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sensible, notre philosophe est Influencé par l.i considé ration dos conséquences du péché originel, Bn résumé, la théorie dis sens de MaJebrancbe se ramène à deux points : l. lesens ne nous trompent pu dans la sphère de leur compétence ; '-'. c*esl nous qui nous trompons en croyanl sans réflexion que notre sema tion est représentative du réel.

"_'. La seconde (acuité qui permel a l’Ame de regarde] hors d’elle même est 'ima§tnation. Ce terme prend, Malebranehe, une signification très étendue. Sans doute, il est la traduction de la pocvrocota d’Ans Mais ji embrasse un objet plus vaste qoe chez Aristote et chei les scolastiques. [ci, le râle de l’ima itiou apparaît comme coextensif tKla fonction des nos des sens. Seulement, les organes dos sens n’entrent en activité qu’a l’occasion de la présence des <>i>jets. Au contraire, l’Imagination Intervient en lence des objets pour prolonger, reproduire ou susciter des perceptions de même nature quoique de moindre intensité, il est impossible de comprendre cette théorie de l’imagination sans se faire une idée île la physiologie du système nereu qui en est le principe inspirateur et que Malebranehe a empruntée

a Deocartes.

Selon Deocartes, les nerfs s.mt semblables à de petits tuyaux répandus dans tous les membres comme les veines et les artères, (.es tuyaux ont une gaine qui renferme des filets très tenus, t’es filets vont du cerveau jusqu’aux extrémités des membres. 1K forment ainsi comme des chemins qui sont parcourus par les esprits animaux. Ceux-ci. comparables a un air ou à un vent

subtil, ne du rang et échauffé par le COBUT, rendent le cerveau propre a recevoir les impressions des objets extérieurs et aussi celles île l'âme. D’où un mouvement de va-et-vient des extrémités au cerveau et du cerveau aux extrémités. Dans le premier trajet, les esprits animaux sont porteurs des Impressions sensibles : dans le second, ils coulent dans les muscles pour donner du mouvement aux membres. Laissons de côté le terme suranné d’esprits animaux, cependant bien choisi, car il traduit le rrjz r yxx des ^recs et le spiritus des latins, qui veut dire souffle et qui Indique ce qu’A y a de plus subtil et de plus Immatériel dans la matière même. Oublions lis mots pour ne retenir que les ehosi s. A cette dénomination près, les physiologistes contemporains professent la même doctrine que Descartes el Malebranehe. Ils admettent, comme eux, qu’il existe une force ou un influx nerveux ; que les nerfs ne sont que des lilets conducteurs conduisant aux centres où s’accomplissent les opérations principales, et en lin qu’un double courant transmet les sensations de la périphérie au centre et les excitations motrices du centre a la périphérie. Gardons-nous donc bien de ion sidérer comme périmée la physiologie nerveuse que Malebranehe a empruntée a Descartes.

Malheureusement cette physiologie est liée à" une

eption de l'âme qui. sous prétexte d’en exalter la nature, en amoindrit singulièrement le rôle. Le double courant qui traverse en deux sens contraires le réseau nerveux est déterminé par un mécanisme qui joue sans aucune intervention directe de 1 âm< Le corps est placé d’un côté avec l'étendue ; l'âme est mise ( |, l’autre avec la pensée. C’est un dualisme radical. A parler rigoureusement, le terme même d'âme est ici impropre, (/est esprit qu’il faudrait dire. Car la T^r et i’anima des scolastiques sont essentiellement un principe de vie. Rien de tel chez Descartes et Malebranehe. Pour eux, l'âme est simplement le de la pensée : elle n’a aucunement pour fonction

de donner la vie au corps et de le mouvoir. Inversement, le corps n’est qu’une machine merveilleusement accordée a l'âme, mais nullement informée par elle. Citons Malebranehe : Toute l’alliance de l’esprit et

du corps qui nous est connue consiste dans une corres pond. nue naturelle et mutuelle des pensées de l'âme avec les traces du cerveau, el des émotions de l'âme avec les mouvements des esprits animaux. Et cette correspondance réciproque a lieu en conséquence de quelques lois naturelles que I >ieii a établies et qu’il SUil

constamment ; c’est ce qui fait l’union de l'âme et du

corps. Ainsi, pas de passage de l'âme au corps ; pas de passage du corps a l’Ame. C’est le plus pur parallélisme qu’on puisse imaginer.

On vient île voir que Malebranehe parle des traces

du cerveau. Sa théorie des traces a une très grande

importance. I es traces sont déterminées par le passage des esprits animaux. Elles sont d’autant plus profondes que ce passage est plus fréquent pour une même impression. Chaque lois que les objets produisent île nouvelles traces, l'âme revoit de nouvelles idées correspondantes. C’est Dieu qui produit ces idées en nous à l’occasion de ce qui se passe dans notre corps. Il y a donc un rapport mutuel entre les idées de l’es prit et les traces du cerveau. Il y a aussi, dans le ici veau même, un rapport mutuel entre les traces. L'étude « pie lait Malebranehe de cette double liaison est extrêmement suggestive. Il devance L’explication physiologique de l’association des idées qui a prévalu dans certaines doctrines contemporaines, Kl, en même temps, il échappe à l’empirisme des associationnistes a raison des causes qu’il assigne aux liaisons. Chez lui, ce n’est pas de la seule expérience « pie les liaisons tirent leur origine et leur force.

Nous voyons donc clairement apparaître ce qu’est l’Imagination pour notre philosophe. Elle est constituée par les idées que Dieu produit en nous à l’occasion des traces du cerveau. Dans son acception stricte, elle est la faculté, en l’absence des objets, de reproduire les traces et par conséquent de ressusciter les idées qui y correspondent.

De ce qui précède sur les premiers moyens dont nous disposons pour nous mettre en rapport avec les choses, nous tirerons une conclusion qui sera com mune aux sens et a l’imagination. Ni les sens, ni l’imagination ne fournissent réellement d’objets à la coi : naissance proprement dite. Les sensations ou les images qui s’y élaborent sont des modifications de notre âme et non des propriétés du réel. Par les sens et par l’imagination, nous ne faisons que sentir : nous ne connaissons pas.

.'i. Quelle sera donc la faculté qui nous mettra en face de véritables objets de connaissance'.' Ce sera L’entendement, ou, pour mieux dire, {'entendement pur : car, à certains égards, les sens et l’imagination font déjà partie de l’entendement. L’entendement est une faculté entièrement passive ; mais c’est une faculté qui peut recevoir des idées. Dr, seules, les idées nous tout sortir de nous-mêmes et nous présentent des choses distinctes de nous, lai ce moment, il n’est pas question de savoir si, a ces idées, correspondent ellec tivement et matériellement des corps. Il est uniquement question de savoir comment nous arrivons à des représentations objectives, fussent-elles purement idéales. Pour Malebranehe, le problème capital à résoudre peut se formuler ainsi : du moment que nous ne percevons Immédiatement que nos modalités internes ou nos états de conscience, comment se fait-il que nous puissions connaître autre chose que nous : d’où vient que notre connaissance ne nous al lâche pas Invariablement a nous-mêmes et a nous seuls ? Efa bien ! aux veux de notre auteur ce problème est résolu par la doctrine des idées. L’existence et la présence en nous des idées est un fait incontestable. La perception des choses corporelles comporte toujours deux éléments distincts : a la modification de l’a me ou sentiment se joint régulièrement une représentation objective. Cette représentation objective est précisément l’idée. La perception d’une colonne de marbre