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MANGENOT

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Mousson, où il entra dans la classe de sixième en octobre 1869. Il tint continuellement une place fort honorable dans les classements de fin d’année, et se fil aussi remarquer par son excellent esprit. En 1875 il entrait en philosophie au grand séminaire de Nancy. Celui-ci ne présentait pas à ce moment la brillante équipe de professeurs qui fera sa renommée quelque vingt-cinq ans plus tard. Seul, à cette date, l’abbé Léopold Chevallier, voir ci-dessus, t. ii, col. 2362, y donnait quelque éclat à son enseignement. En 1877 l’arrivée d’A. Vacant allait communiquer à la vie intellectuelle de la maison une impulsion qui ne s’arrêterait plus de longtemps. Ce fut A. Vacant qui remarquâtes solides qualités d’E. Mangenot, la sûreté de son jugement, sa ténacité au travail, l’attention méticuleuse apportée au détail de toutes les questions traitées par lui. Seule la santé du jeune séminariste laissait à désirer ; pour le reposer, en cours d'études, on lui fit exercer les modestes fonctions de surveillant au collège ecclésiastique de Lunéville durant une partie de l’année scolaire 18781879 ; il passa dans sa famille le reste du temps. Ce repos relatif permit à E. Mangenot d’achever brillamment ses études ; il était ordonné prêtre le 17 juillet 1881, et, sur la proposition d’A. Vacant, désigné pour aller préparer à l'École supérieure de théologie, qui venait de s’ouvrir à l’Institut catholique de Paris, les grades théologiques. Il y eut pour maîtres le P. Jovene, S. J., qui l’initia à la haute métaphysique, Paulin Martin le célèbre syriacisant, trop tôt ravi à l'Église de France, qui lui donna le goût des recherches patientes dans le domaine scripturaire, Louis Duchesne qui lui inculqua l’absolu respect pour la vérité historique, le souci de l’exactitude et des méthodes rigoureuses. De ces trois maîtres, c’est P. Martin qui sans doute a le plus influé sur lui.

Bachelier en théologie en 1882, licencié en juillet 1883, E. Mangenot, était nommé professeur au grand séminaire de Nancy ; il y entrait à l’automne de cette même année 1883 ; on lui confia l’enseignement de l'Écriture sainte "et une partie du cours de philosophie, dont il fut d’ailleurs déchargé en 1888. Il est vrai que, l’année suivante, il assumait à la place les fonctions d’ailleurs toutes pratiques de professeur d'éloquence. En fait c'était l’exégese surtout qui devait le retenir. E. Mangenot arrivait à Nancy au bon moment. L’ardeur communicative d’A. Vacant faisait revivre la maison, un peu endormie jusque-là. A. Vacant lui-même venait, de passer fort brillamment le doctorat en théologie à la nouvelle Faculté de Lille, 1879, et voulant s’imposer la discipline de l’Université, la licence de lettres en Sorbonne, 1884 ; il suggérait à L. Chevallier l’idée de conquérir à Lille les grades théologiques ; il donnait aux conférences ecclésiastiques du diocèse, dont il était bientôt nommé rapporteur général, une très vive impulsion. Bref il encourageait de toutes manières le goût du travail intellectuel dans le domaine des sciences ecclésiastiques.

E. Mangenot fut conquis lui aussi : entre lui et son ancien maître, devenu son collègue, se forma une étroite amitié qui se renforça d’une collaboration intellectuelle toujours entretenue. Pour ses débuts E. Mangenot ne pouvait encore songer à publier ; le plus pressant était d’organiser au séminaire l’enseignement de l'Écriture sainte, qui se traînait quelque peu. Dès l’abord le jeune professeur mit sur pied le programme qu’il devait suivre durant son enseignement. En même temps qu’il instituait pour les élèves de première année le cours d’introduction générale, il s’arrangeait pour que, dans les quatre années suivantes, les étudiants prissent une connaissance sommaire de l’ensemble de la Rible. Le Manuel biblique de Vigouroux,

