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    1. LITURGIE##


LITURGIE. FORMULES LITURGIQUES

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L’offertoire de la messe des morts sur lequel on a tant discuté : Domine Jesu Christe, etc., et bien d’autres textes que nous pourrions citer ici, suffisent à montrer que, dans le graduel, dans le vespéral, dans le responsorial et dans tous nos livres de chant, le théologien trouvera aussi à glaner.

Il faut aussi remarquer que l’Église de tout temps, en employant dans son service le texte des Écritures, s’est réservé le droit de les interpréter et même de les modifier. On verra plus loin, lectures, que dans les légionnaires on trouve le texte de la Bible combiné de diverses façons. Ces pratiques sont appliquées surtout dans le chant. Nous ne citerons que cet introït :

Nos autem gloriari oporS. Paul. Gal., vi, 14.

tet in cruce Domini nostri Mihi autem absit gloriari,

J.-C. m quo est salus, vita et nisi in cruce Domini nostri

resurrectio nostra : per quem J.-C, per quem mihi mnudus

salvati et liberati sumus. crucifixus est et ego mundo.

Mais nous pourrions multiplier ces exemples. On en trouvera quelques autres réunis dans le livre de Marbach déjà cité, Carmina scripturarum.

11. Lectures. — Les lectures, qui ne sont pas à proprement parler des prières, sont une partie essentielle de 1 : » liturgie. On peut dire qu’elles prennent place dans la plupart des offices, à la messe des catéchumènes, à l’office de matines et dans les autres offices sous forme de capitules. On ne lit pas seulement les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, mais encore les actes des martyrs, les légendes des saints, les Pères et les auteurs ecclésiastiques. Ces lectures étaient autrefois contenues dans des livres spéciaux qui tiennent dans la bibliothèque liturgique une grande place, les lectionnaires, les épistoliers, les évangéliaires, les passionnaires, les homiliaires, les légendaires, etc., et qui ont fait l’objet dans ces derniers temps de travaux remarquables. Cf. les articles Ê pitres et Évangiles, dans notre Dict. d’archéol., t. v, col. 215-311, 852-923.

Ils méritent aussi d’être étudiés par les théologiens qui doivent fixer la valeur de ces différents recueils. 11 semble bien que le canon des Écritures dans l’Église ait été composé avant tout pour les besoins liturgiques. L’Église n’adopta pas seulement les livres du canon de la synagogue de Jérusalem, connus aujourd’hui sous le nom de protocanoniques, mais encore ceux du canon d’Alexandrie, c’est-à-dire les deutérocanoniques. Elle ne fait aucune distinction entre les uns et les autres et leur accorde la même autorité divine. Bien entendu on n’arriva pas sans peine à établir cet accord. A l’origine, certaines Églises admirent à la lecture des livres comme la Didacclv, a Pasteur d’Hermas, la lettre de saint Clément, l’évangile de Pierre, etc.

D’autres en rejetèrent quelques-uns pour la lecture, comme l’Apocalypse, la seconde épître de saint Pierre, l’épître aux Hébreux, ou telle partie des évan-On trouvera le détail de ces controverses au mot Canon, des livres saints, t. ii, col. 1550 sq.

Les mêmes difficultés se présentèrent pour le choix des art es des martyrs, des légendes et des textes ou homélies des Pères.

I Muratori et surtout le décret de GélaM

tvoir art. Gélasien du Dict. d’archéol., t. VI, col. 722747), montrent la pour

rtains livres peu orthodoxes.

le concile in ZYu/to ordonnera de brûler ces livres :

ii bus falso confirl.i’sunt marli/rum

htitoriæ, ut Del martyre » Ignominia affleerent, rt qui audiluri essent ad infldelttatem deducerent, m non publicari jubemus, .<’</ ta » (gni tradi, qui ta »

admlttunt anathemattxanuu, canon 93, Mansi, Concil.,

Certains textes des Pères ou des conciles que nous allons citer parlent dans le même sens.

