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L395 LYON. LE IIe CONCILE ET LA RÉUNION DE L’ÉGLISE GRECQ1 E I396

les, datées aussi du 25 mai, accompagnant l’instruction donnée à l’ambassade, permettaient certains adoucissements, et si le programme mitigé était lui-même repoussé, les légats devaient recevoir ce qui serait accordé par les grecs, en les avertissant toutefois de l’insuffisance de leurs concessions. Voir tous ces documents dans Martène, op. cit., p. 246-257. Voir aussi Delisle, Notices et extraits des manuscrits, Paris, 1879, t. xxvii, 2 « part., p. 126-1 10.

2. Histoire de la légation envoyée par Innocent V. — Ainsi munie de son mandat, l’ambassade se mit en route au début de juin. Mais la nouvelle de la mort du pape, survenue le 22 juin, la surprit à Ancône, et elle dut revenir sur ses pas. Adrien V, le successeur d’Irfnocent, ne régna qu’un mois, et ne fut même pas couronné. Pierre Juliani, élu le 17 septembre 1276, qui prit le nom de Jean XXI, continua la politique orientale d’Innocent V. Il commença par recevoir avec une grande bienveillance l’ambassade députée par Michel à^la nouvelle de la mort d’Innocent dans le but de se concilier la faveur de son successeur. Celle qu’il lui envoya en retour fut chargée de porter tous les messages préparés, et de remplir le mandat défini par Innocent. Rien n’y était changé que ce qu’exigeaient les circonstances et le remplacement des anciens légats par de nouveaux. Ceux-ci étaient les évêques Gaufridus de Turin et Jacques de Ferentino. Sans doute trouva-t-on que les amples pouvoirs concédés aux légats et l’importance de leur mission convenaient mieux à des évêques qu’à de simples prêtres. Jean XXI leur donna en outre une lettre pour le patriarche et son clergé, datée du 20 novembre 1276. Potthast, n. 21 186. Ils partirent peu après, faisant route avec les ambassadeurs grecs qui retournaient à Constantinople.

La confirmation de l’union demandée par le Saint-Siège eut lieu en avril 1277. Veccos venait de célébrer aux Blachernes un grand concile dont malheureusement on ne possède point de compte rendu. On sait seulement d’une manière positive par la relation d’Ogerius que l’archevêque de Thessalonique y fut présent avec un de ses suffragants, l’évêque de Patras. A l’arrivée des légats, un certain nombre d’évêques n’avaient point encore rejoint leurs sièges. C’est devant le synode formé par eux, aux Blachernes également, et en présence des représentants du Saint-Siège qu’eut lieu la ratification solennelle de la paix conclue à Lyon. Michel fit à haute voix la reconnaissance de la primauté et la profession de la foi de Rome, ratifiant ainsi ce que le grand logothète avait fait en son nom à Lyon. Andronic fit de même. Les actes en furent dressés en latin, signés par l’empereur et son fils en grec et munis de la bulle d’or. Quant aux ecclésiastiques, il ne firent point le serment exigé et n’acceptèrent pas l’addition du Filioque au symbole, pour la raison que ces deux choses étaient contraires à leurs usages. Mais Veccos, en son nom et au nom du clergé, rédigea une lettre au pape où il reconnaissait la primauté romaine et présentait sa profession de foi. La primauté était reconnue dans sa plénitude et son origine divine, dans les termes mêmes qu’avaient précisés le concile. Voir ci-dessus, col. 1386. Dans sa profession de foi, Veccos reçoit la doctrine romaine du Filioque, mais il est à remarquer qu’il évite d’employer l’expression procedere ex, èx7TOp£ÛeCT0ai, pour signifier le rapport d’origine du Saint-Esprit au Fils. Parmi les autres points à noter, il y a le sort des âmes après la mort, sur lequel l’auteur s’exprime comme l’Église romaine, le sacrement de confirmation, au sujet duquel il rappelle l’usage oriental qui le fait conférer indifféremment par l’évêque ou le prêtre, la légitimité des azymes dont il reconnaît la transsubstantiation. A la fin, il réclame, dans l’unité de la foi, le maintien immuable des anciens rites de l’Orient. Mansi, op. cit., col. 183-190.

