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LEBRUN

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    1. LEBRUN Pierre##


LEBRUN Pierre, prêtre de l’Oratoire, est né à Brignoles le Il juin 1661 ; il est mort à Paris le 6 janvier 1729. Entré dans la congrégation de l’Oratoire, il étudia la théologie à Marseille et à Toulouse, professa la philosophie à Toulon, la théologie à Grenoble et fut appelé à Paris en 1690 au séminaire de Saint-Magloire où il fit des conférences sur l’Écriture Sainte, les conciles, l’histoire ecclésiastique ; l’histoire de sa vie est celle de la composition de ses ouvrages.

On lui doit : Lettres qui découvrent l’illusion des philosophes sur la baguette et qui détruisent leurs systèmes, in-12, Paris, 1693 ; l’ouvrage se compose de deux lettres à l’auteur de la Recherche de la vérité avec les réponses de celui-ci, d’une lettre de l’abbé de la Trappe àMalebranche ; Lebrun nie que les effets de la baguette divinatoire puissent recevoir une explication naturelle et s’il y en a quelques-uns de certains, il les attribue au démon : « Elle indique, dit-il, les bornes des champs, les meurtriers, les voleurs, les larcins, toutes choses qui tiennent bien plus du moral que du physique, n’est-ce point là un sujet de croire que les effets de la baguette sont au-dessus des forces naturelles ? » Préface, p. in. L’ouvrage fut réimprimé à Amsterdam en 1696, puis en 1702, mais alors considérablement augmenté et même transformé avec ce titre : Histoire critique des pratiques superstitieuses qui ont séduit les peuples et embarrassé les savants avec la méthode et les principes pour discerner les effets naturels d’avec ceux qui ne le sont pas, 3 vol. in-12. Une autre édition parut en 1732 avec une préface et un éloge de l’auteur par l’abbé Bellon, son neveu et héritier. En 1750, nouvelle édition augmentée d’un volume par l’abbé Grasset, son compatriote, où figurent trois Dissertations sur l’apparition du prophète Samuel à Saul, sur les moyens par lesquels on consultait Dieu dans l’Ancienne Loi, sur le purgatoire de saint Patrice, 4 vol. in-12, 1750-1751. — Bientôt après, il écrit Discours sur la comédie, in-12, Paris, 1694, réponse au P. Calîaro, religieux théatin, qui, dans la Lettre d’un théologien, insérée au commencement des œuvres de Boursault, avait écrit en faveur du théâtre. Lebrun montre que le théâtre a plutôt été toléré que permis et approuvé par les païens, les Pères, les docteurs, même les rois de France, comme Philippe-Auguste. Il revit son travail et une nouvelle édition parut en 1731 avec des additions et une préface de l’abbé Granet avec ce titre : Discours sur la comédie ou traité historique et dogmatique des jeux de théâtre et des autres divertissements comiques soufferts et condamnés depuis le premier siècle de l’Eglise jusqu’à présent avec un discours sur les pièces de théâtre tirées de l’Ecriture Sainte, in-12. Paris, 1731. — On a encore de lui Essai sur la concordance des temps iivcc des tables pour la concordance des ères et des époques, in-4°, 1700, dans lequel on peut voir par le moyen des colonnes l’accord ou la différence des époques. La faiblesse de sa vue l’a empêché de l’achever et de le publier.

Mais leprincipal ouvrage de I.ebrun, qu’on lit encore avec fruit est l’Explication littérale, historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la sainte messe mec des dissertations et des notes, 4 vol. in-8° ; le 1 er parut en 1716, les 3 aulres en 1726. Le premier volume peut encore être considéré comme une des meilleures explications de la ni esse ; en 1 71 K, Lebrun en donna un résumé : Manuel ou courir explication des cérémonies WOCC des pratiques pou] entrer dons l’esprit du Sacrifice.

