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LEAD — LÉANDRE DE SÉVILLE

méritent cependant de retenir l’attention : le premier est l’importance qu’elle attachait à là nécessité de se préparer dès ici-bas à la résurrection. Le baptême ne renouvelle pas seulement l’âme, il met dans le corps un germe de résurrection, il en fait, en puissance, un corps ressuscité ; c’est au croyant à dégager par une activité morale continue ce corps céleste enfoui dans la matière. Pour être exprimée de façon fort bizarre, l’idée n’est pas neuve. Sur un autre point Jeanne Lead a voulu, comme toutes les visionnaires, donner des précisions, c’est sur l’eschatologie. Son œuvre peut passer pour un des innombrables commentaires de l’Apocalypse ; le millénarisme ancien y revit avec toutes ses fantaisies. Avant le millenium, d’ailleurs, paraîtra une Église toute rajeunie, toute purifiée où s’accompliront des prodiges tels qu’il ne s’en est jamais vu ; les membres de cette communauté atteindront le plus haut degré de perfection qui soit possible à l’humanité. A plusieurs reprises Jeanne pensa que la petite société animée par elle serait cette Église des derniers temps ; il lui fallut en rabattre ; en ses dernières années elle n’espérait plus voir de ses yeux de chair la réalisation de ses espérances.

Tout incohérente qu’elle soit, la mystique de Jeanne Lead n’a pas laissé d’avoir de l’influence, et les piétistes du xviiie siècle s’en sont inspirés ; il n’est que juste de remarquer que cette influence est due spécialement à la piété simple et chaude qui se remarque en beaucoup d’endroits de son œuvre. Les curieux de mysticisme y trouveraient à prendre. L’œuvre de Jeanne Lead comprend un assez grand nombre de petits traités et plusieurs ouvrages considérables, on les trouvera énumérés dans la bibliographie.

Œuvres de Jeanne Lead : Parues en anglais, elles ont toutes été traduites en allemand, à Amsterdam à partir de 1694 ; nous donnerons le titre allemand à côté du titre anglais : 1. The heavenly cloud now breaking (Die himmlische Wolke), Londres, 1681. — 2. The revelation of revelations (Offenbarung der Offenbarungen), 1683. — 3. Le groupe des six petits traités mystiques (Sechs mystiche Tractällein) comprenant a) The Enochian Walks with God (Der Henochianische Glaubens und Lebenswandel mit Gott), 1694. — b) Thelaws of Paradise (Die paradiesische Gesetzte oder der mystiche Sinn und Versland der zehn Gebothen Gottes), 1695. — c) The wonders of God’s creation manifested in the variety of eight worlds (Die in acht unterschiedlichen Welten geoffenbahrte Wunder der Schöpfung Gottes), 1695 ; il y a huit mondes, l’univers visible étant le dernier, quatre sont sans péché : le Paradis, Sion, la nouvelle Jérusalem et l’Éternité. — d) A message to the philadelphian society (Die erste Botschaft an die philadelphische Gemeinde), 1696, destiné à montrer que toutes les Églises, en dehors du groupe des philadelphes, sont rejetées par le Christ. — e) The tree of faith (Der Baum des Glaubens oder des Lebens), 1696. — f) The ark of faith (Die Arche des Glaubens), 1696. — 4. A fountain of gardens watered by the rivers of divine pleasure and springing up in all the variety of spiritual plants… (Ein Garten-Brunn… oder ein rechtes Diarium und ausführlich Tag-Verzeichnis…) 4 vol., 1696-1701 ; c’est, comme nous l’avons dit, une sorte de journal des expériences mystiques de Jeanne. — 5. A revelation of the everlasting Gospel message (Offenbarung einer Bottschaft des ewigen Evangelii), 1697. — 6. The ascent to the mount of vision (Der Aufgang zurn Berge des Schauens), 1698, où l’on traite de la première résurrection ; de l’état des âmes séparées ; du grand âge des patriarches ; du royaume du Christ. — 7. The signs of the times (Die Zeichen der Zeiten die vor dem Reiche Christi hergehen), 1633. — 8. The wars of David and the peacable reign of Salomon (Die Kriege Davids und das friedsame Reich Salomons), 1700, cet ouvrage se divise en deux parties : Alarme aux saints guerriers de l’agneau destiné à leur faire prendre les armes spirituelles pour combattre ses combats ; et la gloire de Saron ou le renouvellement de la nature qui amènera le règne de Jésus-Christ. — 9. A second and a third message to the philadephian Society (je n’ai trouvé en allemand que le troisième message : Der himmlische Botschafter eines allgemeinen Friedens oder eine dritte Botschaft an die philadelphische Gemeinde). — 10. A living funeral testimony (Eine bei lebendigem Leibe gehaltene Leich-Predig), 1702, sorte d’oraison funèbre que Jeanne prononça sur elle-même deux ans avant sa mort. — 11. The first resurrection in Christ (Die Auferstehung des Lebens oder das Königliche Merck und Kennzeichnen so denen aufgetruckt ist die mit Christo auferstanden sind), Amsterdam, 1704.

