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LONGUERUE


n’admettait pas volontiers la contradiction. Il eut la sagesse de ne pas se mêler aux querelles religieuses, qui troublèrent si vivement la fin du xviie siècle et le début du xviiie siècle ; strictement cantonné dans les matières d’érudition, il sut ne pas prendre parti entre molinistes et jansénistes. Est-ce la raison pour laquelle on lui a reproché quelquefois la tiédeur même de ses sentiments catholiques ? Ami de plusieurs ministres protestants et tout spécialement de Pierre Allix, voir ici 1. 1, col. 894, il passait pour avoir sur le dogme de la transsubstantiation, sur la pratique de la confession auriculaire, sur le canon de la sainte Écriture, le mariage des prêtres, des idées qui le rapprochaient des huguenots. En fait, on trouve dans les Longueruana plusieurs boutades au sujet de la confession, par exemple, t. i, p. 87 ; t. ii, p. 130, qu’il convient sans doute de, ne pas prendre trop au sérieux. Il est vrai encore que l’on attribue à l’abbé le fameux Traité d’un auteur de la communion romaine touchant la transsubstantiation, où il fait voir que, selon les principes de son Église, ce dogme ne peut être un article de foi, publié à Londres, en 1686, par les soins de P. Allix. Mais Longuerue n’a jamais avoué cet écrit, et il y a là un petit problème historique qui reste à tirer au clair. L’abbé de Longuerue mourut à Paris le 22 novembre 1733.

Bien qu’il ait considérablement écrit, la production qui reste de cet auteur n’est pas très considérable. L’éditeur du travail le plus volumineux qu’on connaisse de lui, le fait remarquer dans l’avertissement : « L’étendue et la profondeur de ses connaissances ne sont ignorées de personne ; il les a puisées dans les sources, et il n’y a point de science qu’il n’ait embrassée. Mais on sait aussi, en même temps, qu’autant il se rend facile à communiquer de vive voix les découvertes qu’il a faites dans tous les genres de littérature, autant aussi a-t-il de répugnance à les publier lui-même. » Description… de la France, Avis au lecteur. Et de même Schôpflin, en présentant au public les Annales Arsacidarum de celui qu’il appelle le Varron de notre époque, fait remarquer : Incomparabilis hujus viri variæ lucubrationes, insigni doctrina et eruditione referlæ jam pridem per orbem lileratum volitant sed omnes fere manuscriptæ. Nous en sommes restés, pour ce qui concerne la publication des œuvres de Longuerue, presque au même point que Schôpflin. Mais nous pouvons dresser un catalogue plus exact des œuvres tant éditées que manuscrites laissées par cet auteur. Il est publié en tête des Longueruana, et doit être complété par un certain nombre de numéros.

L’œuvre de l’abbé de Longuerue ne touchant qu’indirectement à la théologie, nous ne signalerons ici que les travaux qui ont quelque rapport avec cette discipline. Parmi ceux qui sont imprimés, signalons :

1. Disserlatio in Tatianum, publiée dans l’édition de Tatien donnée par Guillaume Worth, Oxford, 1700. —

2. Remarques sur la vie du cardinal Wolsey, contraires à ceux qui ont écrit contre sa réputation, insérées dans les Mémoires de littérature et d’histoire, du P. Desmolets, Paris, 1729, t. viii, partie 2, p. 265 sq. — 3. Annales Arsacidarum, publiées par les soins de Schôpflin, professeur à Strasbourg, Strasbourg, 1732. — 4. Chronologie des gouverneurs de Syrie pour les Romains, des pontifes des Juifs, et des procureurs de Judée, publiée à la fin du t. il des Longueruana. — 5. Dissertation sur le passage de Josèphe en faveur de Jésus-Christ, (Antiq. jud., t. XVIII, c. iv), imprimée dans la Bibliothèque ancienne et moderne, de Jean Le Clerc, t. vu b, p. 237288 ; Longuerue est d’avis que le fameux passage est interpolé et accuse Eusèbe d’avoir f alsi fié le témoignage de l’historien juif : cette courte dissertation est un vrai chef-d’œuvre d’esprit critique. — 6. Dissertationes de variis epochis et anni forma veterum orientalium ; de vila sancti Justini, Leipzig, 1741. — 7. Traité des Annales,

où l’on examine aussi si les secrétaires des évêques… peuvent sans simonie exiger pour leurs expéditions au de la de ce que les lois canoniques leur permettent de recevoir pour leur travail, Amsterdam, 1718 ; l’ouvrage anonyme est de l’abbé Béraud, aidé de l’abbé de Longuerue, selon une note manuscrite de l’exemplaire de la Bibliothèque Nationale, E. 4418. — 8. Opuscules de M. Louis du Four de Longuerue, abbé de Sept-Fontaines, 2 vol., Yverdon, 1781.

