Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/420

Cette page n’a pas encore été corrigée
825
826
LITURGIE. FORMULES LITURGIQUES


avaient adopté le Deo laudes, loc. cit., art. Deo gratias, Deo laudes, t. iv, col. G52.

2. La prière litanique est l’une des plus usitées dans la liturgie antique. Mgr Duchesne la décrit ainsi : un des ministres sacrés invitait à haute voix l’assemblée à prier à diverses intentions qu’il énumérait successivement. A chaque intention il faisait une pause et tout le monde prononçait une courte formule de supplication : Kyrie eleison, Te rogamus audi nos, etc. En Orient, cette forme de prière tient encore une grande place dans la liturgie de la messe. En Occident, elle en a presque disparu mais elle y a figuré autrefois. Origines du culte chrétien, p. 106, 107. Mais il ne faut pas croire que la prière litanique se présente toujours sous une forme aussi déterminée, et on doit compléter cette définition par ce que dit plus loin le même auteur : < Les litanies sont des supplications solennelles, instituées pour appeler la protection céleste sur les biens de la terre. Ibid., p. 293. Les litanies, rogations ou supplications, sont en effet un genre de prière qui se présente sous les formes les plus diverses. Les processions avec invocations du 25 avril, celles des trois jours des Rogations, les oraisons solennelles du vendredi saint, le Kyrie eleison de la messe, la deprecatio sancti Martini du missel de Stowe et plusieurs autres prières celtiques, les Loricse elles-mêmes, toutes ces prières appartiennent au genre litanique. C’est une forme de prière tellement populaire et naturelle que l’on en a cherché l’origine soit dans les cultes païens, soit chez les Juifs, où l’on trouve en effet des prières analogues.

Il existe aujourd’hui dans la liturgie romaine six espèces principales seulement de litanies approuvées, les litanies des saints et celles des agonisants qui sont d’une origine antique, celles de la sainte Vierge qui peuvent remonter, au moins sous leur forme la plus ancienne, au xiie siècle, puis les litanies du Sacré-Cœur, celles du Saint-Nom de Jésus et celles de saint Joseph qui sont modernes. La sévérité avec laquelle l’Église romaine a repoussé les autres formes de litanies, les difficultés qu’elle a faites avant d’admettre les autres dans sa liturgie officielle, nous prouvent, mieux que tout autre exemple, la valeur dogmatique de cette prière. Elle comporte une affirmation de la foi de l’Église dans la puissance d’intercession de la prière, dans l’action de la grâce, dans la toute-puissance de Dieu et sa miséricorde, dans l’intercession des saints, etc.

Les litanies des saints sont aussi, semblc-t-il, une directive pour la dévotion populaire envers les saints. Ceux qu’elle a admis dans les litanies des saints sont les saints dont l’intercession lui a paru la plus puissante, et par suite ceux dont elle nous recommande le culte. Enfin l’usage liturgique que fait l’Église de ces grandes litanies dans les cérémonies les plus importantes, rogations, grandes litanies, prières officielles de pénitence, ordinations, consécrations, etc., nous Ht une nouvelle preuve de leur éminente dignité et doit 1rs rendre plus chères à la piété catholique.

Pour les travaux sur les litanies, voir la note à la fin’le la prière collective.

3. I.a prière rollrctiue ou collecte se rapproche beaucoup de la précédente et, dans la liturgie ancienne, il D’est p.i toujours facile de distinguer l’une de l’autre. Plus tard, la’ollecteou oraison proprement dite forma un genre ; i part. L’officiant invite les fidèles à prier Dieu d’ordinaire par ! < terme oraniu, d’autres fois par une formule un peu plus longue, comme l’orale /ralrcs de l’offertoire ou la petite exhortation qui précède les

oni du vendredi saint. Cette invitation est plus lie encore dans les liturgies gallicanes ; elle

ilvie d’un silence pendant lequel les Rdèles priaient les bras 61ev<. lei maint étend

d’autres fois à genoux et la face contre terre. Puis l’officiant élevait la voix comme pour résumer la prière de tous, d’où probablement le nom de collecte, et les fidèles répondaient Amen à la fin de la prière.