On y trouve déjà un esprit de recherches tout moderne ; Lebrun H étudié les livres anciens ou récents des différente ! Églises ; évidemment on doit le compléter aujourd’hui, ce qu’il a dit reste exact. Dans une pré i ns Importante, il prend position entre le symbo Usm< du Moyen Age et le naturalisme absolu

de Claude de Vert ; il montre que, s’il y g des cérémo nies introduites par nécessité, d’autres, comme l’encens, les cierges, etc., ont été acceptées pour leur symbolisme. Il ouvre ainsi la voie que suivent les liturgistes modernes. Dans les trois autres volumes, qui ont vieilli un peu plus, il étudie avec beaucoup d’érudition les liturgies ambrosienne, gallicane, mozarabe, les liturgies de Constantinople, d’Alexandrie, d’Ethiopie, d’Antioche, montrant l’uniformité de toutes dans ce qu’il y a d’essentiel au saint sacrifice, uniformité détruite par les réformateurs du xvie siècle. En traitant de la liturgie arménienne, il fait cette remarque que « les paroles de l’institution sont suivies d’une prière… après laquelle on lit que la consécration est achevée, perficitur corpus et sanguis Christi », t. iii, p. v, et conclut que « c’est conjointement par ces paroles et par cette prière que la consécration est achevée ». Il admet doi c que la prière de l’invocation fait partie de la forme de la consécration. Les Mémoires de Trévoux le critiquèrent en 1717, et en 1718 parut Une Lettre d’un curé du diocèse de Paris à l’auteur du Journal de Trévoux sur le sacrifice de la messe, à laquelle Lebrun répondit : Lettre du P. Lebrun touchant la part qu’ont les fidèles à la célébration de la messe, Paris, 1718. Il admet que la consécration exceptée et l’union du Corps mystique bien entendue, les fidèles prient, offrent et sacrifient conjointement avec le prêtre parce qu’ils concourent tous en leur manière au sacrifice. La dissertation X sur la liturgie arménienne suscita une discussion plus longue et plus vive. Le P. Bougeaut, jésuite, fit imprimer : Réfutation de la dissertation sur la forme de la consécration de l’eucharistie adressée à l’auteur, in-12, Paris, 1717, à laquelle Lebrun répondit par un ouvrage de 145 p. in-8° intitulé Défense de l’ancien sentiment sur la forme de la consécration de l’eucharistie en réponse à la réfutation publiée par le P. Bougeaut, Paris, 1727. L’écrit, approuvé par 39 docteurs, donna lieu cependant à de nouvelles discussions : les journalistes de Trévoux l’attaquèrent dans leur mémoire du mois de mars 1728. Lebrun répliqua par un petit ouvrage de 27 pages : Lettre qui découvre l’illusion des journalistes de Trévoux, etc. (29 mars 1728), qui fut imprimé, mais Tournely, censeur royal, conseilla à l’auteur de ne pas le publier. C’est alors qu’un nouvel écrit : Apologie des anciens docteurs de la Faculté de théologie de Paris, Claude de Saintes et Nicolas Izambarl contre une lettre du P. Lebrun (1728), détermina Lebrun a rendre public son ouvrage et à en composer un autre qu’il n’eut pas le temps d’achever. On avait essayé de rendre l’ouvrage suspect à Rome sans y réussir ; un prélat italien lui fit seulement le reproche d’avoir traité cette question en français parce que le peuple n’a pas besoin d’être mis au courant de ces discussions. Au fond, Lebrun considérait comme nécessaire la prière appelée Epiclèse qui se trouve dans les liturgies orientales après la consécration et qui n’est pas à la même place dans la liturgie romaine, mais plutôt dans le Veni Sanctificator. Dans la XV dissertation, il est question d’une autre difficulté. Claude de Vert et ses amis, s’appuyant sur un texte d’Eusèbe qui suppose qu’au iiie siècle les (idoles répondaient amen aux paroles de la consécration, voulaient que l’on récitât le canon à haute voix ; les Jansénistes se mirent delà partie, des prêtres récitèrent le canon de façon a être entendus, et même dms le nouveau missel de Meaux on imprima en rouge des pour avertir les fidèles

de i epondre, etc. Lebrun soutint la thèse opposée ;

dans se, disseilations.il fait preuve d’une très grande érudition, il semble avoir lu tout ce qu’on avait écrit jusque là sur la matière Quand il dit que L’ÉgliSC n’.i

rien changé sur le rit de la récitation en silence »,

il se trompe ; mais il a raison qu and il affirme qu’on doit continuer de reciler le canon a oi liasse, car ce n’est pas une question d’érudition, mais de discipline.