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LYON (lie CONCILE ŒCUMÉNIQUE DE). HISTOIRE

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saint Bonaventure ; ils prirent la parole dans les grandes circonstances et présidèrent les congrégations chargées de discuter et de préparer les décisions soumises à l’autorité du concile. Cf., sur le premier, M. J. Belon, Le bienheureux Innocent V à Lyon, dans L’Université catholique, Lyon, 15 avril 1898, p. 501-509, et sur le second, L. Wadding, Annales minorum, an. 1274, n. 10-12, t. ii, p. 390-392. C’est en ce sens, fait remarquer justement Wadding, p. 391, qu’il faut prendre les expressions de Sixte IV dans la bulle de canonisation de Bonaventure (1588) : in concilio Lugdunensi præsidens ; la présidence proprement dite du concile appartint et ne pouvait appartenir qu’au pape. D’après Nicolas Glassberger, Chronica (écrite en 1508), dans les Analecta franciscana, Quaracchi, 1887, t. iii, p. 85, deux évêques d’origine franciscaine, Odon Bigaud de Bouen et Paul de Tripoli, auraient joué un rôle important à côté de saint Bonaventure. Guillaume Durand de Mende revendique la gloire d’avoir fait « procurer » quelques-unes des constitutions du concile. Cf. son In sacrosanctum Lugclun. conc. commentarius, Fano, 1569, ꝟ. 1 b, 32 a. 3° Les sessions du concile.

Le concile s’ouvrit

non pas le 1 er mai, comme l’ont dit plusieurs chroniqueurs confondant la date effective avec celle qui avait été indiquée dans les lettres de convocation, ni le 6 mai que donnent les Annales S. Pétri Blandinienses, dans les Monum. Germ. hist., Scriplores, t. v, p. 32, mais le 7 mai 1274, cf. J.-B. Martin, n. 1641, 1645, 1647. Un jeûne préparatoire de trois jours avait été prescrit. Les sessions se tinrent dans l’église cathédrale de Saint— Jean.

1. A la première, le pape parla sur les mots : Desiderio desideravi hoc Pascha manducare vobiscum, qui avaient déjà servi de texte au discours d’ouverture du IVe concile oecuménique du Latran par Innocent III. « Il fit connaître, rapporte la Brcvis nota eorum quæ in secundo concilio Lugdunensi generali acta sunt, Mansi, Concil., t. xxiv, col. 63, le mouvement et le vœu de son cœur et les causes pour lesquelles il avait convoqué le concile : secourir la Terre sainte, réunir les grecs et les latins, réformer les mœurs. » Puis il fixa la n session au lundi de la semaine suivante, 14 mai.

2. En fait, la deuxième session fut différée au vendredi 18. L’intervalle des sessions fut pris par des entretiens que le pape voulut avoir, en particulier, avec chaque archevêque accompagné d’un évêque et d’un abbé de sa province, afin d’obtenir d’eux, pour six ans, le dixième des revenus des bénéfices au profit de la Terre sainte. A la n" session, Grégoire ne fit pas de sermon, mais une simple allocution pour rappeler ce qui s’était passé à la première. Le concile porta des constitutions pro zelo fidei, selon l’expression de la Brevis nota. Mansi, col. 63. Furent licenciés les procurateurs des chapitres, ainsi que les abbés et prieurs non mitres, sauf ceux qui avaient été convoqués nominativement, et tous les autres prélats inities d’ordre inférieur ; sans doute leur affluence parut-elle produire un encombrement dont il y avait avantage à se défaire.

De ses nonces de Constantinople parvinrent à Grégoire X des nouvelles qui le réjouirent fort. Il fit assembler tous les prélats dans la cathédrale. Saint Bonaventure prononça un discours sur le verset de Baruch : Exsurge, Jérusalem, sta in loco excelso et clrcuimptce ad Orientem… Et lecture fut donnée de la lettre des légats. Ce fait doit-il se placer entre la i « et la n » ou entre la n « et la m » session ? Hefele, Histoire des ronrilrs, trad. I.eelereq, l’aris. 101 1. t. vi ti. p. 169, admet la première date ;.J.-H. Martin, n. 1780, adopte la seconde et traduit, p. xxxiii, le : Item p « l dente termina iequentU seuionti de la Bnvtt nota de

