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Comme fruit de son enseignement, il a laissé de longs commentaires sur les deux premières parties de la Somme théologique de saint ThomasLui-même en a entrepris la publication pendant son épiscopat, non

sans les avoir enrichis et parfois remaniés. I Fn premier volume in-folio, intitulé De virtutibus theologicis et justitia et religione, commentaria ad 1 l" u -l I « D. Thomæ, parut à Anvers, chez Plantin, en 1616. il s’arrête à la question < : i de la [I » -II*. Le t.n, qui a pour objet la I'-II, parut en 1623 sous le titre //) /nn-J/ee commentaria de fine et beatitudine hominis, de actibus liumanis, de virtutibus, vitiis et peccatis, de legibus, de gratia, de justificationc et merîtis. Le t. iii, Commentaria de S. Trinitate, creatione in génère, et de angelis, ad D m partem Divi Thomw se rapporte à la I a. Il fut publié seulement en 1634, après la mort de l’auteur. Indépendamment même des idées qui y sont exprimées, cet ouvrage ne manque pas d’intérêt pour l’histoire de l’enseignement théologique. Malderus semble avoir hésité sur la manière de comprendre sa tâche de commentateur et sur les libertés à prendre à l'égard du texte de saint Thomas. Dans le t. i, à propos des vertus théologales, il imite manifestement Bellarmin, qui a commenté saint Thomas au collège des jésuites de Louvain de 1570 à 1576. Cf. l’art. Bellarmin, t. ii, col. 586, 587. Il suit exactement l’ordre des questions et des articles de la Somme, en les entrecoupant de Dubia et de Disputationes qu’il développe d’une manière toute personnelle et parfois très longuement. C’est ainsi qu’il traite du souverain pontife, p. 25-51 ; de l'Église, p. 51-61 : des conciles, p. 61-80 ; des traditions, p. 80-83. Passant ensuite à l'étude des vertus de justice et de religion, il change brusquement de méthode. « Pour être plus bref », il laissera là, dit-il, le texte de la Somme, et résumera en quelques traités les questions qui y sont étudiées (p. 277). Ces traités, au nombre de dix, se subdivisent en chapitres et en questions. Les préoccupations d’actualité y sont manifestes. On comprendra, par exemple, qu’il consacre de longues pages à la magie, p. 763804, si l’on se rappelle l’ordonnance, publiée par Philippe II, en 1592, contre la sorcellerie, les multiples procès qui s’ensuivirent, le développement extraordinaire que prirent les pratiques de magie dans le diocèse d’Anvers pendant le premier quart du xviie siècle et le cri d’alarme adressé à Malderus lui-même, le 5 février 1621, par des curés et des supérieurs de couvents. Cf. Lænen, Heksen-Processen, Anvers, 1914, p. 36 : De Ram, Synodicon, t. iii, p. 172 sq.

Le même souci d’actualité et la même liberté d’allures se manifestent dans les commentaires sur la I a -IIæ. Tout en suivant l’ordre des articles de la Somme et en les expliquant brièvement, Malderus expose, en cent Disputationes, sa pensée sur la matière des 21 premières questions. Il fait ainsi une étude très fouillée de l’acte humain et insère entre les art. 6 et 7 de la q. xix tout un traité de la conscience, p. 148165. Pour les questions suivantes, il se contente d’une explication, à laquelle il mêle, çà et là, des Dubia. Malgré quelques théories qui lui sont tout à fait personnelles (voir l’article Messe), sa pensée souple et nuancée reflète, dans l’ensemble, la doctrine et l’esprit de saint Thomas, qu’il défend à l’occasion contre saint Bonaventure, Scot, Pierre d’Ailly, Gabriel Biel, et surtout contre les protestants.