Gennade nous dit que Musæus, prêtre de l’Église de Marseille, hortatu sancti Venerii episcopi (Massiliensis ) excerpsit ex sanctis scripturis lectiones totius anni festivis aptas diebus, responsoria etiam et psalmorum capitula temporibus et sectionibus congruentia : quod opus tam necessarium in Ecclesia comprobatur ut expeditum. De vir. ill., 79, P. L., t. Lvm, col. 1104.

L’auteur de la vie de saint Césaire d’Arles († 544), nous apprend que celui-ci recueillit les homélies des Pères pour l’office, ut nihil nisi pietati conciliandæ aptum in ecclesia legeretur, t. I, c. xxxr.

Saint Augustin fait cette remarque à propos de la fête de saint Etienne, que l’on peut lire ses actes à l’église en toute sûreté puisqu’ils sont dans la sainte Écriture, cum aliorum martgrum gesla vix inveniamus, quæ in eorum solemnitatibus recitare possimus, hujus passio in canonico libro est. Serm., 315, P. L., V xxxviii, col. 1426.

Grégoire de Tours nous dit que les actes du martyre de saint Polycarpe sont lus en sa fête, à la messe, avant l’évangile, De gloria Mari., 1. I er, c. lxxxvi, P. L., t. lxxi, col. 781 ; mêmes témoignages pour la lecture des actes des martyrs en leur fête dans d’autres sermonnaires du ve et du vi° siècle.

Nous citerons plus loin, col. 838, le texte du concile de Laodicée, nihil a plèbe editum legatur in ecclesia, qui concerne les lectures aussi bien que les chants.

Le concile de Milève, can. 12, permet de lire les passiones martyrurn in eorum anniversario.

Un ordo publié par Tommasi nous dit à propos du pape Hadrien : Passiones sanctorum vel gesta ipsorum usque Hadriani tempora tantummodo ibi legebantur ubi ecclesia ipsius sancti vel titulus erat. Ipse vero a lempore suo recitari jussit et in ecclesia sancti Pétri legendas esse constituit. Ordo rom., publié par Tommasi, p. 404, 405.

Un autre pape, Zacharie (741-752), faisait garder précieusement ces livres des lectures : Hic in ecclesia prœdicti principis apostolorum omnes codices domus suse proprios qui in circulo anni leguntur ad matutinum, in armarii opère ordinavit.

Saint Benoît n’est que l’écho de ces précautions, quand il dit dans sa règle, c. xi : Codices legantur in vigiliis tam Veteris Testamenti quam Novi divinse auctoritatis ; sed et expositiones earum quæ a nominatissimis et orthodoxis et catholicis Palribus faclæ sunt .

On voulait même établir une certaine uniformité partout pour ces lectures, alors que longtemps le président du choeur choisissait lui-même la lecture et l’arrêtait par un geste ou par une des acclamations connues, comme Tu autem, domine, miserere nobis. Ainsi ce texte du concile de Braga, a. 563, can. 2 : Placuit ut per dierum solemnium vigilias vel missas omnes casdem et non diversas lectiones in Ecclesia leganl.

L’étude des péricopes nous montre en effet que de bonne heure, au inoins dans l’Église latine, un certain canon s’établit qui fixait telle lecture d’épître ou d’évangile à telle fête ou telle férié. La coïncidence de ces lectures dans les différentes Églises est un des laits les plus suggestifs pour l’histoire des liturgies et doit être étudié de près. Voir les articles (’pitres et / oangiles, déjà mentionnés duDicltonn, d’arch. chrét. et de liturgie.

L’autorité ecclésiastique avait donc à s’exercer sur ce terrain, Rien de plus délicat que ce sujet et, pondant longtemps, l’accord ne put se faire entre théologiens sur la valeur que conféra a un texte (actes des martyrs,

légende de saint, homélie d’un Père) "in iuserlio i dans un livre liturgique, surtout quand il S’agit du martyrologe et du bréviaire romains. Voir plus haut ce que nous avons dit sur l’autorité de ces li i.

il’OL, CA III’. I..

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