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LUCIUS 1er (SAINT) — LUCIUS III


suivant la donnée d’Eusèbe, qui est bien préférable à celle des catalogues romains. Le titre de martyr que Cyprien lui attribue, ainsi qu’au pape Corneille, ne doit pas donner le change sur le genre de mort de ces deux papes. Il indique seulement que l’un et l’autre ont été des témoins de la foi et ont souffert (l’exil) pour clic, Corneille à la fin de son pontificat, Lucius au début. La notice du Liber Pontificalis, suivant laquelle Lucius a Valeriano capite Iruncatus est, dérive, selon toute vraisemblance, de l’incompréhension du titre de martyr donné à ce pape par saint Cyprien. Elle est d’ailleurs en contradiction absolue avec le témoignage d’Eusèbe sur les bonnes dispositions initiales de Valérien à l’endroit des chrétiens. H. E., VII, x, 3. — L’Église honore la mémoire de saint Lucius le 4 mars, qui est, sans doute, l’anniversaire de sa déposition.

Le compilateur des Fausses Décrétales a mis sous le nom de Lucius une lettre aux évêques des Gaules et d’Espagne, relative aux précautions à prendre dans les procédures contre les évêques. Cette décrétale a partiellement son origine dans un mot du Liber pontificalis selon lequel Lucius aurait ordonné : ut duo presbyteri et très diaconi in omni loco episcopum non desererent propter testimonium ecclesiasticum. Il est impossible de dire quelle mesure authentique de Lucius est au point de départ de cette indication.

Jaffé, Regesta » onlificum romanorum, 2e édit., p. 19, 20 ; L. Duchesne, Le Liber pontificalis, 1. 1, p. xcvii, 66, 67, 153 ; Eusèbe, H. JE., t. VII, il et x ; S. Cyprien, Epist., lxi et Lxviii, édit. Hartel, t. ii, p. 695 et 748, P. L., t. iii, col. 973 et 997 ; Acta sanctorum, mars, 1. 1, p. 301-3pfi.

É. Amanx.

LUCIUS II, pape de 12 mars 1144 au 15 février 1145. — Gérard Caccianemici de Bologne, sur les origines duquel nous savons peu de choses, avait été créé cardinal de Sainte-Croix par Honorius II, dont il avait été le légat en Allemagne lors de l’élection de Lothaire de Supplimbourg, en 1125. Innocent II l’avait élevé à la dignité de chancelier de l’Église romaine. Personnage de premier plan dans le collège cardinalice, il est élu, le 12 mars pour remplacer Célestin II, lequel n’avait régné que cinq mois. Il se trouva dès le début en face des mêmes difficultés politiques auxquelles s’étaient heurtés ses deux prédécesseurs. La commune de Rome, maîtresse du Capitole, entendait reléguer le pape aux affaires spirituelles. De grosses complications surgissaient en même temps au sud de l’Italie, où Roger de Sicile prétendait bien conserver les droits que lui avait accordés Innocent II, niais que Célestin avait révoqués. C’est de ce côté que Lucius dirigea d’abord ses pas. Une entrevue eut lieu peranoen juin 1144, où l’on arriva sinon à une paix définitive, du moins à une trêve, comme Lucius le mande à Pierre de Cluny, dans une lettre du 22 septembre. Jaflé, n. 8653. Peut-être le pape espérait il quelque secours de Roger dans sa lutte contre la commune. Il songea en tout cas à se gagner la noblesse romaine et spécialement les l-’raiapani, à cjui il concéda la garde du (arque Maxime, transformé en forteresse. Jaflé, n. 8710. Pendant ce temps, la commune renforçait son organisation et mettait à sa tête, en lui donnant le titre de patrice, Jordan l’ierleoni, frère de tetl l’antipape Anælel. Au rapport d’Otton de Frisingen, une députation vint trouver le pape et le somma de transmettre au patrice tous les droits régaliens dont il disposait tant dans la ville qu’à l’extérieur ; donna vaut les prêtres devraient se contenter pour leur subsistance des dîmes et des oblations. Vivement pressé, Lucius fit appel au roi des Romains, Conrad de Ho » benstaufen élu le 7 mars et couronne à Aix-la-Chapelle le 13 mars 11.’(H. Jaflé, n. 8684, Conrad, sollicité également par les représentants de la commune, De pal H <le< ider à intervenir sur l’heure.

DICT. DE 1 lli’.ni.. r a 111° !.

