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1401 LYON. LE lie CONCILE ET LA REUNION DE L’EGLISE GRECQUE 1402

d’attribuer ainsi la raison de principe ocÏtioç au Fils lui-même, et par suite, ou de l’ôter au Père ou d’introduire deux principes. Veccos avait en effet dans ses écrits attribué cette raison au Fils, mais en insistant sur ceci, qu’il n’était qu’un principe avec le Père. Il crut même être allé trop loin et, pour couper court à toute accusation, il ajouta trois anathèmes à la définition de foi que l’Église grecque lit chaque année à la fête de l’orthodoxie : le premier contre ceux qui affirment que le Fils, est principe, aÏTiov, du Saint-Esprit, le second contre ceux qui affirment qu’il en est principe avec le Père, (jLsxà toù Ilarpôç truvamov, le troisième contre ceux qui communiquent sciemment avec les personnes qui ont de telles pensées. Pachymère, Andronic Paléologue, t. I, n. 9, P. G., t. cxliv, col. 38, 39. Pour comprendre le langage de ces anathèmes, il faut se souvenir que le terme outioç, signifiait dans la tradition théologique grecque principe absolu, source première d’être, principe sans principe. Aussi voit-on Veccos éviter désormais dans ses écrits ultérieurs d’employer ce terme pour signifier le concours que le Verbe donne à la production du Saint-Esprit tout en maintenant toujours la réalité active de ce concours et en défendant les Latins de l’exprimer par la préposition ex.

4. L’union compromise en Occident. Nouveaux succès de la politique angevine. — Pendant que l’union se soutenait en Orient par le zèle de Veccos et les cruautés de Michel, elle était fort compromise en Occident par l’insuccès de l’ambassade pontificale que nous avons relaté. Les documents nous manquent pour retracer avec précision les faits qui se sont écoulés depuis lors jusqu’à l’excommunication de Michel Paléologue par Martin IV. Voici cependant l’enchaînement probable des événements.

Les légats durent être de retour en Italie dans le premier trimestre de 1280, apportant la réponse impériale formulée par Andronic et celle du clergé, et amenant leurs prisonniers Ignace et Mélèce. La déception de Nicolas dut être bien grande. Au lieu d’obtempérer à des injonctions précises, on lui présentait quelques grecs à punir. Il n’en avait que faire et les renvoya. De plus, la lettre d’Andronic passait complètement sous silence les propositions faites par le Saint-Siège pour amener la paix entre Charles d’Anjou et le basilcus. Manifestement, celui-ci, que le succès favorisait alors, n’en voulait pas. Ce qu’il voulait, c’était seulement que le pape continuât à s’opposer au nom de l’union a la restauration de l’Empire latin d’Orient. Il est douteux que Nicolas, mal obéi et humilié, ait conservé sa bienveillance pour le Paléologue. C’est sous son pontificat, au mois d’avril 1280, c’est-à-dire, selon toute apparence, après le retour de l’ambassade, que commença à se former la coalition de la république de Venise avec Charles d’Anjou. Philippe de Courtenay et autres princes latins en vue de la conquête de Byzance. Pour parer à ce péril, Michel s’allia s crètement avec Pierre d’Aragon qui, à l’instigation du trop fameux Procida, méditait d’envahir le royaume de Sicile. Quelle position prit alon Nicolas ? L’insuccès complet de son ambassade et le ressentiment pénible qu’il en dut éprouver rendent bien Invraisemblable ce qu’un raconte de sa participation aux préparatifs des Vêpres siciliennes. Quant aux projets orientaux de Charles, il n’avait plus à les combattre puisque l’union, qui 61 ait la seule raison qu’on y opposait, S’avérait une chimère. Il laissa donc se ier la coalition, mais tenta un dernier cfîort sur le Paléologue. Il lui dépêcha un message pour lui demander explication de son retard.i accomplir ses promesses et le presser de les exécuter enfin. Celui-ci fit répondre que les troubles tant intérieurs

qu’extérieurs qu’avait entraînés l’union rendaient

impossible la réalisation immédiate de ses premiers desseins. Lettre d’Ogerius à Marcus et Marchetus, porteurs des lettres papales, dans Raynaldi, Annal., an. 1278, n. 13-14. Cette lettre dut parvenir à Rome après la mort du pape qui arriva le 22 août 1280.

