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LEBRUN — LE CERF DE LA VIÉVILLE

Il a écrit encore dans le Journal des savants (1707) une dissertation sur les jumeaux de Vitry, une lettre à M. Thomassin de Mazangues sur les différentes leçons de ce passage de saint Paul : Quiconque mangera de ce pain. Mémoires de litt. et d’hist., t. vii, p. 1. On a aussi de lui Superstitions anciennes et modernes, d’après le P. Lebrun et l’abbé Thiers, avec des remarques par J.-F. Bernard, 2 vol. in-fol., 1735-1736. Ces deux volumes forment le 10° et le 11e des Cérémonies religieuses de tous les peuples du monde. Ajouter une lettre à M. de Torpanne, chancelier des Dombes, Journal de Trévoux, juillet 1727, sur la discussion avec le P. Bougeaut, etc. Il a laissé manuscrites des dissertations sur l’histoire ecclésiastique, un ouvrage sur le Formulaire à l’occasion des cinq propositions et un traité sur l’indéfectibilité de la foi dans l’Église. Voir Bibliothèque française ou histoire littéraire de la France, t. xiii, part. 2, art. 3. Cet article contient un mémoire très curieux sur la vie et les ouvrages de Lebrun. Le style de l’auteur est varié, coulant, un peu diffus, l’homme était très vertueux, modeste autant que savant.

Éloge historique mis en tôte du premier volume de l’Histoire critique des pratiques superstitieuses, Paris, 1750 ; Quérard, La France littéraire ou Dictionnaire bibliographique, t. v, p. 29 ; Pascal, Liturgie arménienne, appendice à Origine et raison de la liturgie ; Salaville, art. Épiclèse eucharistique, t. iv, col. 274 ; D. Cabrol, art. Amen, dans le Dict. d’arch. et lit., 1. 1, col. 1556 ; Ingold, Essai de bibliograpliie oratorienne, p. 72-76.

A. Molien. LECÈNE Charles (1647-1703), naquit à Cæn en 1647 d’une famille calviniste. Il fit sa théologie à Sedan (1669), à Genève (1669-1670), puis à Saumur (1670-1672), et, en 1682, il devint ministre à Honfleur. Dans ses sermons, il laissa percer ses tendances au pélagianisme et au socinianisme dont il ne put se justifier au synode de Charenton en 1692. La révocation de l’Édit de Nantes l’obligea de se retirer en Hollande où il se prononça pour l’arminianisme, puis en Angleterre où il publia la plupart de ses écrits. A Londres, Lecène voulut organiser une église socinienne, mais le gouvernement s’y opposa. Il mourut en mai 1703.

Les œuvres de Lecène ont des relations très étroites tantôt avec les thèses jansénistes et tantôt avec les thèses pélagiennes. L’écrit intitulé : De l’état de l’homme après le péché et de sa prédestination, in-12, Amsterdam, 1684, est tout empreint de pélagianisme. — Entretiens sur diverses matières de théologie où l’on examine particulièrement les questions de la grâce immédiate, du franc arbitre, du péché originel, de l’incertitude de la métaphysique et de la prédestination, in-12, Amsterdam, 1685 ; c’est l’exposé des opinions toutes personnelles de l’auteur. La seconde partie de cet ouvrage est l’œuvre de son ami Jean Leclerc. — Conversations sur diverses matières de religion, avec un traité de la liberté de conscience, in-12, Amsterdam, 1687. Cet ouvrage est dédié au roi de France et l’auteur y « fait voir la tolérance que les chrétiens doivent avoir les uns pour les autres et explique ce que l’Écriture Sainte nous dit des alliances de Dieu, de la justification et de la certitude du salut » ; ce n’est guère qu’une traduction de l’ouvrage de Crell, intitulé : Junii Bruti Poloni Vindiciæ pro religionis libertate. Naigeon a retouché cette traduction et l’a publiée à la suite de l’Intolérance convaincue de crime et de folie du baron d’Holbach, in-12, Londres, 1769. — Lecène s’était aussi occupé d’une traduction de la Bible : il avait publié un Projet d’une nouvelle version française de la Bible, dans lequel on justifie que les versions précédentes ne représentent pas bien le sens de l’original et qu’il est nécessaire de donner une meilleure version, in-8°, Rotterdam, 1696, et La Haye, 1705 ; réimprimé sous le titre : Nouvelle critique de toutes les versions de la Bible en français, in-12, Amsterdam, 1722, et traduite en anglais, in-8°, Londres, 1727. Ce projet fut vivement attaqué par Gousset, professeur à Groningue, dans ses Considérations théologiques et critiques, in-8°, Amsterdam, 1698. Lecène prépara une réponse qui ne fut pas publiée, mais il poursuivit son travail qui parut après sa mort, sous le titre : La sainte Bible, nouvelle version française, 2 vol. in-fol., Amsterdam, 1741. Cette publication fut faite par le fils aîné de l’auteur, Michel-Charles Lecène, qui, dans l’Avertissement, inséra un Abrégé de la vie de Charles Lecène, son père. Dans cette traduction, Lecène, sous prétexte de ne pas s’asservir à une traduction littérale et pour favoriser ses opinions personnelles, dénatura le texte, changea, supprima, ajouta ; dans le Nouveau Testament, en particulier, il s’appliqua à faire disparaître ou à atténuer les preuves en faveur de la divinité de Jésus-Christ. Aussi cette traduction fut condamnée par le synode wallon de 1742.

