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LECTEUR


anderen nicdcrcn Weihen, surtout p. 42 à 44, 57 sq. Les assemblées chrétiennes du début auraient été. essentiellement caractérisées par la libre inspiration ; les prophètes parlant sous l’action de l’Esprit y avaient la part principale ; c’est seulement quand l’inspiration s’affaiblit et que la flamme des premiers temps s’éteignit, qu’on dut remplacer la parole ardente des prophètes par des lectures, et la vie par le mécanisme : les lecteurs seraient ainsi les successeurs dégénérés des prophètes. La question ainsi posée déborde les limites de cet article, puisqu’elle soulève le problème général du lien historique entre l’Église hiérarchique et l’Église primitive. Ajoutons d’ailleurs que l’argumentation du critique repose sur l’hypothèse aujourd’hui reconnue fausse que l’Ordonnance ecclésiastique apostolique (Apostolische Kirchenordnung) est un document très ancien, remontant peut-être au milieu du ne siècle. Or, si l’on n’est pas d’accord pour fixer la date de cette pièce, tout le monde convient aujourd’hui qu’elle est d’origine beaucoup plus récente.

A partir de Tertullien, tous les textes qui énumèrent les degrés de la hiérarchie, en Orient comme en Occident, mentionnent le lectorat. Quelques exemples suffiront pour prouver cette affirmation que personne ne met en doute.

En Afrique, les lettres de saint Cyprien nous font connaître plusieurs lecteurs de l’Église de Carthage, par exemple, Saturus qui avec le sous-diacre Optatus sert à l’évêque de messager dans les relations avec l’Église de Rome, Aurélius et Célérinus dont il annonce l’ordination, Epist., xxiv, xxix, xxxiii, xxxiv, P. L., t. iv, (éd. de 1844) col. 294, 310, 326, 329 ; édit. Hartel, du Corpus de Vienne, Ep., 29, 35, 38, 39, t. m b, p ; 548, 571, 580, 582. — Dans un procès-verbal de saisie de l’église de Cirta, en 303, les lecteurs sont sommés par le juge de livrer les Écritures qu’ils ont en leur possession ; sept d’entre eux sont nommés, Eugène, Félix le mosaïste, Victorinus, Projectus, Victor le grammairien, Euticius et Codéon, P. L., t. viii, col. 731-733.

— Sous la persécution d’Hunéric, en 484, Victor de Vite raconte ce que souffrit le clergé de Carthage : il comptait plus de cinq cents personnes, inter quos erant quamplurimi lectores infantuli qui, gaudentes in Domino, procul exilio crudeli truduntur. Historia persecu-Vionis Vandal, v, 9, P. L., t. Lvni, col. 246.

A Rome, le pape Corneille, dans une lettre à Fabius d’Antioche, 251, énumère ainsi les membres du clergé romain : 44 prêtres, 7 diacres et autant de sousdiacres, 42 acolytes, 52 exorcistes et lecteurs avec les portiers. Eusèbe, H. E., VI, xliii, P. G., t. xx, col. 621.

— Le pape Sylvestre, 314-337, ou plutôt une Constitution qui lui est attribuée, donne les chiffres suivants pour le clergé de Rome : 142 prêtres, 6 diacres, 6 sous-diacres, 45 acolytes, 22 exorcistes, 90 lecteurs. P. L., t. viii, col. 832. — Saint Sirice, 384-399, trace à Himérius de Tarragone les règles à observer pour les ordinations ; elles sont citées dans l’ordre suivant : lecteur ou exorciste, acolyte ou sous-diacre, diacre, etc. Epist., i, 9, 10, P. L., t. xiii, col. 1142-1143. — Ce sont encore les mêmes degrés hiérarchiques que connaît le pape Zozime, 417-418. Epist., ix, 3, P. L., t. xx, col. 672-673.

En Gaule, un ancien document, connu sous le nom de Statuta Ecclesiæ antiqua, longtemps attribué au concile de Carthage, 398, mais qui est en réalité originaire de la province d’Arles et date de la seconde moitié du ve siècle ou du début du vie, décrit en quelques mots les rites essentiels des diverses ordinations ; ce sont nos ordres actuels : évêque, prêtre, diacre, sous-diacre, acolyte, exorciste, lecteur et portier, n. 90-97, P. L., t. lvi, col. 887-888.

