrine de l'Écriture et des Pères sur les guérisons miraculeuses, par un religieux bénédictin de la Congr. de Saint-Maur, in-12, Paris, 1754. Dom Maran y fait un simple exposé, sans recherches philosophiques, en vue de confondre les calvinistes, les luthériens, les déistes et spécialement l’abbé de Prades ; l’ouvrage reçut aussi l’approbation de Benoît XPV auquel il fut présenté. Dom Maran avait composé un ouvrage en latin sur les miracles le manuscrit envoyé en Hollande pour y être imprimé fut égaré et ne put être retrouvé.

8° Les grandeurs de Jésus-Christ et la défense de sa Divinité, contre les PP. Hardouin et Berruycr, S. J., in-12, Paris, 1756 ; œuvre d’une théologie sublime et lumineuse dans l’exposé de la I re partie. La seconde partie réfute les PP. qui ont éludé les passages de l’Ancien Testament cités par Jésus-Christ et les apôtres, ont expliqué ensuite les textes du Nouveau Testament sur les mystères de la Trinité et de l’Incarnation selon les principes et la méthode des sociniens. L’ouvrage fut traduit en italien et parut à Rome en 1757.

Dom Maran fut amené à se prononcer sur l’Indissolubilité du mariage dans les circonstances suivantes. Un juif de naissance ayant épousé à Haguenau une fille juive, se convertit et fut baptisé le 10 août 1752. Par deux fois, il fit sommer son épouse de le rejoindre sous cette condition qu’elle se ferait chrétienne. Celle-ci refusa et demanda des lettres de séparation. A une troisième sommation dans laquelle on ne lui demandait plus l’abjuration du judaïsme, elle opposa le même refus. Le juif converti obtint de l’officialité de Strasbourg une sentence qui le déclarait libre de pouvoir se marier devant l'Église avec une chrétienne. Le curé de Villeneuve, au diocèse de Soissons, refusa de marier ce juif avec une jeune fille de sa paroisse, alléguant l’existence du premier mariage. L’officialité de

Soissons donna raison au curé, mais le juif en appela comme d’abus devant le Parlement. Consulté par l'évêque de Soissons, appelé à comparaître comme ayant pris fait et cause pour son odicial, dom Maran rédigea un Mémoire dans lequel il prouvait qu’un nouveau mariage du juif, dans ces conditions était illicite. La cause fut plaidée au Parlement : pour donner raison au juif, on se fondait sur le passage de saint Paul, ICor., vii, 12-15, et en même temps sur une Décrétale que Graticn a mise sous le nom de saint Grégoire le Grand, dans laquelle on autorise le converti à contracter un nouveau mariage, si la femme épousée avant la conversion se sépare de lui. Dom Maran soutint que l’indissolubilité du premier mariage ne pouvait pas être détruite par le passage allégué, nonobstant ce qu’ont écrit dans ce sens saint Thomas et à sa suite une foule de scolastiques et de canonistes : car l’apôtre ne dit ;, is que le fidèle délaissé de son épouse première puisse épouser une autre personne ; s’il le fait il commet un adultère. Sur ces données, l’arrêt du Parlement, rendu en 1758, confirma la sentence de l’officialité de Soissons.

La mort empêcha dom Maran de donner l'édition de Saint Grégoire de Nazianze, œuvre que dom Louvard avait dû laisser inachevée : il avait cependant traduit en latin le grand poème du saint, composé de deux mille vers, puis recueilli de bonnes variantes tirées de manuscrits importants.

Dom Tassin, Histoire lillérarre de la Congrégation de Saint-Maur, in-4o, Bruxelles, Paris, 1770, p. 741 et 743 ; F. Le Cerf, Bibliothèque historique et critique des auteurs de la Congrégation de Saint-Maur, in-12, La Haye, 172(5, p. 293-298 ; Ch. de Lama, Bibliothèque des écrivains de la congrégation de Saint-Maur, in-8o, Munich-Paris, 1882, n. 543-550 ; Hœfer, L’i nouvelle biographie générale, Paris, t. xxxiii, col. 351 ; B. Hauréau, // is/oire littéraire du Maine, t. ii, p. 57.

J. Baudot. MARANDÉ (Léonard de) ecclésiastique français (xviie siècle). — Il appartient à une famille originaire du Berry et naquit dans les premières années du xviie siècle. D’abord commis au greffe de la Cour des aides, il entra dans l'état ecclésiastique et devint plus tard conseiller et aumônier de Louis XIII et de Louis XIV. Il attaqua le livre De la fréquente communion ; c’est pourquoi les jansénistes le jugent toujours avec une sévérité excessive.

Presque tous les ouvrages de Léonard de Marandé se rapportent à la controverse religieuse, et il a pris nettement position contre le jansénisme. Ces écrits nombreux, sont ordinairement diffus, mais ils présentent encore un véritable intérêt. Il faut citer : d’abord Le théologien français, 3 vol. in-4o, Paris, 1641, « dans lequel, selon l’ordre de l'École, il est traité des principes et propriétés de la théologie, des attributs, de la vision, science et prédestination et volonté de Dieu, de la Trinité, des Anges et des lois. Tel est le titre du premier volume, dédié à Jésus-Christ ; le second, dédié à la très sainte Vierge, étudie l’incarnation, la grâce, le péché et les vertus théologales ; enfin, le troisième volume étudie les sacrements en général et en particulier. Dans cet ouvrage de théologie, chaque livre est divisé en « traités » et chaque traité est subdivisé en « discours ». — -Les Morales chrétiennes du théologien français, 4 vol. in-fol., Paris, 1643, sont divisées en sept parties et suivent à peu près le plan de saint Thomas ; au début du t. ii, il est fait un très grand éloge de saint Thomas et de ses écrits. — Le Jugement des actions humaines, revu, corrigé et de nouveau augmenté des discours du mouvement de la terre et de l’astrologie judiciaire, in-4o, Paris, 1635, est beaucoup plus personnel ; dans cet écrit, dédié au cardinal duc de Richelieu, on trouve des études assez curieuses sur la vanité, les sens, l’opinion, les passions, la félicité