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LOUIS FRANÇOIS D’ARGENTAN — LOUP


Sully, capucin, Paris, 1808 ; Lectures spirituelles sur la dévotion à la T. S. V. Marie, disposées par P..1. Gœdert (Belleforme-Ramière), Paris, 1901. Enfin il existe à la bibliothèque de la ville de Rouen ms. 690 un recueil manuscrit de Conférences du P. Louis-François d’Argentan, capucin, provenant des cordelières ou dames de Saint-François, chez lesquelles elles furent probablement prononcées ; mais ce recueil, dû à la plume d’une des religieuses, ne donne qu’un aperçu des conférences du vénérable capucin.

Bernard de Bologne, Bibliotheca scriptorum ont. f. min. capuccinorum, Venise, 1747 ; Journal des savans, 1710, p. 384 (349) ; Frère, Manuil du biblioqraphe normand, Rouen, 1858 ; Souriau, Deux mystiques normands au XVII’siècle, M. de Renty et Jean de Bernières Paris, 1913. P. Edouard d’Alençon.

    1. LOUP Servat##


LOUP Servat, abbé de Ferrières (8057-802 ?). I. Vie. II. Œuvres.

I. Vie.

Servat Loup est né au début du viiie siècle dans la province ecclésiastique et peut-être même dans le diocèse de Sens, d’une famille noble qui donnera à l’Église plusieurs moines et plusieurs prélats. De bonne heure il est entré à l’abbaye de Ferrières, dans le Gâtinais. Ses heureuses dispositions pour l’étude furent vite remarquées et, comme Ferrières ne disposait pas de ressources intellectuelles considérables, le jeune Loup fut envoyé vers 828 en Germanie, à l’abbaye de Fulda, que dirigeait alors le célèbre Raban Maur, plus tard évêque de Mayence. L’abbé le prit en amitié et lui dédiera ses commentaires sur les épîtres de saint Paul. C’est à Fulda également que Loup rencontre Gottschalk avec qui il restera toujours lié. De même il noue de bonnes relations avec Éginhard, pour lors abbé de Seligenstadt ; ils échangeront plus tard un certain nombre de lettres.

En 830, Loup est de retour à Ferrières, où il se fait bientôt un nom. Présenté à la cour de Louis le Pieux, il gagne la faveur de l’impératrice Judith et, par elle, celle de Charles le Chauve. Ce dernier, en 841 ou 842, nommera Loup abbé de Ferrières, en remplacement d’Odon, compromis dans les troubles civils qui ont marqué le commencement du règne. La substitution de Loup à Odon ne se fit pas d’ailleurs sans quelque difficulté et, plus tard, le nouvel abbé aura de ce chef à subir quelques attaques. Il finit par s’imposer néanmoins pour son caractère autant que pour sa culture, à la considération de l’épiscopat franc. En diverses assemblées, concile de Verneuil en 844, réunion de Marsne, près Maëstricht, en 847, concile de Paris en 849, concile de Soissons en 853, il est le porteparole des prélats et rédige les actes conciliaires. Non moins que ces affaires ecclésiastiques, le service de la cour le distrayait des soins de son monastère. L’abbaye de Ferrières devait au roi un contingent militaire que Loup dut conduire à plusieurs reprises. Du métier des armes l’abbé ne gardera pas bon souvenir. En 844, dans la bataille livrée à Angoulême contre les Bretons de Noménoé, il pensa perdre la vie et fut fait prisonnier. Les missions pacifiques étaient davantage de son goût. Cette même année 844, il est chargé par le roi de visiter les couvents de Bourgogne. En 849 il est à Rome, envoyé sans doute en mission auprès du pape Léon IV. Malgré tout, l’abbé ne laissait pas de s’occuper activement de son monastère où il fit fleurir le goût des bonnes lettres, et dont il enrichit considérablement la bibliothèque. Il a dû mourir vers 802 ; du moins ne trouve-t-on plus après cette date de trace certaine de son activité.

