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LECTEUR


les lecteurs étaient volontiers choisis parmi les tout jeunes enfants, nous avons un témoignage non moins intéressant, bien que d’un tout autre genre ; il s’agit de la longue inscription anonyme d’un pape que l’on a quelquefois prétendu être le pape Libère, 352-356. On la trouvera tout entière dans de Rossi, Inscriptiones christianæ urbis Romæ, t. ii, IIe part., p. 83, Rome, 1888, et dans Duchesne, Le Liber pontificalis, t. i, p. 209. Ce pape avait été mis dès l’enfance au nombre des lecteurs, et on le loue de ce qu’il s’acquitta toujours de cette fonction avec piété et gravité, sans tronquer malicieusement le texte sacré, sans passer une page pour s’amuser ou amuser les autres. D’après ce témoignage, on ne peut que comparer les petits lecteurs du ! v c siècle à nos enfants de chœur ou aux petits chantres de nos maîtrises, pieux, mais souvent espiègles et malicieux. « Il y avait dans la corporation, dit Mgr Duchesne, beaucoup déjeunes enfants. Leurs voix argentines perçaient les immenses espaces des basiliques et portaient jusqu’aux rangs les plus lointains de l’assemblée. Dans ce ministère, bien grave pour un âge si, tendre, ils étaient exposés aux tentations d’espièglerie. » Origines du culte chrétien, p. 355.

En plus des leçons d’Écriture, on confia aux lecteurs certains morceaux de chant que les règles liturgiques ou l’usage ne réservaient pas aux ministres sacrés et qui, d’autre part, ne pouvaient être chantés par l’assemblée tout entière. Dans son Histoire de la persécution des Vandales, Victor de Vite rapporte le martyre d’un lecteur de Regia pendant la persécution de Genséric, vers 470. Au cours de la cérémonie de Pâques, le lecteur était au pupitre et chantait Valleluiaticum melos, lorsqu’arriva une troupe d’ariens en armes, conduits par leur prêtre ; ne pouvant pénétrer dans l’église dont on avait fermé les portes, ils escaladèrent les murs et lancèrent des flèches par les fenêtres ; l’une d’elles atteignit le lecteur et lui transperça la gorge ; il laissa tomber son livre et tomba mort lui-même. De persec. vand., i, 13, P. L., t. lviii, col. 197. Les lecteurs eurent encore parfois un autre rôle à remplir, conséquence et extension du premier. On leur confia la garde des Livres Saints, à ceux du moins qui étaient jugés dignes de cette mission de confiance. Cette fonction ne fut pas toujours sans danger, particulièrement dans certaines persécutions qui, comme celle de Dioclétien, visaient à dépouiller les églises de tout leur mobilier cultuel, vases sacrés et livres. Dans le procès-verbal de saisie de l’église de Cirta, P. L., t. viii, col. 731-733, le juge exige qu’on lui livre les Écritures, c’est-à-dire peut-être à la fois, les Livres saints, les livres liturgiques, les archives, etc. L’évêque, interrogé le premier, répond que ce sont les lecteurs qui les détiennent. Les sous-diacres Catulinus et Marculius déclarent qu’ils n’ont qu’un seul livre dans la bibliothèque, et en le livrant ils ajoutent : « Nous n’en avons pas plus, parce que nous sommes sous-diacres ; ce sont les lecteurs qui ont les volumes. » Le juge se rend donc au domicile respectif des 7 lecteurs, et ils livrent tous les volumes qui se trouvent en leur possession. Cf. Dom Leclercq, l’Afrique chrétienne, Paris, 1904, li. p. 320-323.

Daru la discipline actuelle. — De ces fonctions anciennes des lecteurs, peu de chose subsiste aujourd’hui.

