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    1. LOLLARDS##


LOLLARDS. LES LOLLARDS EN ANGLETERRE

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Chronic. canonic. regularium… capituli Windesheimensis, 1. III. c. xli, édit. d’Anvers, 1621, p. 440, 441.

Ces deux textes montrent que les Frères de la vie commune étaient facilement assimilés aux lollards. Ces derniers étaient donc connus dans le pays. Ce qui amenait la confusion, c’était aussi bien le costume, que le genre de vie. On donnait en effet, depuis le début du xive siècle, le nom de lollards, à des personnes qui, lors des grandes épidémies de l’époque, s’étaient groupées en confréries pour soigner les malades et surtout pour enterrer les morts ; ce sont les mêmes que l’on appelait Frères de Saint-Alexis, du nom de leur patron, ou Frères cellites, sans doute à cause des cellse, des caveaux, des tombes où ils enterraient les morts. Le nom de lollard, ou plutôt lullard, de l’allemand liïllen (chantonner à voix basse surtout pour endormir un enfant) faisait allusion à la psalmodie dolente dont ils accompagnaient les convois mortuaires, lollardi sive Deum laudanles, dit Jean de Hocsem. Voir col. 911. Confrères, plutôt que religieux proprement dits, ils avaient quelque ressemblance avec les béguins ou béghards, avec qui ils ont pu être confondus. Les deux textes de Thomas à Kempis et de Jean Busche indiquent assez que des gens mal disposés pouvaient leur trouver un air d’hérétiques, et il n’est pas impossible que, dans les confréries lollardes comme dans les béguinages, il ne se soit glissé des erreurs de divers genres spéculatives en pratiques. Voir à ce sujet la bulle de Bonjface IX du 31 janvier 1395, dans Mosheim, De Bcghardis, Leipzig 1790, p. 652 sq. Mais retenons que l’on est lollard, aux yeux du peuple (surtout dans les régions de Hollande et de Basse-Allemagne), par le costume que l’on porte (un costume de pénitent), par le genre de vie que l’on mène (vie très austère et très détachée), bien que l’on n’appartienne pas à l’un des grands ordres mendiants. — Cette vue est confirmé.’par toute une série de documents qui se publient en ce moment. 1926, dans le Messager belge des Maisons religieuses.

II. Les Lollards en Angleterre.

Les confréries de lollards avaient-elles pénétré en Angleterre, c’est vraisemblable, bien que nous ne puissions absolument l’affirmer. Nous savons seulement que, de bonne heure, le nom fut appliqué aux premiers prédicateurs des doctrines iviclé/istes. La première mention officielle se rencontre en 1387 dans un arrêt de l’évêque de Worcester contre cinq prédicateurs vagabonds, tiutigatione diabolica conspirait in collegio illicito et a jure reprobalo, nomine seu rilu lollardorum confœderati. Voir le texte au complet dans Wilkins, Concilia Magnæ Brttanniæ, t. iii, p. 202. Le signalement que l’évêque en donne correspond très bien à ce que nous savons des prédicateurs wicléfistes, et l’on comprend comment le nom de lollards leur a été donné, soit qu’ils l’aient pris eux-mêmes, comme semble l’indiquer le mandement éplscopal, soil qu’il leur ait été appliqué par les fidèles. Leur costume, leur genre de vie, les rapprochaient tout

i fait des confrères lollards. Par une généralisation

facile, le mot est bientôt passé des prédicants wicléfistes a leurs adeptes, et finalement a désigné toute ie d’hérétiques. En somme, les lollards anglais sont tout simplement les adhérents de Wiclef, et il suffirait de renvoyer a ce mot, si le mouvement lollard n’avait pi is une ampleur sur laquelle il convient d’attirer l’attention.