Quant aux œuvres inédites de l’abbé de Longuerue elles remplissaient six vol. in-folio dont il n’est plus possible de retrouver la trace. Nous signalons pourtant ici quelques-uns des titres les plus intéressants pour la théologie, afin de donner une connaissance plus complète de l’auteur : 1. Dans le 1 er et le 2 8 volume se trouvaient Soixante-cinq lettres écrites au P. Pagi louchant la critique des Annales de Baronius, de l’an 1686 jusqu’à la mort du P. Pagi arrivée au mois de juin 1699 ; on relève à ce propos au Longueruana, t. ii, p. 11, les remarques suivantes. Après avoir rapporté le commerce qu’il eut avec le savant cordelier durant qu’il séjourna à Paris, Longuerue ajoute : « Quand il fut parti, notre commerce continua ; je lui envoyais continuellement des morceaux, comme par exemple tout ce qui avait rapport aux Arabes et aux autres peuples qui lui étaient inconnus. En transcrivant et abrégeant, il a fait quelques fautes qu’il aurait évitées s’il avait continué à demeurer ici. Jamais je ne vis un si bon homme, si docile, si dévoué à l’étude, si amateur de la vérité… Il ne faisait qu’étudier. Il y avait encore un homme qui ne faisait que cela, c’était Tillemont qui aurait été bien plus loin et se serait épargné bien des fautes si, à l’étude, il avait joint le secours de la conversation et des hommes. » Longuerue signale qu’il a donné des renseignements à Pagi, sur les Cagots ou Capots, sur l’histoire du célibat ecclésiastique, sur la définition des provinces suburbicaires, etc. Ibid., t. ii, p. 28, 73, 86. Une copie de cette correspondance se trouve à la Bibliothèque Nationale, Nouv. acq. franc, mss. 21 786, 21 7 8 7. —2. Au t. iii, se trouvait toute une série de dissertations et de remarques roulant autour du De mortibus persecutorum récemment découvert et que Longuerue refusait énergiquement d’attribuer à Lactance. Ces remarques et dissertations épluchaient tous les points de la chronologie du De mortibus. Voici d’après Longueruana, t. ii, p. 37, les idées essentielles de notre abbé sur ce point si controversé : « Le livre De mortibus n’est point de Lactance. Aussi le ms. sur lequel on a imprimé ce livre ne le lui donne-t-il pas : il est d’un homme outré et peu instruit. Il vous dit que depuis Domitien jusqu’à Décius exclusivement l’empire n’avait eu que de bons princes qui n’avaient pas persécuté l’Église. Il ignorait donc que Trajan, M. Aurèle et Sévère l’avaient persécutée. Il avance que Dioclétien fut forcé à quitter l’empire malgré lui ; Constantin dit tout le contraire Ad sanctorum cœtum. Il fait une triste description de l’état de misère et de mépris où, selon lui, était Dioclétien dans sa solitude, et Ëuménius parlant à Constantin en fait une description tout opposée. Il y a bien d’autres preuves de fausseté, sans compter qu’aucun auteur n’a attribué cet ouvrage à Lactance dont le style était bien au-dessus de celui de cet écrivain. » — Au même volume, se lisait une Dissertation sur les trois témoins du ciel (I Joa.)dans laquelle il est prouvé que ce passage n’est point de saint Jean ; une série de dissertations sur l’ancienne littérature chrétienne : Vita sancti Justini martyris ; Disserlatio in Tatianum (voir ci-dessus) ; Diss. in Athenagoram ; Diss. de origine hiereseon Valentini, Cerdonis et Marcionis ; De lempore quo nata est Montani hæresis ; De hwreticorum rebaptisatione. (Je ne sais s’il faut rapporter à ce dernier traité ce qui est dit Longueruana t. ii, p. 31. « Jusqu’à Urbain II on reconfirmait et on