Dès 1602, l’archevêque de Malines avait proposé Malderus, concurremment avec Jean Lemire (Mirœus) pour occuper le siège épiscopal d’Anvers. Cf. Anaiectes pour servir ù l’hist. ceci, de la Belgique, 1864, t. i, p. 215. Lemire fut choisi ; mais après sa mort l’archiduc Albert s’empressa de nommer Malderus, 10 févr. 1611. Le diocèse d’Anvers, qui s'étendait entre Meuse et Escaut, n’avait eu, depuis sa fondation en 1559, que

des évoques remarquables Sonihus, Torrentius. Mineus l’avaient organisé, au milieu de difficultés sans cesse renaissantes. Le successeur de Mira.-us, pénétré de l’importance, de l’excellence, du mérite du ministère pastoral, va continuer les traditions de zèle de ses prédécesseurs, malgré toutes les difficultés d’une situalion que la trêve d’Anvers, en 1605, n’a pas complètement pacifiée.

(.outre les entreprises des sectes protestantes, il ne se contente pas de faire appel aux moyens de con trainte : lui-même veille à la défense directe de son troupeau par son action sur le clergé et sur les fidèles, ou par ses écrits qu’il multiplie selon les besoins.

Si la prédication lui est interdite, en raison de sa faiblesse de poitrine, Malderus prend du moins toutes mesures utiles pour que le peuple soit solidement éclairé et défendu dans sa foi. Le premier écrit remis par lui à son ami Plantin pour être imprimé est un petit catéchisme en langue vulgaire qu’il rendit obligatoire dans son diocèse : Catholyck onderwys tôt verslerkinge der crancken in t’geloove, Anvers, 1613, in-12. Quand l’assemblée épiscopale de Ja province eut décidé de remplacer le catéchisme de 1609, long, obscur et incomplet, ce fut lui qui révisa la rédaction du catéchisme en 41 leçons du jésuite Guillaume de Pretere, dont l'édition flamande parut en 1623, et la française en 1628 ; cf. Clæssens, Hist. des archevêques de Malines, 1. 1, 239. En même temps, il s’occupe de la construction des écoles et de l’entretien des maîtres, tandis que les évêques de la province supplient l’archiduc de contraindre, sous peine d’amende, les enfants à la fréquentation des catéchismes. Synodicon, t. i, p. 457 sq. Ses lettres pastorales révèlent aussi l’intérêt qu’il porte à l’instruction du peuple, car il ne se borne pas à porter des décrets contre les blasphémateurs (1616) et contre ceux qui ne communient pas à Pâques ou n’observent pas le précepte dominical, il fait à tous une obligation grave d’entendre les prédications (1622). Il se préoccupe du reste de la manière dont celles-ci seront faites, témoin la surveillance qu’il exerce sur les études et la formation spirituelle de ses séminaristes, l’ordre qu’il donne avec ses confrères de la province à tous les clercs dans les ordres sacrés de posséder l’Inslructio sacerdotum d’Antoine Molina (1627), les modifications qu’il propose au projet d’instruction pour les prédicateurs rédigé par l'évêque d’Ypres (1629). Synodicon belg., t. i, p. 489, 495, 502.

Mais lui-même prend la plume à diverses reprises pour défendre son troupeau contre les erreurs protestantes. Il déplore le manque de fermeté dont on a fait preuve envers Luther à l’origine de ses erreurs : « si les renards démolissent aujourd’hui la viLiic, écrit-il, c’est qu’on ne les a pas pris quand ils étaient petits ; il faut s’en emparer et les exterminer ». Ce sont là, toutefois, menaces de professeur et non de guerrier. « On les prend, poursuit-il, quand on les réfute bien, ce qui est facile aux savants. Les renards, au dire des anciens, ont des tanières à deux issues ; il faut donc enfermer les hérétiques dans des dilemmes. » In cantic. canticor., c. ii, 15. C’est en ce sens qu’il tire parti de la querelle entre remontrants et contreremontrants. On connaît cette affaire. Malgré la mort de leur chef, les arminiens persistaient à soutenir qu’il était opportun d’adoucir la doctrine rigide de Calvin sur la prédestination et de faire dépendre le salut de ia volonté des hommes. Ils réclamaient une révision du catéchisme de l'Église réformée de Belgique. Les gomaristes, par contre, se cantonnaient avec obstination dans leur règle de foi approuvée comme conforme aux Écritures. Après l’insuccès des colloques de La Haye en 16Il et de Delft en 1613. le gomariste Maurice de Nassau fit convoquer en lin à Oordrecht. en