Le tumulte grandissait dans Rome, comme Lucius l’écrit à Pierre de Cluny, le 20 janvier 1145. Jaffé, n. 8708. Lucius se crut assez fort pour imposer son autorité et pour déloger du Capitole la commune révolutionnaire. S’il fallait en croire le cardinal Boson, il aurait réussi dans son entreprise, senatores… de Capitolio descendere et senatum abjurare coegit, mais il serait mort soudainement très peu de temps après, en sorte que son geste aurait été inutile. La réalité semble avoir été assez différente. Les autres chroniqueurs, en effet, parlent nettement d’un assaut infructueux contre la citadelle de la commune ; et l’un d’eux, Godefroi de Viterbe, rapporte le bruit suivant lequel le pape, atteint par une pierre, serait mort peu après des suites de sa blessure. Il y eut à coup sûr une échauffourée assez vive, où il ne serait pas impossible que Lucius ait reçu quelque mauvais coup. Il mourut au couvent de Saint-Grégoire sous la protection des Fraiapani, le 15 février 1145, laissant à son successeur Eugène III une situation des plus difficiles.

Un pontificat si bref et si agité n’a pas laissé le temps à Lucius de faire grand’chose pour l’Église universelle. Signalons la liquidation en un synode romain, mai 1144, de la vieille question relative à l’indépendance religieuse de la Bretagne. Il fut entendu que dorénavant l’archevêque de Tours retrouverait sur le duché la juridiction métropolitaine qu’avait usurpée l’évêque de Dol. Roland, qui occupait pour lors le siège de cette Église, continuerait à porter le pallium, mais ses successeurs n’y auraient plus droit. Jaffé, n. 8609, 8611, 8613 ; Mansi, Concil., t. xxi, col. 619-622. Signalons encore la fin de la lutte entre le duc de Lorraine, Matthieu et l’abbaye de Remiremont, Jaffé, n. 85388540 ; la reconnaissance, une fois de plus, de la primatie, sur toutes les Espagnes, y compris le Portugal, de l’archevêque de Tolède. Jaffé, n. 8604, 8605. Au même moment Lucius acceptait l’hommage féodal du duc de Portugal, Alphonse, qui offrait sa terre à saint Pierre, avec promesse d’un tribut annuel de i quatre onces d’or ». Jaffé, n. 8570.

Jaffé, Regesta pontif. rom., 2e édit., t. ii, p. 7-13 ; Watterich, Pontif. romanorum vitm, t. ii, p. 278, 281 où l’on trouvera les textes des principales chroniques relatives au pontificat ; Duchesne, Le Liber pontif., t. II, p. 385, 1 19 ; texte des lettres et diplômes dans P. L., t. clxxix, col. 819-938 ; Baronius, Annales, an. 1144, n.l-an. 1145, n.l ; Gregorovius,

Gesch. der Stadt Rom im M. A…">' édit., 1906, t. IV, p. 460 405 ; Langen, Gesch. derrômischen Kirche, t. iv, Bonn, 1893,

p. 370-375 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. v (i, p. 7116-797.

É. Amans.

LUCIUS III, pape du 1° septembre 1181 au 24 novembre 1185. — Vainqueur de Frédéric Barberousse, mais incapable d’imposer son autorité aux Romains, Alexandre III était mort à Civita Casteliana, le 30 août 1181. Le surlendemain, les cardinaux réunis à Velletri élisent pour le remplacer suivant les formes prescrites au récent concile du Latran (1179) tiubald Allucingoli de Lucques, cpii sera couronné le dimanche suivant, (i septembre, sous le nom de Lucius III. (.’était une des personnalités les plus marquantes du sacré collège ; évèquc d’Ostie et Velletri, c’était lui qui, le 20 septembre 1159, avait, à Nimfa. couronné Alexandre III, et parla reconnu la validité de son élection, c’était lui cpii avait le plus contribué à la reconnaissance du pontife contesté. Ce n’était pas, pour autant, un ennemi irréconciliable de Frédéric Barbcrousse ; il avait été mêle de pies aux négociations qui avaient abouti au traité de mise ( 1 " aoill 1177), et a plusieurs reprises il avait incline Alexandre III à des solutions pacifiques. Mais au moment OÙ il arrive sur le trône de saint Pierre, I luhald est un vieillard. Reçu jadis dans l’ordre de < itiaux par saint Mer nard lui -même, Jaflé, n. 1 I 683, il ne devait plus être

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