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LE CERF DE LA VIÉVILLE — LECLERC

Michaud, Biographie universelle, t. xxxiii, p. 515 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xxx, col. 186 ; Quérard, La France littéraire, t. v, p. 41-42 ; Tassin, Histoire générale de la congrégation de Saint-Maur, in-4°, Bruxelles, 1770, p. 645-649 ; Bertrand, Vie, écrits et correspondance littéraire de Laurent Josse Le Clerc, in-8°, Paris, 1878, p. 182-184, 194-200 ; Nouveau supplément à l’histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur, notes de Henry Wilhelm publiées par Ursmer Berlière, Ant. Dubourg et Ingold, p. 346-347 ; Guilbert, Mémoires biographigues et littéraires, t. ii, p. 93-95 ; Frère, Manuel du bibliographe normand, t. ii, p. 183 ; Lebreton, Biographie normande, t. ii, p. 427-428 ; Burrel, Nouvelle biographie normande, t. ii, p. 61.

J. Carreyre.

1. LECHNER Gaspar, né à Reichenhall (Bavière), en 1584, entré dans la Compagnie de Jésus en 1600, enseigna à l’Université d’Ingolstadt et à Prague la philosophie, la théologie morale et scolastique. Il a laissé un grand nombre d’écrits philosophiques et théologiques, notamment un substantiel traité sur la prédestination : De prædestinatione et reprobatione hominum, Dillingen, 1627. Polémiste habile et redoutable, il soutint contre Thummius des luttes retentissantes sur le vieux thème luthérien du pape antéchrist. Il mourut à Prague en 1634.

Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. iv, col. 1639-1643 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 739.

P. Bernard.

2. LECHNER Ignace, né à Wurzbourg en 1728, admis au noviciat des jésuites de Mayence en 1746, enseigna la philosophie à Heidelberg et la théologie à Bamberg où il mourut le 5 mai 1770. Il convient de noter son effort pour renouveler l’enseignement théologique en Allemagne en l’appuyant sur les faits historiques et les textes conciliaires pris à des sources inexplorées : Concilia, synodi et comitia sacra Bambergensia… notis historicis et reflexionibus theologicis illustrata, Bamberg, 1770.

Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. vi, col. 1643-1646 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. v, col. 23.

P. Bernard.

1. LECLERC Jean (1657-1736) naquit à Genève le 19 mars 1657 ; il est le fils d’Étienne Leclerc (1589-1676) et le neveu de David Leclerc, ministre protestant (1591-1665). Il fit ses études d’abord à Grenoble et il vint en 1680 à Saumur où il poursuivit ses études de théologie. En 1682, on le trouve à Londres, puis un peu plus tard en Hollande avec Grégorio Léti dont il épousa la fille en 1691 ; il se lia d’amitié avec le célèbre Limborch, remontrant, et avec Locke réfugié en Hollande. Ses opinions théologiques lui attirèrent l’opposition des ministres de l’Église wallone. En 1684, il devint professeur de belles-lettres et de philosophie, puis, à la mort de Limborch, professeur d’histoire ecclésiastique au Collège des remontrants à Amsterdam jusqu’en 1728, époque où il fut frappé d’une attaque de paralysie qui lui enleva toute mémoire ; une seconde attaque en 1732 lui enleva la parole ; il mourut le 8 janvier 1736. Leclerc fut à la fois littérateur, philosophe, théologien, critique et érudit. Haag, dans La France protestante, dit de lui que « ce fut un champion courageux de la liberté de penser, ennemi intraitable du dogmatisme et de l’intolérance ; il passa sa vie à combattre pour les droits de la raison et l’on ne saurait douter que ses nombreux ouvrages n’aient contribué à accélérer le mouvement du xviiie siècle. C’est à ce titre surtout qu’il mérite notre estime et notre reconnaissance. » Il retient ici notre attention, à cause même de ses écrits subversifs qui caractérisent d’une manière précise la thèse protestante aux xviie et xviiie siècles.

