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LITURGIE. FORMULES I. Il I K GIQ UES


nary o/ Religions and Eiliics ; l’article Salbe, dans Realencyelopàdie fiir pr. Théologie, et notre article Huile, dans Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie.

Les signes sensibles ou éléments.

L’Église

emploie dans la liturgie diverses substances matérielles ou éléments, le pain, le viii, l’huile, les cendres, le chrême, l’eau, le feu et les cierges, le sel, la terre, les rameaux, le lait et le miel, etc. Ce sont des signes sensibles, comme il est dit dans la définition des sacrements, ou des symboles déterminés par des formules et qui signifient la grâce que l’Église entend conférer. Nous ne parlons pas ici du pain et du vin dans le sacrement de l’eucharistie qui ne sont plus seulement des signes de la grâce, mais qui perdent leur substance première et deviennent le corps et le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Quant aux autres éléments, ils sont un symbole expressif et en même temps ils ont, dans certaines circonstances, le privilège de conférer la grâce.

C’est ce que l’Église nous enseigne dans bien des oraisons. Nous ne citerons que celle-ci qui est une oraison du jour des Rameaux : Deus qui miro dispositionis ordine, ex rébus etiam insensibilibus, dispensalionem nostræ salutis oslendere voluisti.

Chacun de ces éléments a un sens particulier qui est déterminé soit par l’usage général, soit par une formule.

Ainsi le pain et le viii, dans le sacrement eucharistique, signifient, sous la forme des aliments les plus universels et les plus substantiels, la nourriture spirituelle de l’âme qui les reçoit ; ils soutiennent la vie, ils nous fortifient. Ils ont aussi un sens symbolique que l’on trouve déjà indiqué dans la prière de la Didachè et qui, depuis, a été souvent repris par les Pères : sicui hic panis dispersus erat supra montes et collectus factus est unus, ita colligatur Ecclesia tua a finibus terrée in regnum tuum… Fr.-X. Funk, Opéra Patrum apostolicorum, Tubingue, 1887, p. clxi. De même pour le viii, on rappelle que les grains recueillis sur la vigne sont réunis ensemble, foulés sous le pressoir, pour devenir un breuvage sacré, et signifient ainsi, comme le froment, l’union des chrétiens dans le Christ. Cf. Ps. Dionys., De eccles. hierarch., c. ni, § 12, P. G., t. iii, col. 444 ; Beatus et Heterius ad Elipandum, . 1, 72, P.L., t. xevi, col. 938.

Le lait et le miel offerts aux baptisés après l’eucharistie ont pour but de leur faire mieux goûter la douceur de cet aliment spirituel.

Le lait est aussi un symbole fréquemment employé et du sens le plus élevé. Il rappelle que le Christ est pasteur et qu’il nourrit de lait ses brebis. Le lait est la nourriture qui convient aux enfants, parce qu’ils ne sont pas assez forts pour supporter un aliment plus substantiel. La mère transforme pour eux en lait les aliments plus solides qu’elle prend. De même le Verbe, pour nous faire participer à sa divinité que nous n’aurions pu atteindre, s’est fait chair. Nous avons pu le voir, le toucher et l’entendre et ainsi il a transformé pour nous en un aliment accessible la divinité incommunicable ; cf. S. Augustin, In Epist. Joha., tract, iii, 1 ; cf. Enarr. in psalm.. cxliii, 2, P. L., t. xxxv, col. 1998, t. xxxvii, col. 1857.

Une oraison du léonien, qui a beaucoup préoccupé les critiques récemment, nous donne l’explication authentique de ce symbolisme : Eenedic, Domine, et has tuas creaturas fontis, mellis et lactis et pota famules luos ex hoc fonte, qui est spiritus verilaiis, et enulri eos de hoc lacté et melle quemadmodum patribus nostris Abraham, Isaac et Jacob promisisli introducere le eos in terram promissionis, terram fluentem melle et lacté. Conjunge ergo famulos tuos, Domine, Spiritui sancto, sicut conjunctum est hoc mel et lac, quo cœlestis lerrenœque substàntiie significatur unitio in Christo Jesu Domino nostro, per quem omnia. Messe du samedi de la

Pentecôte pour les nouveaux baptisés, éd. Feltoe, p. 15.