Il y a une courte biographie de J. Lead en tête des Offenbarungen der Jane Leade, Strasbourg, 1807 ; voir aussi les art. Lead (Jane), Lee (Francis), Pordage (John) du Dictionary of national biography ; l’art. Philadelphians de l’Encyclopædia of Religion and Ethics de J. Hastings, t. ix, p. 836-837.

E. Amann.

LEANDER François, de l’ordre des trinitaires réformés. Il fut professeur de théologie à Alcala, et mourut le 30 août 1669. Il publia une série de Quætiones morales theologicæ, qui parurent à Madrid, Alcala et Lyon, de 1654 à 1669. Un abrégé en fut publié à Lyon, en 1672, par le capucin Grégoire de Salamanque ; un autre, à Barcelone, en 1680, par Emmanuel de la Conception. Michel de Saint-Joseph, dans la Bibliotheca critica sacra et profana, t. iii, Madrid, 1842, p. 177, loue la clarté et la sûreté de doctrine de l’auteur des Quæstiones morales.

Kirchenlexikon, t. vii, col. 1580 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 152.

L. Marchal.

LÉANDRE DE DIJON, frère mineur capucin que nous trouvons pendant vingt ans parmi les définiteurs de la province de Lyon, mourut en 1667 dans sa ville natale. Il s’était acquis une haute réputation comme orateur sacré et ses volumineux ouvrages sont une preuve de son érudition. Outre une Oraison funèbre de Jacques de Nuchèses, évêque de Chalon, Chalon, 1658, le P. Léandre a publié : Les vérités de l’Évangile, ou l’idée parfaite de l’amour divin exprimée dans l’intelligence cachée du Cantique des cantiques, Paris, 2 vol. in-fol., 1661-1662 ; Discursus prædicabiles in aureas sententias Doctoris gentium, in-fol., Ibid., 1665. Donnant ces titres en latin et en français, les bibliographes ont multiplié les ouvrages.

Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ord. min. capucinorum, Venise, 1747 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 152.

P. Edouard d’Alençon.

LÉANDRE DE SÉVILLE, archevêque († 601). — Frère aîné d’Isidore de Séville qui lui succédera dans sa fonction épiscopale, Léandre a dû naître à Carthagène avant 549, date à laquelle son père Sévérien dut fuir cette cité ravagée par les goths ariens. Sur l’ensemble de sa famille voir l’art. Isidore de Séville, t. viii, col. 98. On ignore tout de ses débuts ; il est certain toutefois que Léandre embrassa l’état monastique ; où et quand, il est impossible de le dire. C’est probablement comme moine qu’il exerça sur le jeune Herménégilde, fils du roi arien Léovigilde l’influence qui, s’ajoutant à celle de sa femme Ingonde, fille de Sigebert et de Brunehaut, décida le jeune prince à passer au catholicisme. On sait comment cette conversion amena entre le néophyte et son père un différend qui tourna bientôt à la lutte ouverte. Cherchant un appui hors de l’Espagne, Herménégilde députa Léandre à Constantinople pour réclamer du secours au basileus Tibère IL C’est durant cette mission, laquelle d’ailleurs n’aboutit pas, que Léandre entra en rapports avec l’apocrisiaire romain, qui deviendra en 590 le pape saint Grégoire. Entre les deux hommes une étroite amitié s’établit, dont témoignent tant une lettre du pape que la dédicace qu’il fera à Léandre des Moralia in Jobum. Voir P. L., t. lxxv, col. 509 sq. La légation de Constantinople doit se placer vers l’année 581. Malgré le refus du basileus de lui porter secours, Herménégilde entrait