Voir le texte grec de ce* professions de toi dans Theiner cl Miklosich, Monumenta speclanlia ad unionem Ecclesiarum grœcæ el latinie, Vienne, 1872. Le texte grec de la lettre s nodale <lu patriarche se trouve aussi dans R. Stapfer, y’u/j.sl Johannes XXI, Munster, 1898, p. 11Ô-122. Stapfer signaitdans ce même ouvrage, p. 86, n. 2, que les pièces authentiques contenant les professions de foi de Michel et d’Andronic existent encore et se trouvent aux Archives du Vatican. Le texte latin de ces professions de foi dans Raynaldi, Annal., an. 1277, n. 28,.’J4-39, et dans Allatiuc, De Ecclesiæ occid. et orient, perpétua consensione, t. II, c. xv, n. 3-5, Cologne, 1648, col.— T.’!.S-7.">2.

Dans les lettres qui accompagnaient ces documents, Michel célébrait l’union consommée et le bonheur de l’Église, et la complète destruction du schisme. Andronic proclamait que les biens qui provenaient de cet achèvement de l’union valaient une armée inexpugnable. Des négociations politiques dont les légats avaient été chargés, pas un mot. On les éludait par le silence. Raynaldi, Annal., an. 1277, n. 21-26, 29-33. Les ambassadeurs grecs, le métropolite Théodore de Cyziquc, les archidiacres Méliténiote et Métochite et trois hauts fonctionnaires, porteurs de toutes ces réponses, arrivèrent à Rome après la mort de Jean XXI, survenue le 16 mai 1277, et pendant la vacance du siège.

3. Début de l’agitation antiunioniste à Constantinople.

— Cependant, les ennemis de l’union s’agitaient.

Outre ceux de l’intérieur contre lesquels le basileus sévissait par la violence, il y avait ceux de l’extérieur. Nicéphore, despote d’Épire, et surtout son frère Jean le Bâtard, lui faisaient une guerre acharnée, soutenus par des princes latins qui craignaient pour leurs possessions de la péninsule. L’empereur fit porter à leur connaissance ce qui s’était fait au concile des Blachernes et leur enjoignit de se soumettre à l’Église romaine. Sur leur refus, il fit assembler un synode à Sainte-Sophie, le 16 juillet 1277, et Veccos avec son clergé lança l’excommunication contre les ennemis de l’union et nommément contre Jean et Nicéphore. Mansi, Concil., t. xxiv, col. 189, 190. Le basileus y joignit au nom des légats, mais à leur insu ou sans leur aveu, l’excommunication papale, destinée à agir surtout sur les alliés latins, et envoya une armée contre les rebelles. La trahison tout d’abord de plusieurs généraux hostiles à l’union qui étaient ses parents, et qu’il fit amener à Byzance chargés de chaînes et jeter en prison, puis l’inexpérience de ceux qui les remplacèrent avancèrent grandement le parti des rebelles. Ils invitèrent alors l’empereur de Trébizonde à se poser en champion de l’orthodoxie et à proclamer sa candidature au trône de Byzance, en face du basileus hérétique. Et pour répondre par des armes semblables* à l’anathèine qu’on avait lancé contre lui, Jean le Bâtard fit réunir en décembre 1277, probablement à Néopatras, centre de ses états, un contre-concile composé de huit évêques, de quelques abbés et d’une centaine de moines, qui, la plupart, venaient des terres de Michel dont ils avaient fui la colère. On y anathématisa le souverain pontife, l’empereur et le patriarche de Constantinople. Deux évêques, celui de Tricala et celui de Patras, refusèrent leur approbation. Le premier fut jeté en prison et s’évada après plusieurs mois, le second fut condamné à être exposé durant plusieurs jours et plusieurs nuits en plein air, vêtu seulement d’une chemise, aux rigueurs de la mauvaise saison. Lettre d’Ogerius, dans Raynaldi, Annal., an. 1278. n. 13, 14. Le document qu’a publié Papadopoulos-Kérameus, ’AvàXexTa’IepoaoXuu.iTtx^< ; ciTaxuoXoY13cç. 1. 1, p. 471-474, comme étant la décision de ce synode, ne concerne point, sinon incidemment. Michel, Veccos et le pape, mais condamne seulement les patriarches Nicéphore, Germain et Joseph, et tout ce qui s’est fait contre « le trois fois bienheureux » Arsène. On doit y voir simplement le décret d’un concile arséniste