1 Eêquisse générale du mouvement. l. Causes îles. il provient, de manière lointaine, des difficultés ent re le pouvoir religieux et le pouvoir civil, qui présentent en Angleterre une acuité particulièn Les grands dignitaires ecclésiastiques, tant séculiers que réguliers, possédant des fiefs, deviennent a ce titre d’importants personnages politiques. D’où le grand intérêt des princes a les tenir sous leur dépéri

dance et à nommer aux évêchés et aux abbayes leurs partisans les plus dévoués. Les souverains font ainsi parvenir aux hautes charges de l’Église des créatures qui ne possèdent pas toujours assez les mœurs ecclésiastiques et qui scandalisent les fidèles. De son côté le peuple, non content de blâmer le luxe exagéré et l’immoralité de certains prélats, condamne sans restriction toute propriété ecclésiastique et veut revenir à la pauvreté absolue de l’Église primitive.

La papauté est obligée d’intervenir pour maintenir l’indépendance des dignitaires du clergé et la liberté des nominations épiscopales. Elle est alors accusée d’ambition et d’immixtion abusive dans la politique intérieure, accusation qui froisse au plus haut degré l’amour-propre national.

Cette cause générale explique les conflits entre Grégoire VII et Henri IV, entre Boniface VIII et Philippe le Bel, comme en Angleterre entre Alexandre III et Henri II, puis Innocent III et Jean sans Terre. Le triomphe d’Innocent III fut presque trop complet, puisque Jean sans Terre consentit à recevoir la couronne en fief de la main du pape et s’engagea à lui payer un tribut annuel de 20 000 livres. Un pareil succès ne pouvait que provoquer une réaction. Occam, disciple de Duns Scot à Oxford, prendra ouvertement, la défense de Philippe le Bel et de Louis de Bavière dans leur lutte contre la papauté. Non seulement il refuse d’admettre la supériorité des papes sur les rois, mais il se demande si la primauté du Saint-Siège est vraiment d’institution divine. Marsile de Padoue composera peu après un ouvrage intitulé : Le défenseur de. la paix contre la juridiction usurpée du pape.

2. Le mouvement en Angleterre.

Vers 1360, parut en Angleterre un poème allégorique très lu du peuple, sous le nom de « Vision de Pierre le laboureur ». Il reproche à l’Église la simonie et l’orgueil, se plaint de ce que le pape nomme trop d’étrangers aux bénéfices d’Angleterre ; il dénonce l’avarice des ecclésiastiques et la rapacité des envoyés du Saint-Siège chargés de recueillir le denier de Saint-Pierre.

Ce sont ces doléances, en partie fondées, que Wiclef formulera avec plus de rigueur en leur donnant la cohésion d’un système. Par ailleurs, le schisme d’Occident fournira une occasion favorable aux attaques dirigées contre le chef de l’Église.

Wiclef, professeur à Oxford, connut l’apogée de son influence au moment où il fournit les arguments de complaisance que réclamait Edouard III pour se justifier de ne point acquitter le tribut promis par Jean sans Terre (1366). Il en fut aussitôt récompensé, car il fut envoyé à Bruges pour conférer avec les représentants du Saint-Siège, puis il reçut la riche cure de Lutterworth, comté de Lciccster, 1371. sans cesser d’enseigner à Oxford.

Mais Wiclef ne se contenta pas d’attaquer la papauté, ce en quoi il restait d’accord avec beaucoup de ses contemporains et de ses compatriotes, il contredit ouvertement le dogme de la sainte eucharistie (1381), ce qui le mit en conflit avec les religieux mendiants qu’il avait ménagés jusque-là pour les opposer aux prélats richement dotés. Alors, renié par le clergé, il en appela aux laïques et voulut les gagner par l’autorité de l’Écriture. Pour cela, il chercha à faire une traduction de la Bible, claire, populaire, à la portée de tous.

Mécontent de voir l’esprit mondain envahir L’Église, il voulut, sans tenir compte de la différence des temps

et des circonstances, la ramener A la pauvreté apostolique et interdire absolument la possession des biens terrestres aux différents degrés de la hiérarchie ei

liastique, Il Ira jusqu’à nier la légitimité de la propilété des clercs et pielendra que le souverain a le droit d’en priver ceux qui vivent dans le péché I I