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Aiiraiiain, Zoroastre, Bouddha, Jésus, surtout Mani le Guide, l’Ambassadeur il » ' la Lumière, le Paraclet. A mesure que les éléments lumineux se dégagent de l’humanité, ils se rendent par le sodiaque et la lune Jusque dans le soleil, ilila, après une dernière puriBeatlon, ils atteignent enfin le royaume lumineux lui-même Quant aux corps et avec eux les.'mus des non-élus, ils demeurent dans le royaume des Dénèbres. Le monde t’mir. i quand toute la lumière dégageable sera revenue.1 s. source. On trouvera dans Ducbeene, Hist. une. de V Église, t. 1, p. 559 ; nouais, I Augustin contre le manichéisme de son temps : surtout rixeront, Hist. des dogmes, 7° édlt., t. 1, l>. -io7. l’indication dos souries, voir aussi, Petau, Dogm. theol., 1. 1, p. 518, 519.

TeŒssont lis grandes lignes de ce que l’on pourrait appeler la métaphysique du manichéisme si nous en dégageons les idées centrales, il reste ceci. Le manichéisme est essentiellement dualiste. D nie l’unité de 1 être divin ; pour lui, deux principes, coéternela

et Infinis, éternellement en lutte, se disputent l’empire souverain : ils sont ennemis. Et ce ne sont pas là deux abstractions, deux principes de raison, mais bien deux êtres, indépendants l’un de l’autre, qui n’existent pas l’un par l’autre. Chacun d’eux a sa sphère, comme son royaume. Dans la sphère de la Lumière règne le principe bon, qui la remplit ; dans la sphère des Ténèbres domine le principe mauvais du mal, qui n’est que matière, division et perversité.

Le manichéisme reste doue lidèle au dualisme le plus pur ; nous a von. ici le dualisme proprement théologique.

- Lu doctrine catholique. Telle est l’erreur. 11

nous reste, à voir les ellorts de l'Église et de ses docteurs surtout, contre ces survivances et ces renforcements du dualisme primitif. Ce sera là l’une des taches, non la moins importante, des Pères, dont les enseignements d’abord timides, incertains, acquerront bientôt netteté et précision, préparant la forte et lumineuse doctrine de saint Augustin dont saint Thomas, plus tard, établira la définitive synthèse.

1. Avant saint Augustin. - En face des sectes îques l'Église ne resta ni muette ni indifférente « On s’efforça d'établir la vérité et l’autorité de la doctrine catholique à l’exclusion de toute autre. Il s’agissait, avant tout, de défendre les dogmes les plus menacés ou les plus contestés par l’hérésie, contre les gnostiques, par conséquent la foi au Dieu unique. » Bardenhewer, Les Pères de l'Église, trad. Godet et VerschalTel, 2e édit., 1905, t. i, p. 225.

Effectivement, avant saint Augustin, les efforts des Pères, surtout grecs, visent particulièrement le gnosticisme. t U y eut toute une littérature antignostique. Il est certain, par exemple, que saint Justin dans son ouvrage perdu contre les hérétiques, réfutait la distinction gnostique, Apol.. I, xxvi, P. G., t. vi, col. 369 ; Irénée, Cor, t. nacres., IV. vi, 2, P. G., t. vii, col. 987. Les écrits de Miltiade, de Méliton et de Théophile d’Antioche ont également péri, et la grande masse de la littérature antignostique n’a pas eu un meilleur sort. Glanons quelques restes.

a) Chez les Grecs. — Tatien affirme que t Dieu n’a rien fait de mal ; c’est nous qui avons produit toute improbité », par le dérèglement de notre volonté libre. Oratio ad Grseo. /'. G., t. vt, col. 829.

