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LUCAR. LA REACTION ANTIC YRILLIE NNE


1638, malgré les conférences de lassi, la mémoire du patriarche calvinisant était restée en vénération ; le culte du martyr ne pouvait aller sans celui du docteur. En 1668, trente ans après sa mort, un concile se tint dans l’île de Chypre, sous la présidence de l’archevêque de Nicosie, Hilarion Zigalas, pour condamner l’hérésie calviniste. En outre, à cette époque, Jean Claude, pasteur de Charenton, avait publié un livre pour combattre la présence réelle dans l’eucharistie ; il s’était fait une arme de la Confession de foi de Lucar. Son ouvrage fournit aux théologiens catholiques l’occasion de défendre contre les calvinistes ce que l’on regardait comme la foi constante de l’Église chrétienne : Antoine Arnauld et Pierre Nicole se proposèrent de réunir à cet effet un nombre imposant de témoignages. Il importait, à leur avis, de démontrer que la Confession de foi attribuée à Cyrille Lucar n’était pas de lui, qu’elle ne reproduisait d’aucune façon la doctrine de l’Église grecque, et qu’elle avait pour auteur quelque adepte du calvinisme. Les ambassadeurs français de Stockholm et de Constantinople furent mis à contribution. A Stockholm, M. Arnauld de Pomponne, fils d’Arnauld d’Andilly et neveu du grand Arnauld, s’occupa de trouver les renseignements demandés ; il se fit aider de Nicolas Spathar, élève des écoles grecques de Constantinople et traducteur de la Bible. En Orient, le marquis Olier de Nointel parvint à persuader Dosithée, patriarche de Jérusalem qu’il fallait absolument en finir avec le pseudo-calvinisme grec ; un synode était nécessaire. Consulté aussitôt, le patriarche de Constantinople, Denys Mouslim approuva le projet et rédigea sans tarder une lettre encyclique datée de janvier 1672 et qui reçut, outre sa signature, celles de trois ex-patriarches de Constantinople, de Païsios d’Alexandrie, ainsi que de quarante et un autres prélats. L’encyclique affirmait et maintenait la plupart des points niés ou contestés par les calvinistes. Elle devait servir de base aux discussions du synode.

Les réunions s’ouvrirent à Jérusalem au mois de mars de cette même année, sous la présidence de Dosithée ; elles émirent six décrets dont la publication fut précédée du titre suivant : « Bouclier de l’orthodoxie OU apologie et réfutation composée par le synode local de Jérusalem, présidé par Dosithée, patriarche de cette ville, contre les hérétiques calvinistes qui prétendent faussement que l’Église d’Orient professe les même dogmes qu’eux sur Dieu et les choses divines. » Comment le concile jugea-t-il Lucar ? C’est ce qu’il importe de faire ressortir. Plus de trente ans s’étaient écoulés depuis les réunions, présidées par Cyrille de Berrhée ; les passions une fois calmées, allait-on pouvoir ménager à la mémoire de Lucar un verdict moins sévère 7 Sans sortir des nouvelles assises complètement blanchie, cette mémoire fut lavée de l’accusation la plus grave ; on chercha à nier l’authenticité cyrillienne de la Confession. Le premier décret déclare, cm effet, que l’ancien patriarche n’est pas l’auteur du Credo qui porte son nom ; le second, en des termes un peu plus prudents, fait appel a l’hypothèse : dans le eu où Lucar aurait vraiment composé cette pièce, il faut avouer qu’il l’a lait a l’insu des chrétiens d’Orient ; le troisième montre que ce corps de doctrine n’est pas celui de l’Église orthodoxe : le quatrième rejette toute communication avec les calvinistes : le

cinquième explique pourquoi Cyrille a été condamné

précédemment par les deux synodes de Constantinople et « le lassi : il l’a été parce qu’il S’est refuse a déclare ! que la Confession n’était pas son œuvre et que les doctrin is dont elle est l’expression ne repre sentaient pis les siennes, Ce même décret fait ressori h que ni la lettre synodale de Parthénlos, m les i’n ont anathématisé Cyrille ; les divins (0eo ?opv.>

personnages en question voulurent avant tout plaire à Dieu, ils ont ménagé Lucar parce que ce dernier n’avait jamais paru abandonner la doctrine de l’Église orientale pour celle des calvinistes ; mais si vraiment, et c’est toujours avec l’hypothèse qu’il faut compter, si vraiment Lucar fut un hérétique calviniste et ne vint pas à résipiscence, alors, déclarent les Pères de Jérusalem, « nous sommes tous d’accord pour lancer contre lui et ses associés hérétiques une sentence d’anathème et d’excommunication à perpétuité ». Le sixième décret contient une Confession rédigée par Dosithée lui-même « pour ceux qui désirent apprendre quelle est la foi et la profession de l’Église orientale, c’est-à-dire ce qu’elle pense au sujet rie la foi ordhodoxe ». Voir ci-dessus, art. Jérusalem, t. viii, col. 1004-1006.