4° Sous Martin IV. Rupture entre Rome et le basileus. — Après une vacance qui dura six mois, l’élection porta au trône pontifical un français, Simon de Brie, qui prit le nom de Martin IV (22 février 1281).

Les liens de reconnaissance et d’amitié qui l’attachaient à Charles d’Anjou l’engageaient à favoriser les projets de ce prince et, d’autre part, la désobéissance formelle du Paléologue privait ce dernier de tout droit à la protection du Saint-Siège. La défaite subie par les troupes angevines à Bérat, en Albanie, avril 1281, activa les pourparlers de l’alliance projetée sous Nicolas, et le 3 juillet 1281, à Orvieto, le notaire pontifical Jean de Capoue dressait un acte authentique de la convention passée entre Philippe de Courtenay, Charles d’Anjou et autres princes latins d’une part, et Jean Dandolo et la commune de Venise d’autre part, ad exaltationem fidei orthodoxe, redintegrationem potestatis apostolice, que de subtraclione Imperii Romanie, quod se ab ipsius obedienlia scismate jam antiquato subtraxit, gravem in corpore mistico ecclesiastice unitalis tam nobilis membri mulilacionem sensisse dinoscilur… ad recuperationem ejusdem Imperii Romanie. L’expédition prenait figure de croisade. Voir ce document dans Tafel et Thomas, Urkunden zur àlleren Handels und Slaatsgeschichte, t. iii, p. 287-295.

A l’annonce de l’élection de Martin IV, Michel s’était hâté d’envoyer deux hauts prélats, Léon d’Héraclée et Théophane de Nicée, l’en féliciter et célébrer le zèle de l’empereur à réprimer l’opposition schismatique. Au lieu de la faveur qu’ils attendaient, ils furent reçus avec froideur et dédain. L’historien grec Pachymère, loin de s’en indigner, trouve la chose toute naturelle. Les Romains, déclare-t-il, ont enfin vu que cette union n’était qu’une comédie, et reconnu que tous les châtiments infligés aux réfractaires n’étaient qu’ostentation et tromperie. Le résultat de l’ambassade, selon ce même auteur, fut l’anathème jeté contre Michel et ses sujets, et les députés grecs furent renvoyés sans honneur. Léon étant mort en chemin, Théophane revint seul rapporter à l’empereur ce qui s’était passé. Michel en fut extrêmement irrité et se plaignit, après avoir tant fait pour les latins, d’en être ainsi récompensé. Il songea sérieusement à rompre tout à fait avec le Saint-Siège, à chasser Veccos de son trône et à y replacer Joseph. S’il ne le fit pas, c’est afin de ne point condamner sa conduite antérieure, et de garder un contact avec Rome pour le jour où une occasion nouvelle se présenterait de solliciter et d’obtenir son appui. En attendant, il marquait assez son ressentiment en défendant de nommer dans la liturgie le pape qui se montrait ainsi l’ennemi des Grecs. Pachymère, Michel Paléol., t. VI, n. 30, P. G., t. cxliii, col. 968, 969.

L’excommunication fut lancée contre Michel le 18 octobre 1281. Elle avait principalement pour but d’empêcher les princes latins, et SUTtOUl Pierre d’Aragon, de mettre obstacle a la coalition qui menaçait l’existence de l’empire grec. Comme ce prince ne parais sait pas en tenir compte et continuait ses préparatifs de guerre, elle fut renouvelée le jeudi saint 26 ii) ; irs 1282. et promulguée le jour de l’Ascension de la nu me année, portant défense expresse à tOUS les princes d’accorder aucune aide ouverte ou secrète à l’empereur schismatlque. Elle fut renouvelée une troisième fois

le 18 octobre 1282. I>e plus Michel se trouvait nom

tnémenf Impliqué dans la sentence lancée le même jour contre Pierre d’Aragon, qui avait tente d’usurper le royaume de Sicile, domaine du Saint-Siège, et un