On n’indiquera que les ouvrages intéressant d’une façon plus ou moins directe la théologie dogmatique on morale. Le premier écrit de Leclerc : Liberii a Sancto Amore epistolæ theologicæ, in quibus veri scholasticorum errores castigantur, in-8°, Saumur, 1679, est l’explication des mystères de la Trinité, de l’Incarnation et du péché originel suivant la méthode des sociniens qui suppriment tout mystère. — Entretiens sur diverses matières de théologie, in-8°, Amsterdam, 1685. La première partie de ce travail, qui traite de la grâce et de la prédestination, est l’œuvre de Charles Lecène, voir col. 103 ; la seconde partie, œuvre de Leclerc, comprend cinq dialogues contre les métaphysiciens qui ont obscurci les données de la révélation ; les attaques sont surtout dirigées contre Malebranche. — Sentiments de quelques théologiens de Hollande sur l’Histoire critique du Vieux Testament composé par Richard Simon, où l’on remarque les fautes de cet auteur et on donne divers principes utiles pour l’intelligence de l’Écriture Sainte, in-8°, Amsterdam, 1685, et in-4°, 1711. Cet écrit est dirigé contre le plan d’une Bible polyglotte proposé par Richard Simon. Leclerc prétend que Moïse n’est pas l’auteur du Pentateuque, que la partie historique du Pentateuque est de Josias, que le Livre de Job et ceux de Salomon sont des œuvres purement humaines. Richard Simon fit une Réponse au livre intitulé : Sentiments de quelques théologiens de Hollande…, par le prieur de Bolleville, avec de nouvelles preuves et de nouveaux éclaircissements, in-4°, Rotterdam, 1686 ; Leclerc répondit par une Défense des sentiments de quelques théologiens de Hollande… contre la réponse du prieur de Bolleville, in-8°, Amsterdam, 1686 ; Richard Simon répliqua par un livre De l’inspiration des Livres sacrés avec une réponse au livre intitulé « Défense des sentiments de quelques théologiens de Hollande », in-4°, Rotterdam, 1687. Cf. Ingold, Essai de bibliographie oratorienne, in-8°, Paris, 1880-1882, p. 128.

Leclerc fit plusieurs travaux sur la Bible : Commentaire latin de la Bible : Abdias, en 1690 ; les cinq livres de Moïse en 1673 et 1699 ; les livres historiques en 1708 ; les Psaumes, les ouvrages de Salomon et les Prophètes ne furent imprimés qu’en 1731 ; le tout en 4 vol. in-fol., 2e édit. en 1735. La méthode employée est toute rationaliste. — Novum Testamentum ex editione Vulgata, cum paraphrasi et adnotationibus H. Hammondi, 2 vol. in-fol., Amsterdam, 1698, et Francfort, 1714. — Harmonia evangelica, cui subjecta est historia Christi ex quatuor Evangeliis concinnata ; accesserunt très dissertationes, in-fol., Amsterdam, 1699, et Leyde, 1700, en grec et en latin. Les Mémoires de Trévoux de janvier 1701, p. 58-77, attaquent très vivement les notés et les dissertations, comme imprégnées de socinianisme, et se défendent contre Leclerc. Ibid., mai 1701, Avertissement. — Le Nouveau Testament traduit sur l’original grec avec des remarques, in-4°, Amsterdam, 1703, où l’on explique le texte et où l’on rend raison de la version. — Quæstiones Hieronymianæ, in-8°, Amsterdam, 1700 ; cet écrit est dirigé contre saint Jérôme qui ignorait la langue grecque et surtout contre son nouvel éditeur, le P. Martianay, qui ignore la langue hébraïque et « écrit en style de bréviaire. » — Enfin il faut citer le traité De l’incrédulité, in-8°. Amsterdam, 1696 et 1714, avec deux lettres dont le but est de prouver la vérité des faits évangéliques et des miracles du Nouveau Testament, où l’on examine les motifs et les raisons générales qui portent les incrédules à rejeter la religion chrétienne.

Parmi les ouvrages de critique et d’histoire, il faut signaler : La vie du cardinal de Richelieu, 2 vol. in 12. Cologne, 1694 et 1696 ; une troisième édition, très augmentée et dans laquelle l’auteur a mis son nom, parut en 1714 ; une nouvelle édition en 5 vol. in-12, parai en 1753 ; c’est un ouvrage très superficiel. — Parrhasiana ou Pensées sur diverses matières de critique d’histoire, de morale et de politique avec la défense,