Michaud, Biographie universelle, t. xxii, p. 514-515 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xxx. col. 184-186 ; Haag, La France protestante, t. vi, p. 457-459 ; Lebreton, Biographie normande, t. ii, p. 428-429 ; Burrel, Nouvelle biographie normande, t. ii, p. 79 ; l’Avertissement en tête de l’édition de la Bible publiée par son fils, donne un Abrégé de la vie de Charles Lecène.

J. Carreyre.

LE CERF DE LA VIÉVILLE Jean-Philippe (1677-1748) naquit à Bouen en 1677. Il entra dans la congrégation de Saint-Maur le 18 mars 1696 et s’adonna d’abord à la prédication ; mais il tomba bientôt malade d’épuisement et il dut garder le lit durant les trente dernières années de sa vie à l’abbaye de Fécamp où il mourut le Il mars 1748. L’ouvrage capital de Le Cerf de la Viéville est la Bibliothèque historique et critique des auteurs de la congrégation de Saint-Maur, où l’on fait voir quel a été leur caractère particulier, ce qu’ils ont fait de plus remarquable et où l’on donne un catalogue exact de leurs ouvrages et une idée générale de ce qu’ils contiennent, in-12, La Haye, 1726. Cet écrit, publié malgré l’opposition des supérieurs, fut vivement attaqué par Perdoux de la Perrière, sous le pseudonyme de dom Le Bichoux de Norlas, dans une Lettre imprimée à Orléans en janvier 1727. Le Cerf prit la défense de sa Bibliothèque dans une lettre datée de Rouen, 15 mars 1727, et signée du pseudonyme de La Pipardière et promit de donner un Supplément ; Perdoux écrivit une seconde lettre avec l’aide de Laurent Josse Le Clerc. Le Cerf n’a jamais publié ce Supplément, mais, pour répondre aux attaques dont il était l’objet, il fit insérer dans la Bibliothèque française de du Sauzet une défense, 1728, t. xi, p. 167-194, et une Réponse à Laurent Josse Le Clerc, ibid., 1731, t. xvi, p. 87-107, sous la forme d’une lettre datée du 21 avril 1731 : Lettre d’un religieux bénédictin à M. de La R…, où il examine les remarques de M. Le Clerc sur quelques endroits de la Bibliothèque historique et critique. — Le Cerf a publié une Vie du cardinal du Perron, assez fantaisiste. Il a fait l’éloge de son frère, J.-L. Laurent Le Cerf de Fresneuse, dans le Mercure et une Histoire de la Constitution Unigenitus en ce qui regarde la congrégation de Saint-Maur, in-12, Utrecht, 1736, peu exacte. Enfin on attribue à Le Cerf un Éloge des Normands ou Histoire abrégée des grands hommes de cette province, in-12, Paris, 1748. Barbier prétend que cet écrit n’est qu’une réimpression de l’ouvrage publié par l’abbé Rivière sous le titre : Éloge des Normands, in-12, Paris, 1731, et qu’on a inséré seulement quelques articles de la Bibliothèque historique et critique ; mais dom Tassin certifie que dom Le Cerf avait composé une Bibliothèque des écrivains de Normandie ou Apologie des Normands.