En Orient, le concile de Sardique, 343-344, ne connaît d’autres ordres que ceux de lecteur, diacre,

prêtre et évêque. Hefele, Histoire des conciles, trad-Leclercq, Paris, 1. 1, p. 791. — Ce sont les mêmes ordres que mentionnent avec quelques modifications l’Ordonnance ecclésiastique égyptienne ( = àTCOOTOLix.r, rrapà-Soaiç d’IIippolyte ?) et les documents apparentés : Constitutions apostoliques, 1. V 1 1 1, Épilomédes Constitutions, Testament de N. S. J. C, Canons d’Hippolyte. Mais tandis que ces textes font place à des ordres archaïques, diaconesses, vierges, et porteurs des grâces de guérisons ( = exorcistes ?), V Ordonnance ecclésiastique apostolique (apostolische Kirchenordnung) ne connaît à la suite des prêtres que les lecteurs, les diacres, les veuves, qui sont mentionnés dans la série que nous venons d’indiquer. Cette place si extraordinaire donnée aux lecteurs, entre les prêtres et les diacres est assez surprenante ; mais il vaut mieux voir en cela un accident de la tradition manuscrite qu’échafauder sur une base aussi fragile un système compliqué. Enfin, beaucoup plus tard, le concile de Constantinople, VIIIe œcuménique, réuni contre Photius en 869-870, fixe les règles selon lesquelles peut être promu dans le clergé un homme qui a abandonné sa situation dans le monde : il sera d’abord un an lecteur, deux ans sous-diacre, 3 ans diacre, et quatre ans prêtre ; après quoi seulement il pourra être élevé à l’épiscopat. Canon 5. Hefele-Leclercq, op. cit., t. iv, p. 523.

De ces quelques documents, la conclusion est absolument hors de doute : s’il y a des incertitudes pour d’autres ordres ou des changements de discipline, il n’y en a aucun pour le lectorat ; partout et toujours, il a été considéré comme un des degrés de la hiérarchie ecclésiastique.

IL Fonctions. — 1° Dans l’ancienne discipline. — Le lecteur, ainsi que le mot l’indique, avait pour fonction principale de lire ou de chanter, dans les assemblées liturgiques, les leçons d’Écriture sainte. Deux lettres de saint Cyprien, Epist., xxxiii et xxxiv ; P. L., t. iv, col. 325-333, édit. Hartel, ep. 38 et 39, p. 579, 581, mettent en lumière ce rôle du lecteur. L’évêque de Carthage annonce à son clergé et à son peuple qu’il vient de promouvoir au lectorat Aurélius et Célérinus. Du premier, il rappelle que par deux fois il souffrit la torture et confessa glorieusement le Christ : « Il faut, ajoute-t-il, le juger, non d’après son âge, mais d’après ses mérites. Nous avons voulu lui confier d’abord l’office de lecteur. Il est en effet convenable de faire entendre dans la lecture publique des divines leçons cette voix qui a confessé le Seigneur dans une prédication glorieuse. Il faut qu’après les sublimes paroles par lesquelles il a annoncé le martyre du Christ, il lise l’Évangile du Christ pour lequel on souffre le martyre ; qu’après être descendu du lit de torture il monte au pupitre ; qu’après s’être imposé à l’admiration de la foule païenne, il se montre à tous les frères, et qu’après avoir été entendu sur l’échaf aud à la surprise de tous, il soit entendu dans l’église à la joie des fidèles. » Le second avait également souffert pour la foi ; un emprisonnement prolongé, les fers aux pieds, des tortures qui avaient laissé des plaies à peine cicatrisées, avaient montré en lui une foi très ferme : « Ne fallait-il pas, dit le saint évêque, le mettre bien en vue sur l’ambon de l’église pour que, de cet endroit élevé où il sera exposé aux regards de tout le peuple, il lise ces mêmes préceptes et cet Évangile du Seigneur qu’il a toujours suivis avec courage et fidélité ? On écoutera cette voix qui a confessé le Seigneur comme le Seigneur le veut… Personne ne peut plus utilement lire l’Évangile à ses frères qu’un confesseur, parce que chacun de ceux qui entendent peut se proposer comme modèle la foi de celui qui lit. » — Ces deux passages font, pour ainsi dire, revivre devant nos yeux ce que faisait le lecteur et montrent combien important était-son rôle. Plus tard, et à une époque où