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853 LOCKE. SYSTÈME DE PHILOS. RELIGIEUSE : DOMAINE DE NATUREL 854

est donc bien un don de Dieu, the candie of Lord, ou encore une « étincelle divine » qui est en l’homme et qui le rend en quelque sorte participant de la nature divine. Voir Rcasonabl., c. xiv. La connaissance par la raison est, selon Locke, une natural révélation, « par où le Père des lumières communique aux hommes cette portion de vérité qu’il a mise à la portée de leurs facultés naturelles « .Essai, t. IV, c. xix, § 4. Et, comme telle, elle est capable de nous donner, dans certains cas, la plus grande certitude, que Locke n’hésite pas à comparer à celle des anges et des bienheureux, « s’il est permis, ajoute-t-il, de hasarder des conjectures sur des choses inconnues ». Essai, t. IV, c. xvii, § 14.

Mais, au lieu de lui venir directement du ciel, les rayons lumineux viennent à l’homme par le détour de l’expérience. C’est pourquoi l’esprit reste une « chambre obscure >, tant qu’il n’a pas été éclairé par l’expérience ; mais) il a porte] et fenêtres sur le dehors, par où la lumière peut entrer et provoquer le déclenchement des énergies actives de la raison.

Locke reconnaît que sa théorie trace à la connaissance humaine des limites plus étroites que l’ancienne conception de l’illumination. Mais il estime que, si les hommes sont loin d’avoir une connaissance universelle et parfaite de tout ce qui existe, ils n’ont pas lieu de s’en plaindre ; car Dieu leur a accordé la lumière « avec beaucoup plus de profusion qu’aux autres habitants de ce bas monde », et celle qu’ils ont « suffît pour démêler ce qu’il est absolument nécessaire de savoir, puisque, à la faveur de cette lumière, ils peuvent parvenir à la connaissance de Celui qui les a faits et des devoirs sur lesquels ils sont obligés de régler leur vie ». Essai, Avant-propos.

Guidé par ces principes, Locke aborde l’examen de l’entendement humain avec l’intention de donner une base solide à la connaissance dans ses divers domaines et de contribuer par là à la réalisation d’une entente commune parmi les hommes. Il résulte de son analyse que toute connaissance a pour éléments indispensables les idées simples.qui ne sont autres que les données primitives et immédiates de l’expérience. C’est par elles que toute connaissance, sans en excepter les vérités révélées, se trouve être forcément limitée en étendue et en perfection. Voir Essai, t. IV, c. iii, § 6. « Toutes ces pensées sublimes, qui s’élèvent au-dessus des nues et pénétrent jusque dans les cieux, tiennent de là leur origine, et dans toute cette grande étendue que l’âme parcourt par ses vastes spéculations qui semblent l’élever si haut, elle ne passe point au delà des idées quc la sensation et la réflexion lui présentent pour être les objets de ses contemplations. » Essai, t. II, ci, §24. Or. a l’égard de ces idées », l’esprit est essentiellement récept if et passif. en ce sens qu’il n’est pas en son pouvoir d’avoir ou de n’avoir pas ces rudiments et pour ainsi dire ces matériaux de connaissance ». il, t. II, c. i, §25. Lorsque ces idées particulières se présentent a l’esprit, l’entendement n’a pas la puissance de les refuser ou de les altérer lorsqu’elles ont fait leur impression, de lis effacer ou d’en produire de nouvelles en lui-même, non plus qu’un miroir ne peut point refuser, altérer ou effacer les Images quc les objets tracent sur la glace devant laquelle ils sont I II, c. i, § 25.

