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M INICHÉISMl. VIE DE M AN !

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amené I quitter ces derniers pour élaborer on système nouveau « j ni donnail I leur enseignement nue forme plus large et plus systématique. P. Alfaric, o/>. /L. t. i. p

Couune nous l’avons « lit. d’après h récil d’An Vuiim. Mani devait avoir vingt-quatre ans lorsqu’il abandonna lesmougl tasilaa ei commença a prêcher s.i doctrine. La date rappelée par l’historien arabe, le jour de l’avènement < i du couronnement de Sapor Ma d’Ardaachlr, 'J< » mars 242, peut être traditionnelle et avoir un fondement historique. Mais on ne saurait être très efflrmatli sur ce point.

La vie Intérieure du prophète, pendant ses prédsca lions, nous est tout a fait Inaccessible. An-Nadim se borna a dire que, pendant quarante anmes environ, Mani parcou r ut divers pays. Mais il ne raconte rien « lui se rapporte i ces missions, il se contenud’ajouter, ea un autre endroit de son récit que le nouvel apôtre apporta s., foi dans l’Inde, la Chine et le Khomaan. blugel. Mani, j

1 a seule chose qui semble assurée, c’est que Mani ne put rester en l’erse, et qu’il fut obligé île s’exiler. ou plus exactement qu’il fut exile par Sapor. Yaqoubi et Màsoudi racontent que le grand roi se serait d’abord rallie a la doctrine manichéenne, et même qu’il l’aurait professée pendant dix ans ; puis qu’il l’aurait abandonnée pour revenir à celle des mages. Kessier, Mani. p. : r.io et 37'.' : Flûge), Muni. p. 145. Cela est peu vraisemblable. Pour autant que nous connaissions Sapor. il nous apparaît comme un .dateur des traditions nationales, comme un défenseur acharne « le la religion de Loroastre, et on a quelque peine a croire qu’il ait déserté cette religion pendant un certain nombre d’années. Il est, au contraire. probable qu’il a fait partir Mani dès le début de sa prédication. En vain le prophète lui adressa t-il un de ses ouvrages, le Shâpurttfcân, écrit en persan, et destine a exposer au monarque les principes de la nouvelle doctrine. Sapor ne voulut rien entendre.

L' a c tiv ité de Mani. durant ces années fécondes et laborieuses de prédication, dut être énorme. Le prophète prêchait. Il écrivait, non seulement de grands ouvrages didactiques, mais des lettres qui le maintenaient en contact avec les disciples qu’il avait faits .au cours de ses voyages. Il y a eu des lettres à l’Inde. .i Kashkar. ville persane de la région du Tigre inférieur : a Ahvaz. province située a l’est du Tigre inférieur, et dans laquelle, suivant une légende rapportée par liar-Hcbraus. Histor. dynast.. édit. Pococke, p. 82, .Mani avait d’abord vécu comme prêtre chrétien, a phon, a Édesse, a Babylone. Dans tous ces pays, Mani avait recruté des prosélytes. Ses lettres étaient défini ei a affermir la foi de ces néophytes, et à résoudre quelques-unes des difficultés qu’ils avaient rencontrées dans la pratique de leur religion.

Les écrits de Mani étaient ornes de dessins et de miniatures, suivant une tradition chère aux gnostiques. i.iUe connaissait l’existence d’un diagramme de rire chez les ophites, et lis écrits gnosliques en langue copte sont eux-mêmes remplis de figures destinées a représenter les demeures (les éons et toutes

es d’autres mystères, saint Éphrem rapporte que

Mani -avait entuminé ses livres et y avait figure les vertus lumineuses et les puissances des ténèbres sous les traits les plus propres a faire aimer les unes et a faire détester les autres, afin, expliquait-il, de compléter ainsi l’enseignement écrit pour les gens instruits et de le suppléer pour les autres >. S. Bphnùnfi prose réfutations of Mani, Marcio ami Hardaisan, édit. C. W. Mit che.II, Londres, 1. 1. KM 2, p. xun Mirehond raconte également que Mani était un peintre d’un tel talent qu’avec son doigt il pouvait décrire un cercle de cinq aunes de diamètre, dans le pourtour duquel, si on l’examinai !