II. Œuvres. — Le bagage littéraire laissé par l’abbé de Ferrières est assez mince ; mais une de ses productions théologiques doit retenir l’attention de l’historien des dogmes. — Ce n’est pas que Loup soit

un théologien de profession. Représentant, et des plus brillants, de la renaissance carolingienne, c’est avant tout un humaniste, et c’est surtout à ce titre qu’il a été étudié par les récents historiens de la littérature. Telle que Baluze l’a finalement rassemblée, l’œuvre de Loup comprend :

1° Deux compositions hagiographiques : la Vie de saint Maximin, évêque de Trêves au ive siècle, et la Vie de saint Wigbert, abbé de Fritzlar, dans la Hesse, au vin siècle. D’un style assez châtié et qui veut rappeler la langue classique, ces biographies ne brillent pas par l’esprit critique, bien que l’auteur déclare, au début de la Vie de saint Maximin, qu’il s’efforcera de dégager son sujet des éléments fabuleux qui pourraient lui enlever créance. Cf. P. L., t. xcix, col. 007-008, et voir les prodiges invraisemblables rapportés col. 073, 075, etc.

2° A cette littérature on rattachera deux homélies sur saint Wigberl (une seule en réalité, assez malencontreusement coupée en deux par le caprice d’un scribe), et deux hymnes à la louange du même saint, qui ajoutent peu de chose à la gloire de l’abbé de Ferrières.

3° D’une tout autre portée est la correspondance, rassemblée peu de temps après la mort de Loup, sans grand souci d’ailleurs de l’ordre chronologique qu’il n’est pas toujours facile de restaurer. Adressée à d’illustres personnages, à commencer par le roi Charles le Chauve et le pape Benoît III (Ep., ciii), à finir par les plus fameux évêques de l’époque, Hincmar de Reims, Raban Maur de Mayence, Jonas d’Orléans, Pardulus de Laon, Wénilon de Sens, et des abbés non moins célèbres, tels Éginhard de Seligenstadt, Marcward de Prùm, elle touche nécessairement à un grand nombre de détails intéressant l’histoire de l’Église et de l’État. Baluze, dans les notes copieuses qu’il a mises à son édition, s’est plu à relever tous ces renseignements. Les érudits modernes ont été plus sensibles à d’autres préoccupations qui se font jour dans cette correspondance. Ils ont étudié les allusions faites par Servat Loup aux livres qu’il a lus, aux manuscrits qu’il a collationnés, aux questions proprement philologiques qu’il pose ou qu’il résout. Et tout cela révèle chez l’abbé de Ferrières un goût très marqué pour les auteurs classiques, pour la culture antique, bref un véritable tempérament d’humaniste. Trois pièces intéresseront spécialement le théologien, la lettre 30 à Gottschalk, répondant à une question de celui-ci sur la vision béatifique, les lettres 128 et 129 adressées l’une à Charles le Chauve, l’autre à Hincmar de Reims et relatives à de plus difficiles problèmes, imprudemment soulevés par ce même Gottschalk. Nous en traiterons en même temps que des deux ouvrages suivants, qui se rapportent au même ordre de questions.

4° Le Liber de tribus quæslionibus et le Collectaneum de tribus quæslionibus représentent la contribution importante apportée par Servat Loup à la défense de l’augustinisme intégral au milieu du ixe siècle. On sait comment, vers cette époque, le moine Gottschalk avait scandalisé certaines personnes en insistant outre mesure sur diverses formules augustiniennes relatives à la double prédestination. Voir art. Gottschalk, t. vi, col. 1500. Le moine d’Orbais avait vu se dresser contre lui un certain nombre des prélats de l’Église franque, spécialement Raban Maur de Mayence et Hincmar de Reims. Durement traité par les conciles de Mayence 848, et de Kierzy-sur-Oise, 849, il avait été enfermé dans les prisons du monastère de Hautvilliers et, à la fin de cette même année 849, Hincmar, dans son livre Ad reclusos et simplices, entamait devant l’opinion publique le procès du moine condamné.