récemment introduit, permettait de faire rapidement ce premier travail. Mais l’essentiel, aux yeux du nouveau professeur, était d’initier les élèves à l’exégèse proprement dite ; aussi consacrait-il la majeure partie du temps des leçons à un cours très personnel où il passait en revue les principales questions exégétiques de l’Ancien et du Nouveau Testament. Ne pouvant en quatre années parcourir les deux Testaments, il s’arrêtait aux livres les plus importants : la Genèse, les Psaumes, Isaïe, les Évangiles et quelques épîtres de saint Paul. Ce fut une révélation pour ses auditeurs ; tous ceux qui ont connu

E. Mangenot à Nancy rendent hommage au soin méticuleux avec lequel il préparait ses cours, à l’abondance, parfois un peu touffue, des détails dont il les remplissait, à la bonne humeur avec laquelle il savait, dans les questions les plus délicates, réveiller l’attention de ses auditeurs.

Bientôt ce labeur professoral ne lui suffit plus, et voici que commence pour lui l'ère de la production. L’amitié d’A. Vacant l’introduit à diverses revues lilloises, telle la Revue des sciences ecclésiastiques, à laquelle il restera fidèle jusqu’au moment de sa disparition, et même au delà, puisqu’il écrira encore aux Questions ecclésiastiques qui succèdent à la Revue en 1909. Ses premiers articles, parus en juin, juillet, août 1888, et relatifs aux Travaux des bénédictins sur les anciennes versions latines de la Bible, attirent sur E. Mangenot l’attention des spécialistes. Quand, en 1891,

F. Vigouroux lance son Dictionnaire de la Bible, le professeur de Nancy, figure sur la première liste des collaborateurs et s’y fait très vite une place importante ; tout naturellement aussi A. Vacant l’associe à la mise en train du Dictionnaire de théologie catholique, et c’est E. Mangenot, qui signe le premier article, Aaron, du premier fascicule paru en mai 1899. Au même moment la Revue du clergé français, qui débute fort brillamment, demande la collaboration du professeur de Nancy ; mais il ne commencera à y écrire qu en 1902 : Une recension de la Vulgate en Italie aux ve et ie siècles.

Au fait de lourdes obligations étaient venues, entre temps, s’imposer à E. Mangenot. Trop peu ménager de ses forces, A. Vacant, à l'été de 1898, tombait malade d’une affection dont il ne guérirait jamais complètement. Le professeur d’exégèse dut suppléer dans la chaire de théologie dogmatique son collègue défaillant, durant le semestre d'été, en attendant la venue du successeur définitif d’A. Vacant. Trois ans plus tard, en avril 1901, ce n'était plus seulement d’une suppléance qu’il s’agissait. Succombant dans toute la force de l'âge (il n’avait pas cinquante ans) à un labeur acharné, A. Vacant laissait à pied d’oeuvre la gigantesque entreprise qu’il venait de commencer. E. Mangenot recueillait ainsi la lourde tâche de diriger le Dictionnaire de théologie catholique, et le fasc. 6 paraissait sous sa signature en juin 1901. Désormais il consacrera à cette grande œuvre le majeure partie de son temps, et une somme de labeur dont il est presque impossible de se rendre compte.

De modestes honneurs ecclésiastiques étaient venus récompenser ses premiers travaux. Le 18 mars 1895, il était nommé chanoine honoraire de la cathédrale de Nancy. Le 26 janvier 1903, le pape Léon XIII le nommait consulteur de la Commission biblique récemment instituée. Au même moment F. Vigouroux, pour 'ors professeur d’exégèse à l’Institut catholique de Paris, était appelé à Rome pour y remplir les fonctions de secrétaire de ladite commission. Aussi, dans la première quinzaine de mars 1903, le cardinal Richard, chancelier de l’Institut catholique, demandait-il E. Mangenot pour remplacer à Paris F. Vigouroux. C’est ainsi qu’en novembre 1903, l’ancien professeur de Nancy commençait à la Faculté de théologie son