de prés, on n’arrivatl pas a découvrir la moindre

ilile Kessier, Mani. p 380, NOUS connaissons l’allure générale et le ton de la prédication de Mani par quelques fragments di

lents Voici puexemple, d’après Blrûnl, le débnl du Shâpurakdn : « La Sagesse et les bennes « euvres ont été apportées avec une suite parfaite et d’une époque à une autre par les prophètes de Mieu. billes vinrent en un temps par le prophète nomme lïuddha dans la région de l’Inde : en un autre par Zoroaslre dans la contrée de la l’erse, en un autre par.lesus dans l’Occident. Après quoi, la présente re dation est arrivée, et la présente prophétie s’est réalisée par moi. Mani, le messager du vrai Dieu dans la Iiabvlonie. Chronologie trad. Sæhau, p. 200.

L'Épttrt du fondement ne débutait pas d’une manière moins solennelle et moins prometteuse : i Mani, apôtre de Jésus-Christ, par la Providence de Dieu le Père. Voici des paroles salutaires qui coulent de la source éternelle et vivante. Quiconque les écoulera et J croira d’abord, puis en gardera les leçons ne sera jamais sujet à la mort, mais jouira d’une vie éternelle et glorieuse. 1 iienheureux doit être estimé celui qui aura été instruit dans cette science divine. Par elle il sera délivré et établi dans la vie éternelle. > Dans S. Augustin, Contra Epist. /niularn.. (i, /'. L., t. xiu. col. 176.

Os deux exemples peuvent suffire à caractériser la manière du prophète. Certaines formules font penser a saint Paul ; mais l’emphase, la grandiloquence sont tout à fait significatives. D’autre part, la théorie de la révélation, dont.Mani est le dernier représentant, donne la véritable explication de ce syncrétisme, qui emprunte des éléments à l’iranisme et même, dans une bien moindre mesure, au bouddhisme, mais qui n’en est pas moins une religion chrétienne par la place faite à.Jésus, à son enseignement, à ses Livres saints.

Le Acte » d’Arehélaûs racontent que Mani envoya deux de ses disciples pour prêcher sa doctrine : Thomas en Kgypte et Addas en Scythie, mais que le troisième, Hermas, préféra rester avec lui. A leur retour, continuent les Actes, les messagers racontèrent au maître ce qui leur était arrivé. I)ans toutes les villes où ils étaient passés, ils s'étaient vus exécrés de toul le monde, mais surtout des adorateurs du Christ. Manès leur demanda de lui procurer les livres des chrétiens. Munis d’une certaine quantité d’or, ils se rendirent dans les endroits où l’on copiait ces livres. Puis, se présentant connue des catéchumènes, ils demandèrent qu’on voulût bien les leur vendre. Alors ce fourbe étudia nos livres pour les mettre au service de son erreur. Il en critiqua certains détails, en modifia certains autres et leur emprunta seulement le nom du Christ, auquel il affecta de tenir, afin de faire cesser l’horreur et l’aversion qu’inspiraient en tout lieu ses disciples. » Acta Archel. 65, p. 94.

Ce récit est sans doute légendaire, comme ceux que nous avons déjà rencontrés dans les Actes d’Arche laûs, et la mission des disciples de Mani semble calquée sur celle des apôtres dans l'Évangile. Il n’esl cependant pas impossible que Mani ait envoyé, de son vivant, des prédicateurs chargés de répandre son enseignement. Le prophète se donnait comme le (1er nier des révélateurs ; il présentait sa religion, comme la manifestation suprême de Dieu. Il avait été d’abord envoyé aux Perses, il ('tait, destiné a prêcher ou a faire prêcher parmi toutes les nations. L’unlversalisme rcli gieux était courant au iiie siècle, et Mani en a sans peine accepté l’idée.

A s’en tenir aux chiffres d’An-Nadim, la prédicat ion de Mani se serait poursuivie pendant une quarantaine d’années. La mort de Sapor en 272 et celle de son ht