DICT. ni : THéOU CATHOl

la sorte : « Dans l’intervalle de la seconde à la troisième session. » A vrai dire, le sens de ces mots est ambigu : la Brevis nota raconte la i re session, ensuite la ne et dit que la session suivante fut fixée au lundi après l’octave de la Pentecôte 28 mai, puis les entrevues particulières du pape avec les prélats entre la i" et la iie session, enfin passe, par la formule : Item pendenle termino sequentis sessionis, à la lettre des légats pontificaux à Constantinople. Le mot : item semble classer ce fait immédiatement après celui des entrevues du pape avec les prélats, donc avant le 18 mai ; mais les mots pendenle termino sequentis sessionis invitent à le mettre peu avant la date fixée pour la iiie session, le 28 mai.

3. Betardée à son tour, la troisième session eut lieu le 7 juin. Ainsi qu’entre la i re et la n e, le pape, entre la iie et la m e, vit les prélats en particulier. Il leur communiqua les constitutions qui devaient être promulguées dans cette iiie assemblée ; c’était le moyen de recueillir leur avis et de s’assurer de leur assentiment. Le 6 juin, en consistoire, il avait décidé de donner la couronne impériale à Bodolphe de Habsbourg, dont les représentants confirmèrent les privilèges accordés au Saint-Siège par les empereurs d’Allemagne.

A la ine session, Pierre de Tarentaise prêcha sur le texte d’Isaïe : Leva in circuitu oculos luos et vide… Douze constitutions furent promulguées. Dans l’ignorance du jour de l’arrivée des grecs qui avait été annoncée, on ne fixa pas la date de la session suivante ; il fut permis aux prélats de s’éloigner, en attendant, jusqu’à six lieues (non « six milles », comme dit Hefele, p. 172) de Lyon.

4. Les ambassadeurs grecs arrivèrent le 24 juin. C’étaient Germain, ancien patriarche de Constantinople, Théophane, métropolite de Nicée, Georges Acropolita, sénateur et grand logothète, et deux officiers de la cour. Tous les Pères du concile allèrent au-devant d’eux et les accompagnèrent au palais du pape. De la part de Michel Paléologueetdes prélats grecs, — 50 métropolites et 500 évêques ou synodes — les ambassadeurs présentèrent des lettres d’adhésion aux articles de foi que les nonces apostoliques leur avaient demandé de souscrire ; « ils dirent, rapporte la Brevis nota, dans Mansi, t. xxiv, col. 64, qu’ils venaient ad omnimodam obedientiam sanctæ romanæ Ecclesix, pour reconnaître sa foi et sa primauté. » Le 29 juin, en la fête des saints Pierre et Paul, Grégoire X célébra la messe. On y chanta l’épître, l’évangile et le Credo, en latin et en grec. Les grecs répétèrent trois fois, dans leur langue, le Qui ex Paire Filioque procedit ; ils chantèrent ensuite des « laudes solennelles » en l’honneur du pape. Saint Bonaventure prêcha. Le 4 juillet, on vit arriver des ambassadeurs d’Abaga, grand khan des Tartares, arrière-pet it-tils de Gengiskhan. Ce même jour, le pape indiqua la iv 6 session pour le 6 juillet.

La place des ambassadeurs grecs, à la session du 6 juillet, fut à la droite du pape, après les cardinaux. On entendit un sermon de Pierre de Tarentaise. Ensuite le pape manifesta sa joie du retour des grecs à l’Église romaine. Il fit lire les trois lettres de l’empereur, d’Andronic, son fils aîné, associé depuis peu à l’empire, et des évêques grecs, toutes trois scellées en or et traduites en latin. Au nom de Michel Paléologuc et en vertu de pouvoirs a lui remis de vive VObc,

le logothète Georges Acropollta professa la foi de

l’Église romaine, dont il reconnaissait la primauté et a laquelle il rendait spontanément l’obéissance due. Les députés du clergé grec en firent autant, presque dans les mêmes tenues, prrs quoi ]e pape entonna

Deum, prêcha de nouveau sur le Detiderto deravi hnr Pascha manducare vobticum, et chanta, en

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