Nous rappellerons ici quelques textes bien connus des liturgistes qui montrent l’importance théologique que l’on attachait dans l’antiquité à ce genre de prière. Saint Augustin s’adressant au pélagien Vital fait allusion à une prière de l’Église d’Afrique dont la forme devait se rapprocher de la nôtre : Exsere contra oraliones Ecclesiæ disputationes tuas, et quando audis sacerdotem Dei orare pro incredulis ut eos converlat ad fidem, et pro catechumenis, ut eis desiderium regenerationis inspiret, et pro fidelibus, ut in eo quod esse cœperunt, ejus munere persévèrent, subsanna pias voces… Numquid orare prohibelis Ecclesiam pro infidelibus, ut sint fidèles, pro iis qui nolunt credere, ut velint credere, etc. Epist. 217 ad Vitalem, n. 2 et 26, P. L., t. xxxiii, col. 978, 988.

C’est aussi sur le thème de la prière litanique que raisonne le pape Célestin I er pour en tirer un argument en faveur de la doctrine de l’Église sur la grâce : Obsecrationum quoque sacerdotalium sacramenta respiciamus, quæ ab apostolis tradita in toto mundo atque in omni Ecclesia catholica universaliter celebrantur, ut legem credendi lex statuât supplicandi. Cum enim sanctorum plebium præsules mandata sibimet legatione fungantur, apud divinam clementiam humani generis agunt causam et Ma secum Ecclesia ingemiscente, postulant et precantur, ut infidelibus donetur fides, ut idololatræ ab impielalis suse liberentur erroribus, ut Judeeis ablalo cordis velamine lux veritatis appareat, ut hxretici catholicse fidei perceptione resipiscant, ut schismatici spiritum redivivse carilatis accipiant, ut lapsis pœnitentise remédia conjerantur, ut denique catechumenis ad regenerationis sacramenta perductis cœlestis misericordiæ aula reseretur. Dom Constant, Epist. Roman, Pontif., 1193, P. L., t. l, col. 535. On rapprochera tout naturellement de ce texte celui des prières que nous chantons encore au vendredi saint.

Célestin. Missel romain,

ut Judæis ablato cordis vêlaut auferat (Deus) velamine lux veritatis appareat.. ræn de cordibus eorum…

ut hæretici catholicæ fidei ut omni hteretica praviperceptione resipiscant…. tate deposita errantium cor da resipiscant….

Sur ce texte fameux, voir notre article Célestin I" (Saint) dans Dicl. d’archéol., t. ii, col. 2794 sq.

L’auteur du de Vocatione gentium se sert du même argument : Præcepit itaque apostolus… fieri obsecrationes, poslulationes, gratiarum actiones pro omnibus hominibus, pro regibus, pro iis qui in sublimitale suni. Quam legem supplicationis ita omnium sacerdolum et fidelium devotio tenet, ut nulla pars mundi sit, in qua hujiismodi oraliones non celebrcntur a populis christianis. Supplicat ergo ubique Ecclesia Deo non solum pro sanctis et in Christo jam regeneratis. sed cliam pro omnibus infidelibus, pro Judœis, pro hæreticis, et schismaticis. De vocatione gentium, t. I, c. xii, P. L., t. li, col. 664.

Il faut sans doute entendre cette uniformité dans un sens large, car les prières litaniques. même celles du vendredi saint, présentent une grande variété ; cf. les prières litaniques du Mtssale polvfcu iii, celles du Gallicanum relus, celles du Missel de 1 lobbio, celles des livres mozarabiques

L’attention des llturglstea dans ces dernières annéai s’est sur ces prières Ittantquei et collectives pour eu

r l’origine et en fixer la nleiir. Cf. entre autres :

dom BAumer, / (n Beflrap mr Erklttrunç mm Lllanten and ipp, ’.il ? ii<r tutllgen iiegnin. dans Studlm und