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LOUP — LOUVARD


Servat Loup conclut : « Que chacun donc, tout bien considéré, choisisse ce que Dieu par une secrète inspiration lui aura suggéré comme le meilleur, ou ce que l’Écriture, notre vrai maître, lui aura montré par raison manifeste. » Liber, col. 646-648.

Il y aurait intérêt à étudier le dossier patristique rassemblé à l’occasion de cette controverse par l’abbé de Ferrières. On y voit figurer à côté de textes augustiniens bien connus et qui depuis quatre siècles alimentaient la discussion, plusieurs passages de saint Jérôme, de saint Grégoire et d’autres Pères encore, moins souvent cités. Le fait de les avoir réunis fait honneur aux connaissances positives des théologiens de la renaissance carolingienne en général et de l’abbé de Ferrières en particulier. L’exposé de ces difficiles problèmes est fait d’ailleurs sur un ton de modération qui contraste avec les outrances de langage de Gottschalk et de ses adversaires. Il semble que, devant la gravité du problème, les questions personnelles disparaissent complètement. Le nom du moine d’Orbais n’est même pas prononcé, mais l’abbé de Ferrières revendique le droit de soutenir les thèses qui s’appuient en définitive sur l’autorité d’Augustin. — Nous avons à peine besoin d’ajouter que les siècles suivants seront plus sévères encore que ne le fut Hincmar, aux thèses trop absolues des augustiniens t

Textes. — Les œuvres de Servat Loup n’ont été éditées qu’assez tard et d’une manière successive. La correspondance parut d’abord, éditée à Paris en 1588 par le jésuite Papire-Masson ; puis la Vie de S. Maximin dans les Vitse Sanctorum de Surius, au 29 mai ; la Vie de S. Wigbert par le jésuite Jean Burée, avec les deux homélies et les hymnes, en 1602, en appendice à l’édition des œuvres d’Hincmar. Le Liber de tribus queestionibus parut pour la première lois en 1648 par les soins d’un éditeur qui se cache sous le nom de Donatus Candidus ; trois éditions parurent en 1650 ; l’une, qui est anonyme, reproduit l’édition de 1648, mais veut distinguer, sur la foi d’un renseignement de Trithème, Loup abbé de Ferrières, l’auteur de la correspondance, et le prêtre Servat Loup, auteur du Liber ; le président Gilbert Mauguin, qui donne cette même année le Liber et les deux lettres inédites à Charles le Chauve et à Hincmar dans ses Vindicte prædesiinationis, admet lui aussi cette distinction et fait de Servat Loup un prêtre de Mayence ; le P. Sirmond, S. J., donne une édition plus correcte et établit l’identité de Loup de Ferrières et de Servat Loup. — En 1664, Baluze entreprend une édition complète des œuvres de Loup ; aux textes ci-dessus rapportés il ajoute les canons du concile de Verneuil, déjà parus dans diverses collections conciliaires ; 2e édition en 1710 ; c’est cette dernière qui est passée dans P. L., t. cxix, col 427 sq. Depuis, il n’y a plus eu d’édition d’ensemble. La Viia S. Wigberti a été publiée dans les Monum. Germ. hist., Scriptores, t. xv a, p. 36 sq. ; la Correspondance par G. Desdevises du Dezert, Lettres de Servat Loup, abbé de Ferrières. 77e fasc. de la Bibîiolh. de l’École des Hautes Éludes, sciences hist., cet auteur a tenté une classification chronologique des lettres qui a été jugée très sévèrement, cf. A. Lapôtre, dans Études, 1890, t. xlix, p. 353-394 ; nouvelle édition des lettres dans Monum. Germ. hist., Epist., t. vi a, p. 1-26.

Travaux. — Notices littéraires dans l’Histoire littéraire de la Érance, t. v, 1740, p. 255-272 ; Dom Ceillier, Histoire des auteurs sacrés et ecclésiastiques, 2e édit., t. xji, p. 500514 (dépouillement à peu près complet de la correspondance ) ; M. Manitius, Geschichte der lateinischen Literatur des Miltelalters, Munich, t. i, 1911, p. 483-490 (étudie spécialement l’œuvre philologique de Loup). — Pour la question spéciale de la controverse prédestinatienne, voir la bibliographie des art. Gottschalk, Hincmar et ajouter J. Turmel, La controverse prédestinatienne au IXe siècle, dans Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1905, t. x, p. 47 sq. ; cꝟ. 1900, t. v, p. 401 sq.