qui n’empêche pas qu’unc activité intense de la

raison so pour la connaissance. Car, outre

(pula perception des Idées simples fournies par la réflexion représente déjà une activité ntre surtout en jeu dans l.i ( cm’inci proprement dite, qui est la perception de la de la disconvenance entre deux idées. "i. l’espril perçoit ce rapport tantôt sans prendre aucune i" ine, comme l’a il voit la lumière dès la seulement qu’il <st tourné vers elle c’est la conn

sance intuitive, Essai, t. IV, c. il, § 1 ; tantôt à l’aide d’intermédiaires qui la lui montrent « comme l’image d’un visage réfléchi par plusieurs miroirs », et qui perd de sa clarté à mesure que les miroirs qui se renvoient l’image sont plus nombreux : c’est la connaissance démonstrative. Essai, 1 IV. c. ii, § 6. Quant à l’existence des objets particuliers, l’esprit la perçoit en vertu « de ce sentiment intérieur que nous avons de l’introduction actuelle des idées qui nous viennent de la part de ces objets » : c’est la connaissance sensitive. Essai, 1.IV, c. ii, § 14. En dehors de ces trois sortes de connaissances, qui comportent des degrés différents d’évidence et de certitude, il n’y a que probabilité, foi, opinion, mais pas de connaissance proprement dite.

Bases philosophiques de la religion.

1. La spiritualité

de l’âme. — On a beaucoup discuté sur la doctrine de Locke sur ce point. Ceux qui ont formulé contre lui le reproche de matérialisme n’ont pas suffisamment tenu compte de la façon dont le problème se posait pour lui. Ce n’est pas tant la spiritualité de l’âme qu’il contestait que la certitude de la connaissance que nous en avons.

C’est ainsi que, selon lui, nous aurions de l’existence de notre propre âme une connaissance intuitive, qui est accompagnée de la certitude de sa nature spirituelle. « Chaque acte de sensation, à le considérer exactement, nous fait également envisager les choses corporelles et spirituelles. Car dans le temps que, croyant ou entendant, je connais qu’il y a quelque être corporel hors de moi qui est l’objet de cette sensation, je sais d’une manière encore plus certaine qu’il y a au dedans de moi quelque être spirituel qui voit et qui entend. Je ne saurais…. éviter d’être convaincu en moi-même que ce. n’est point là l’action d’une matière purement insensible et que cela ne pourrait jamais se faire sans un être pensant et immatériel. » Essai, t. II, c. xxiii, § 15.

Mais cette certitude n’appartient qu’à la connaissance que nous avons de nous-mêmes et non pas à celle que nous avons de l’âme des autres ; connaissance qui ne saurait être ni intuitive, ni démonstrative. Il est vrai que chaque homme a sujet d’être persuadé par les paroles et les actions des autres hommes qu’il y a en eux une âme, un être pensant aussi bien que dans soi-même ». Essai. I. IV. c. iii, § 21. Mais il reste que nous ne saurions résoudre cette question de fait, savoir « si un être purement matériel pense ou non », parce qu’il nous est impossible « de.découvrir par la contemplation de nos idées, sans révélation, si Dieu n’a point donné à quelques amas tic matière, disposés comme il le trouve à propos, la puissance d’apercevoir et de penser, ou s’il n’a pas uni et joint à la matière ainsi disposée une substance immatérielle qui pense. Essai, I. IV. c. iii, § (i.

Mais cet aveu d’impuissance n’équivaut pas à nier l’immatérialité de l’âme. Locke fait même remarquer expressément que les matérialistes n’ont aucune raison de crier victoire, vu que l’impossibilité d’aboutir à une connaissance démonstrative existe pour eux aussi bien quc pour les autres. Il faut quc le philosophe fasse ici un aile d’humilité et qu’il se contente d’une simple

foi ou probabilité, là où la certitude démonstrative lui

esi refusée. Du reste, toutes les grandes tins de la morale et de la religion son ! établies sur d’assez bons

fondements sans le secours (les preuves de l’immatérialité de 1 "une tirées de la philosophie, puisqu’il est évident que celui qui a commencé -i nous (aire subsister ici comme des êtres sensibles et Intelligents et

qui nous a conservés plusieurs années dans cet eiai.

peut et veut nous faire jouir encore d’un pareil état de

sensibilité dans l’autre monde, ci nous % rendre capables de rerevoir la rétribution qu’il a destinée aux

hommes selon qu’ils se seront conduits dans cette vie.