Au sujet de cette coutume, et en particulier pour l’explication de ce passage très discuté du léonien, cf. Usener, Milch und Ilonig, dans Rheinisches Muséum, t. lvii, p. 188 ; (loin Connolly, An ancient prayer in the médiéval euchologia, dans Journal o/ theological Studies, 1018, p. 142, et P. Galtier, La tradition’apostolique d’Hippolyte, particularités et initiatives liturgiques, dans Recherches de science religieuse, 1923, t. xiii, p. 5Il sq., notamment p. 517. In canon d’un concile de Carthage recommande de ne consacrer pour l’eucharistie que du pain et du vin mêlé d’eau, et de bien distinguer de la consécration de ces éléments la bénédiction du lait et du miel. IIIe concile de Carthage, 397, can. 24 ; cf. concile d’Hippone, 393, can. 23, etc. Mansi, t. iii, col. 734.

Parfois aussi, l’eucharistie est présentée avec le sel qui est un symbole d’incorruptibilité et aussi de la sagesse de la doctrine. Cet usage est mentionné dans les Clémentines, homil. xiv, 1, et homil. xiii, 8 ; voir sur ces textes, Mgr Batifîol, L’Eucharistie, 5e édit., Paris, 1913, p. 192. L’imposition du sel bénit est, selon Mgr Duchesne, une caractéristique du rit romain, Origines du culte, 4e édit., p. 303, 304. L’Église d’Afrique donnait aussi le sel bénit aux catéchumènes, IIIe conc. de Carthage, 397, canon 5.

L’eau qui est employée fréquemment dans tous les rites de lustration, est le symbole de la purification. Le sens de ce sacramentum est développé tout au long dans la préface de la bénédiction des fonts que nous avons encore au missel et surtout dans la bénédiction de l’eau pour la dédicace des églises, sancti’fleare per Verbum Dei >unda cœlestis, qui est au pontifical. Ces documents remontent, quant à leur substance, à une haute antiquité, ive -ve siècle. Cf. notre article Eau (usage de l’eau dans la liturgie), dans le Dict. d’archèol., t. iv, col. 1680 sq.

L’huile, sous la forme naturelle. ou sous celle de chrême, joue aussi un rôle essentiel dans plusieurs sacrements. Signe de force, elle rappelle l’huile dont s’oignaient les athlètes ; mais elle est aussi le signe de l’onction, elle sert de remède, ou alimente le feu. C’est ce qu’un théologien du siècle dernier résumait ainsi : Oleum enim sanat, lenit, recréât, pénétrât, ac lucet. Dens, Theologia moralis, 1832, t. vii, p. 3. Voir notre art. Huile, dans Dict. d’archèol. chrét. et de liturgie.

Les formules.

L’Église dans son euchologie se

sert de formules qui peuvent se ranger sous les catégories suivantes : acclamations ; prières litaniques et prières collectives ; prières anaphoriques ou eucharistiques ; formules de bénédictions ; exhortations ; exorcismes ; symboles de foi ; doxologies ; hy r mnes et cantiques ; psalmodie et chants.

Enfin, il y a des lectures ou leçons tirées de l’Écriture ou des auteurs ecclésiastiques, qui ne sont pas des prières proprement dites, mais qui sont une des parties essentielles de la liturgie.

1. Acclamations.

Il faudrait reprendre ici le long article que nous avons consacré à ces formules dans le Dict. d’archèol, t. i, col. 240-265 ; nous y avons montré l’importance de ces prières dont quelques-unes sont d’origine juive, Alléluia, Amen, Hosanna, et aussi leur signification théologique. — Amen, qui est la plus usitée, est un acte de foi, le signe de l’adhésion des fidèles au rite que le prêtre vient d’accomplir ou à la formule qu’il a prononcée. L’in nomine Domini noslri Jesu Christi et formules analogues sont aussi un acte de foi en la divinité de.Jésus-Christ, seul et nécessaire médiateur entre nous et Dieu le Père. Voir aussi nos articles Alléluia, Amen, Deo Gratias, Dominus vobiscum, ibid., t. I er, col. 1229-1246 ; 1554-1573 ; t. iv, col. 649-652 : 1387. A un moment, ’.e Deo gratias est opposé par les catholiques aux donatistes qui