É. Amann.
    1. LOURENÇO Augustin##


LOURENÇO Augustin, jésuite portugais, né à Terena en 1633, enseigna la théologie morale et la philosophie à Lisbonne. Il devint en Angleterre prédicateur ordinaire de la reine Catherine et revint mourir dans sa patrie à Santarem, en 1695. On a de lui un

Cursus philosophicus, in-fol., Liège, 1687, et des Syntagmata theologica, 2 vol. in-fol., Liège, 1690.

Sommervogcl, Bibl. de la C’de Jésus, t. iv, col. 35.

P. Bernard.

    1. LOUVARD ou LOUVART François##


LOUVARD ou LOUVART François, béné dictin (1661-1739). — I. Vie. — François Louvard, né en 1661 à Champgénéteux dans la province du Maine, entra chez les bénédictins et fit profession, en 1679, à l’abbaye de Saint -Melaine en Bretagne. Il y resta jusqu’en 1770, s’y appliquant à l’étude des lettres sacrées et profanes. Signalé dans l’ordre comme habile helléniste, il fut appelé à l’abbaye de Saint-Denis, près Paris, et fut chargé avec dom Mathurin Vaissière de continuer les études de Jacques du Frische sur le texte de saint Grégoire^de Nazianze. Après la double apostasie de dom Vaissière, Louvard dut continuer seul le travail, y mit une ardeur infatigable au dire de dom Clémencet, compara les diverses éditions gréco-latines, les scolies d’Elias de Crète, de Basile, de saint Maxime, etc., mais il dut laisser l’œuvre inachevée. C’était l’époque où de longues et ardentes discussions allaient s’élever au sujet de la constitution Unigenitus dans laquelle Clément XI condamnait cent une propositions de Quesnel.

La constitution avait été publiée le 8 septembre 1713. Dénoncé par le P. Letellicr, dès les premiers mois de 1714, comme n’obéissant pas à toutes les prescriptions du décret apostolique, François Louvard fut exilé par dom L’Hostallerie, général de l’ordre. Il se rendit à l’abbaye de Corbie, au diocèse d’Amiens, contraint mais non résigné : le prieur du monastère ayant commencé à lire au chapitre la fameuse bulle, dom Louvard déclara que sa conscience ne lui permettait pas d’obéir au décret du pape et sortit du chapitre suivi de quelques religieux qui partageaient ses sentiments. Ce fut la première protestation de la congrégation de Saint-Maur contre la bulle Unigenitus. Louvard voulut la justifier dans un écrit que les Nouvelles ecclésiastiques analysèrent plus tard (n° du 13 février 1740). Le général de l’ordre, épouvanté, envoya Louvard au monastère de Landevenec, au fond de la Bretagne. Louis XIV étant mort (1 er septembre 1715), dom Louvard fut rappelé à Saint-Denis, avec l’un de ses confrères, dans les premiers mois de 1716. L’année suivante, dom Louvard et l’un de ses confrères de Saint-Denis adhérèrent publiquement au manifeste des quatre évêques appelants. Le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, s’étant rangé du même côté, on s’émut à Rome ; la cour de France tenta un accommodement contre lequel des bénédictins de Saint-Denis, et Louvard avec eux, firent une protestation (17 mars 1720). Les quatre évêques firent connaître qu’ils persévéraient dans leur premier sentiment. Le 4 août 1720, une déclaration du roi interdit de discuter de nouveau la bulle : « Quiconque recommencera la controverse, y lisait-on, sera poursuivi comme rebelle, séditieux et perturbateur du repos public. » Louvard, dénoncé secrètement, fut averti qu’on avait résolu de l’exiler au Mont-Saint-Michel. Le P. de Sainte-Marthe, alors général de l’ordre, essaya d’amener dom Louvard à se soumettre pour sauver la congrégation devenue suspecte : Louvard demeura ferme et se déclara prêt à subir la persécution pour ce qu’il estimait la saine doctrine. En décembre 1720, on le fit sortir de Saint-Denis pour l’envoyer dans le prieuré de Tuffé, province du Maine. Il y séjourna deux ans, écrivant de nouveaux libelles, enseignant aux simples habitants des campagnes à « distinguer la saine religion du P. Quesnel des hérésies fabriquées par les disciples de Loyola ». En février 1723, on le transfère à l’abbaye de Cormery, diocèse de Tours ; il y continue sa propa-