Dans ce qui nous est resté de Théophile d’Antioche et de Méliton de Sardes, nous trouvons encore quelques affirmations semblables. < Les bêtes sont dites féroces et sauvages, écrit Théophile, non qu’elles aient été dès le commencement venimeuses, car rien de mal n’a été au commencement fait par Dieu ; au contraire, toutes choses étaient bonnes et très bonnes ; c’est le péché de l’homme qui les a tournées au mal. > Ail Auto I Igeum, l. III. n. 17, P. Q„ t. m. col. 1080. Pseudo

Méliton met cette question dans la bouche d’un Contradicteur : Pourquoi Dieu ne m’a I il pas lait de telle sorte que je l’honore lui et non les idoles ? — Il répond : On volt bien, a ta manière de parler, que tu aimais mieux être une pure machine qu’un homme Vivant ; car. Dieu t’a fait bon autant que cela lui a plu. et l’a donné le libre arbitre. Il a mis devant loi les choses les plus hautes, pour que tu choisisses ie qui est bon. » Ex apol. Melit. ad Anton., P. IL,

t. v, coi. 1229 p.

Ces quelques extraits, remarque Mgr Douais, 0/1. cit., contiennent toute la doctrine des apologistes unes sur le mal. Dieu n’est pas l’auteur du mal soit physique, soit moral, qui n’a d’autre origine que l’abus du libre arbitre : le mal n’est que la dépravation du

bien. Cette doctrine est énoncée simplement ; les apo

logistes ne se préoccupent pas de la preuve : elle leur

paraît évidente Ils ne disent même pas contre qui ils l’affirment ; mais Us ne pouvaient avoir en vue que le gnosticisme alors dan. toute sa jeunsesc.

Au iv siècle, deux docteurs grecs nous donnent quelque chose de plus précis et de plus important. Le manichéisme s’est étendu, fait des ravages ; ils l’attaquent.

Titus de liostra écrit près de cent ans après Mani s. Son ouvrage : Adversus manichaos libri très, comprend un exposé du manichéisme. t. I, exposé qui est suivi d’une réfutation. Toutefois il ne consacre guère à la doctrine du mal que quelques lignes au début du livre II ; mais elles sont significatives « Les manichéens demandent : d’où viennent les maux ? Nous, nous répondons avec une entière confiance : comme il n’y a qu’un seul Dieu qui a tout fait, il n’y a rien qui soit mauvais quant à la substance. Toutes choses sont bonnes quoique diversement bonnes, car elles sont faites pour des usages divers. Rien de ce qui a été fait n’a été fait sans motif. Tous les êtres ont en eux-mêmes la raison de leur essence, et c’est la sagesse ineffable de Dieu qui a établi cet univers, comme un corps entier, dans l’unité de son tout et la diversité des parties et des membres ; de telle sorte que, si vous retranchez, comme étant superflue et inutile, une part quelconque de la raison de ces êtres, le corps est mutilé…. Dans les êtres donc rien n’est mauvais quant à la substance ; bien plus, tous ceux que Dieu a établis et qu’il gouverne dans le monde, il les a établis d’après les conseils de sa sagesse, et il les gouverne pour l’utilité de ceux pour qui il les a faits. » L. II, c. 1, ii, P. L, t. xviii, col. 1132, 1133.

Ces idées reviennent en plusieurs autres endroits ; mais nous avons ici la doctrine et le procédé de Titus. A une affirmation, il oppose une affirmation. Les manichéens enseignent la dualité des principes et l’existence du mal dans la substance même des êtres ; il répond par le double principe de l’unité de Dieu et de l’intégrité des êtres.

Saint Basile, contemporain de Titus de Bostra, a encore mieux parlé sur la délicate question du mal. Il n’est pas permis de dire que le mal a été engendré par Dieu, par la raison que le contraire ne peut être engendré par le contraire. La vie n’engendre pas la mort, ni la lumière, les ténèbres ; la maladie n’est pas l’ouvrière de la santé. « Nous disons, (il combat les manichéens et les gnostiques) que le mal n’est pas une substance vivante ou animée, c’est un état d'âme contraire à la vertu. - In Hexum., boni. 11. I. /'. <i., t. xxix, col. 37. Dans l’homélie intitulée Quod Deus non est auctor malorum, nous trouvons encoi 1 passage caractéristique, qui résume toute la pensée de Basile : » Gardez-vous de voir en Dieu l’auteur de la substance du mal ! car n’allez pas VOUS figurer que le mal a une subsistance propre. La difformité