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LE BOSSU — LEBRET

dominicain, se lia avec François Pegna, auditeur de Rote, qui le fit nommer consulteur de la Congrégation De Auxiliis. A part ses travers de ligueur, Jacques Le Bossu fut un édifiant religieux. Il voulut avoir les pauvres pour légataires et mourut à Rome le 7 juin 1626, sans avoir revu sa patrie.

A Nantes en 1589-1590, Jacques Le Bossu, comme ligueur, publia d’abord : Deux devis d’un catholique et d’un politique sur l’Exhortation faicte au peuple de Nantes… pour jurer l’union des catholiques, puis un Troisième devis… sur la mort de Henry de Valois. Dans ce dernier écrit surtout, il soutenait les plus étranges théories théologico-politiques contre la personne du roi Henri III. Il alla jusqu’à conclure qu’il était permis à tout homme de le tuer. — Sermon funèbre pour l’anniversaire des princes feuz Messeigneurs Henry et Loys de Lorraine… in-8°, Nantes, 1590… Il y rendait hommage aux victimes de l’attentat de Blois en 1588. — Le Sermon funèbre pour la mémoire de dévote et religieuse personne Edmond Bourgoin, martyrisé à Tours… in-8°, Nantes, 1690, était la glorification d’un autre martyr de la Ligue.

A Rome, Jacques Le Bossu publia un Traité contre l’adhésion aux hérétiques, s. d. Il y avançait que l’hérésie était pire que le paganisme, qui lui-même était un véritable athéisme ; conséquemment l’hérésie était athéisme et le plus énorme des péchés. Il avait commencé un travail sur l’accord du libre arbitre et de la grâce, et se proposait de rédiger des remarques sur vingt-cinq propositions de Molina : il s’arrêta à la xvi{{e}. L’œuvre fut adjointe à celle de Réginald, O. P., De mente concilii Tridentini circa gratiam per se efficacem, avec ce titre : Animadversiones in XXV propositiones P. L. Molinæ ; elle fut publiée comme œuvre posthume par les soins du P. Quesnel, in-fol., Anvers, 1706.

On s’est demandé si Le Bossu avait rédigé une sorte de Journal sur les Actes de la Congrégation de Auxiliis, pendant le temps qu’il y siégea. D’après Moréri, il est plus probable que son travail se borna à des Mémoires fournis à l’auditeur de Rote Pegna, dont l’histoire des Actes de cette congrégation demeura inédite.

Moréri, Dictionnaire historique, article Bossu (Jacques Le) ; Bayle, Dictionnaire, article Bossu ; (J.-Fr. Bouillon), Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de saint Benoit… par un religieux de la congrégation de saint Vanne, 2 in-4°, 1777-1778, t. i, p. 139 ; P. Féret, La Faculté de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Époque moderne, 6 in-8°, Paris, 1907, t. v, p. 283-288 ; Bulletin d’histoire bénédictine, supplément à la Revue bénédictine, n. 677.

J. Baudot.

LE BOUX Guillaume, oratorien français, est né à Souzé en Anjou près de Saumur le 30 juin 1621, il est mort évêque de Périgueux en 1693. Il était fils d’un conducteur de bateau et commença par être employé pour balayer les classes au collège des Pères de l’Oratoire de Saumur. Il voulut se faire capucin, mais resta peu de temps au noviciat et reprit son premier emploi. Ses talents pour l’étude et ses dispositions pour l’éloquence déterminèrent ses régents à lui conseiller d’entrer dans la congrégation de l’Oratoire.