Les formules dont se si il h l’on t i tirai Romain ne doivent pas être prises > la lettre. Le l’on li (irai actuel, fusion des anciens rites romain et gallican, représente une tradition fort ancienne, Duchesne, Origine », Dotes « les p. 371 il sq. ; Tixeront, L’ordre et le, ordinations, p. 155 i 1’. Le monitoire de l’évêque et les autres formules qu’il rorilicul nous reportent.i la discipline des premiers siècles et ne se comprennent qu’A la lumii re de ce que nous avons dit. Les lecteurs, déclarent I

que, doivent lire et chanter dans l’église, et la place qu’ils y occupent leur est une leçon ; ils sont placés dans un lieu élevé pour que tous puissent les voir et les entendre ; ils doivent en conclure que leur vie doit être en rapport avec leur situation : Jdeoque dum legilis, in alto loco ecclesiie statis ut ab omnibus audiamini et videamini, figurantes positione corporali vos in alto virtutum gradu debere conversari. On croirait entendre saint Cyprien parler des lecteurs Aurélius et Célérinus.

La réalité est actuellement plus modeste. Le Pontifical attribue aux lecteurs deux sortes de pouvoirs : Lectorem oportet légère ea quæ (vel ei qui) prædicat et lectiones cantare, et benedicere panem et omnes fructus novos. Il reste peu de chose de ces importantes fonctions.

Lire publiquement les fragments d’Écriture que l’évêque ou le prêtre va commenter et chanter les leçons, telle est la première fonction du lecteur d’après le Pontifical. Mais depuis longtemps on a perdu l’habitude de faire lire par un clerc le passage d’Écriture à expliquer ; le chant de l’épître et de l’évangile est réservé au sous-diacre et au diacre ; les leçons, nombreuses jadis à la messe, ne se présentent plus qu’à de très rares circonstances ; de sorte que, pratiquement, ce premier pouvoir se réduit au droit de chanter les leçons dans la célébration solennelle de l’office de nuit.

— Par extension, on reconnaît au lecteur le pouvoir de faire officiellement le catéchisme, non seulement aux enfants, mais aux adultes et avec une certaine solennité. Bien que ce soit un des devoirs du curé, d’après le Code, can. 1332, et que le curé demeure seul responsable de l’instruction religieuse de ses ouailles, il peut se faire aider ou suppléer par un lecteur. Catechism. conc. Trident., 2e part., de ordinis sacramento, n. 34 ; Gasparri, De sacra ordinatione, Paris, 1893, t. ii, n. 1158 ; Noldin, De sacramentis, Inspruck, 1920, n. 452.

Quant au pouvoir de bénir le pain et les fruits nouveaux, les lecteurs ne peuvent plus l’exercer. « Les diacres et les lecteurs, dit le Code, can. 1147, § 4, ne peuvent validement et licitement donner d’autres bénédictions que celles qui leur sont expressément attribuées par le droit. » Or aucun texte de loi ne donne ce pouvoir au lecteur, et la coutume le réserve au prêtre.

III. Quautés requises.

Age.

Aucun âge

n’était fixé pour le lectorat.

Il semble bien qu’au début on n’ait pas confié cet ordre à de tout jeunes enfants. Saint Cyprien semble s’excuser d’avoir ordonné lecteur Aurélius malgré sa jeunesse ; mais il faut entendre ces mots d’une jeunesse relative puisqu’Aurélius avait, à deux reprises, confessé sa foi devant les persécuteurs, et d’ailleurs il compensait par des mérites acquis le prestige que son âge ne lui donnait pas : in annis adhuc novellus sed in virtutis <ufldet laude provectus, … non de annis suis, sed de merilis œstimandus. Epist. xxxui, P. /, ., t. iv, col. 326327, Hartel, ep. 38, p. 580.

Au iv siècle, au contraire, on conférait cet ordre à de jeunes enfants, et les papes approuvaient cette pratique. Ainsi le pape Sirice écrit à l’évêque de Tarragone : « S’il s’agit de quelqu’un qui a été. « lès son enfance, voué au service de l’Église, il faut, avant l’âge de puberté, lui donner le baptême et l’admettre au rang des lecteurs, i Epist.. i. 9, P. /… t. xiii, col. 1142.

i c pape Zozime ne change rien < ci tte coutume :

celui, dit-il, qui, dès son enfance, est destiné au minlB lastique, restera au nombre des lecteurs

jusqu’à l’Age de Vingt ans. Epist., i..’t. P. /… t.. col. (172 ; et la même formule se ni rOUVe texl il et le m eut

dans le Sacramentaire Gélasien, I’. L., t. Lxxrv (

col. 1145. — Il en était sûrement de nit’ine en Afncpic