Ainsi les décisions hiérosolymitaines de 1672 purent fournir aux controversistes toute la documentation désirée et le marquis Olier de Nointel eut la satisfaction de les entériner et de les sceller de ses armes. Celui qui les avait élaborées était Dosithée. Ce prélat n’eut pas toujours les mêmes ménagements pour Lucar. Dans son Histoire imprimée des patriarches de Jérusalem, on le voit encore attentif à atténuer le calvinisme cyrillien. Mais, dans les fragments restés inédits de cette histoire, son jugement est amer et violent : Cyrille est « un indigne pontife ; c’est un corrupteur des bonnes mœurs, un traître à l’orthodoxie ; on peut le comparer à Julien l’Apostat ; sans doute, le prêtre Eugène l’Étolien, ancien disciple de Korydalléos et gagné aux idées calvinistes lui aussi, l’a élevé sur les autels et l’a chanté de ses tropaircs, mais c’est là un geste aussi déplacé qu’audacieux et que la communauté a unanimement réprouvé ». Cf. Papadopoulos-Kérameus.’AvâXsxTa îspoa. CTTa^uoXoytaç, Pétrograd, 1891, t. i, p. 178 sq. L’office de Lucar composé par Eugène l’Étolien est resté inédit. Cf. K. Sathas, Bibl. grœca medii œvi, t. iii, p. 443.

I. Sources.

- Outre les ouvrages d’Aymon, de Neale, de Legrand, etc., cités en signalant les œuvres de Lucar. voir Hottinger, Analecia historico-theologica, Zurich, 1652 ; Thomas Smith, Miscellanea, Londres, 1686 ; du même. Collcclanea de Cgrillo Lucario, Patr. Consl., Londres, 1707 (p. 77-83, Frugmentum t>i(.T C.nrilli Lucarii per An(onium Legerum) ; Henaudot, édition de la Perpàluilé de la foi d’Ant. Arnauld avec los additions de Kenaudot, Paris. 1782 ; Défense de « la Perpétuité de la foi », Paris, 1790 ; Rimmel, Monutnenta fldei ecclesist ortentalts, léna, 1830, t. I.

IL Travaux. — La plupart des travaux consacrés à Lucar sont dus à des protestants et a dos orthodoxes. Dans la Realene.ijclopiidie (2e édit.. 1854-1868, I Vin), article de (Jass sur Lucar ; M, Hinioris, KûpiXXo ; A.oûxapi ; 6 oix, itarp., Athènes, 1859 ; K. Sathas, NsosXsXr|V(xV| ♦iXoXofUt. Athènes, 1868, p. 2 : is sq. ; Mr. Zotos, articles dans I* Union chrétienne, 1868, mars, p. 186-1 « 4, avril, p. 18 : î-P)2 ; Oéinétracopoulos, ’EOvtXÔv ^txîp’j/ oyiov, 1870 ; du même, 1 1 poffOfjxai /a ; AiopÛcÔTti ;, Leipzig, 1871 et’EltavopOtûasic t ; jh’;  : « ;, trieste, 1872 ; M. Gédéon, k’jp’.'/Xo ; Aojxapi ;,

Constantinople, I8~r> ; P, Trivier, Un patriarche de Constantinople au AT// 1 siècle, Cyrille Lucar, s « oie et son influence, Paris, 1877 ; Pli. Meyer, Lukarls, article dans la Realencyclop &dte (3e édit. 1902, t.

Chrys. A.. Papadopoulos, ’AltoXo^fa KvpfXXou toO A.ouxâptC0(, dans la revue i

Siiôv, 1905, t. n. » 17-35 ; P.. Mtchaud, Notes sur l’Union lis Églises, dans la Revue Internationale de théologie, 1906, t. xi. p. 15 sq. ; tbtd., p. : t27 sq. ; n. s. Balanos, ’i t|j, eXoy(a KvpfXXou toj A.ovxipcu>(, Athènes, 1906 ; du mémo II ouxipeio ; ’OpioXoYta (réponse a Vélanldlotls), Athènes, r<o7 ; E, Vélanldlotls, 'O > ; r>i-p. KûptXXoç 6

-, , / ?.-. ;  :, Athènes, 1906, cf. Pli. Meyer, Butant. Zeltschr., 1907, p 617,

Par, ni les ailleurs eal lioliques, il faut signaler I.ion

Miatiiis, Putnhs nt<iu< orientait » perpétua

consenslone, Cologne, 1648 ;. Plchler, Gescnfenle des

lantlsnuis m der oriental. Ktrche im n Jahrhunderi

oder der Palrtarch Cgrlllui Lukarlsumi seine /< d, Munich,