A vingt-deux ans, pendant qu’il professait la rhétorique à Riom en Auvergne, il prononça l’oraison funèbre de Louis XIII qui eut le plus grand succès. Avec l’agrément de ses supérieurs, il devint curé de Souzé, son pays natal, mais ensuite il résigna son bénéfice et vint prêcher à Paris où il fut si goûté que M. de Harlay, alors archevêque de Rouen, l’invita à donner un avent et un carême dans sa cathédrale ; l’affluence fut si grande que tout le monde ne pouvait trouver place. L’année suivante, il prêcha le carême devant le roi et fut fort applaudi ; étant à Saumur à l’ouverture d’un jubilé, il y fit sur les indulgences un sermon si plein de doctrine que celui qui avait été envoyé par les ministres protestants pour l’entendre sortit convaincu de la légitimité des indulgences et entraîna dans la même conviction le ministre réformé lui-même. Le Boux était pendant la Fronde à Paris il y prêcha qu’on doit au roi « le respect le plus profond parce qu’il est l’oint du Seigneur, l’obéissance la plus entière parce qu’il est notre maître, le respect le plus tendre parce qu’il est notre père. » (Division du sermon publié en 1766.) Ce zèle pour la royauté lui valut d’être nommé en 1658 à l’évêché d’Acqs (aujourd’hui Dax) où il resta dix ans ; pendant ce temps, il prêcha à Bordeaux et ailleurs. En 1665, il fut nommé à l’évêché de Mâcon dont il ne prit pas possession, et, en 1667, le roi lui donna celui de Périgueux. Il établit dans son diocèse des conférences qui ont été imprimées sous le titre de Conférences de Périgueux, 3 vol. in-12. Il transféra dans la ville la cathédrale située dans la cité, y adjoignit la collégiale de Saint-Front. Il employait tout son revenu à des fondations dans ses séminaires ou dans le couvent de Notre-Dame. Il mourut le 6 août 1693, après trente-sept ans d’épiscopat dont vingt-sept à Périgueux.

On a de lui Sermons, 2 vol. in-12, publiés un siècle après (1766), à Rouen, avec dédicace à Mgr de la Roche-Foucault, archevêque de Rouen ; Conférences de Périgueux, 3 vol. in-12 ; Rituel de Périgueux (1680) ; Dissertations ecclésiastiques sur le pouvoir des évêques pour la diminution et l’augmentation des fêtes, en collaboration avec l’évêque de Saintes et l’évêque de La Rochelle, Laval de Bois-Dauphin, in-8°, Paris, 1691. Il a laissé aussi des Mémoires manuscrits.

Préface des sermons publiés en 1766 ; Gallia christiana, 1720, t. ii, col. 1487.

A. Molien.

LEBRET Mathurin, que l’on veut originaire du Maine, mineur observant de la province de Tours, profès du couvent de Laval, était qualifié par un contemporain « bon prêcheur, lettré bien famé », à la suite du carême qu’il avait donné à Laval en 1523. Il se consacra surtout à l’enseignement et pendant vingt-cinq ans il expliqua le Scriptum oxoniense du Docteur subtil. Se sentant arriver au bout de sa carrière, il voulut continuer après sa mort à travailler à la formation de ses jeunes confrères, en laissant par écrit le résumé de ses leçons. Ce ne fut pas sans peine qu’il y arriva ; enfin, le 1er novembre 1528, il remettait son ouvrage entre les mains du provincial, en le priant de le faire imprimer. Il parut sous le titre de Parvus Scotus lavallensis, que le frontispice du livre explique comme il suit : Fratris Mathurini Lebret lectura in quatuor libros sententiarum Scoti, sive clavis theologiæ scoticæ, seu parvus Scotus lavallensis dictus a prædicto venerabili patre observantino de provincia Turoninæ, familiarissimo lectore et pro actu legendi ab ipso diu continuato sæpeque repetito, annis scilicet quinque et viginti vel circa… in conventu minorum de Lavalle elucidatus et compositus, singularumque questionum Doctoris subtilis in Opere anglicano, in-4° de plus de mille pages, Angers, 1529. Les six derniers feuillets présentent une Expositio officii sanctissimæ Trinitatis et prosæ eucharistice. Le P. Lebret avertit modestement avoir mis peu de son propre fonds dans ses commentaires, mais s’être inspiré principalement des écrits d’Étienne Brulefer et de ceux du P. Nicolas Maliverne, gardien du couvent de la Baumette, près d’Angers, dont cependant on ne signale aucun ouvrage.

Wadding-Sbaraglia, Scriptores ordinis minorum, Rome, 1806 ; Hauréau, Histoire littéraire du Maine, t. vii, Paris, 1874.

P. Édouard d’Alençon.