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    1. LITURGIE##


LITURGIE. LE CADRE LITURGIQ1 I

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qu’atlachaient les papes à établir l’uniformité dans certaines questions qui touchaient à la liturgie. Il est certain, en tout cas, qu’à mesure que se fondèrent les circonscriptions ecclésiastiques, l’Église qui formait la tête de ces groupements imposa ses usages, et les Églises de moindre importance durent s’y conformer. C’est ainsi que se formèrent les principales familles liturgiques dans les Églises que nous avons nommées, Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Rome, Constantinople, .Milan. Pour l’Occident cette question a une importance capitale, au point de vue qui nous occupe, et pendant des siècles, Rome revendiqua le droit de régler la question liturgique dans le patriarcat d’Occident ; la liturgie ambrosienne et la liturgie mozarabe ne durent qu’à une tolérance de se maintenir.

En Occident plus encore qu’en Orient, les nationalités exercèrent leur action sur la formation des liturgies. Il fallut des siècles pour ramener les Goths ariens à l’unité liturgique ; les liturgies gallicanes, les liturgies celtiques, la liturgie mozarabe, les liturgies des maronites, des coptes, des arméniens doivent leur existence à des influences nationales.

2° Les divisions du temps n’exercèrent pas sur la formation de la liturgie une influence moindre que les divisions géographiques. La journée, la semaine, l’année civiles, furent le cadre naturel dans lequel s’inséra la liturgie. Les divisions liturgiques du jour répondent à peu près aux divisions civiles de la journée romaine. L’heure de la réunion fut d’abord l’heure des vigiles de la nuit. Puis on eut les heures de prime, tierce, sexte, none et vêpres. Dans la semaine, le dimanche eut, dès l’origine, une place à part et sacrée, voir art. Dimanche, t. iv, col. 1308 ; le mercredi, le vendredi et même le samedi furent aussi des jours liturgiquement privilégiés.

Le mois lunaire fut observé pour les calculs de la Pâque. Quant au mois solaire, il fut à peu près ignoré par la liturgie ancienne. Les Grecs cependant en tiennent compte dans leurs calendriers ; leurs saints sont catalogués d’après les mois de l’année, comme l’indique le nom de leurs menées (jxyjv). Il en fut ainsi pour quelques autres liturgies orientales. Voir Nilles, Kalendarium utriusque Ecclesiæ, Inspruck, 1897. Le léonien suit cet exemple. Les Quatre-temps répondent aussi à la division par mois. Mais ce n’est que dans les temps tout modernes que la division par mois tend à prendre une importance de premier ordre dans la liturgie. Nous avons déjà le mois du Sacré-Cœur, le mois de Marie, le mois du Rosaire, celui de saint Joseph, etc. Quoi que l’on pense de l’opportunité de ces développements, il faut reconnaître qu’ils n’ont pas de caractère traditionnel.

Pour l’année, la liturgie emprunta tout simplement le cadre de l’année civile, comme elle avait emprunté celui de la semaine. Mais l’ajustement comporta toujours quelques différences. Le commencement de l’année liturgique varia quelque peu, mais ne concorda jamais avec le début de l’année civile. Aujourd’hui encore, dans l’Église romaine, l’année liturgique commence avec le premier dimanche de l’Avent.

La fête de Pâques fut la première fête et la fixation de cette date donna lieu aux débats les plus vifs dès le iie siècle. Elle a été le noyau autour duquel se sont peu à peu groupées la plupart des autres fêtes. D’un autre côté se formait un autre groupe qui semble, à première vue, indépendant, bien que le 25 décembre doive probablement être mis en relation avec le 25 mars qui fut d’abord la date de Pâques. De même que la fête de laques avait entraîné comme satellites d’autres fêtes et des époques de préparation, Noël eut son Avent, et des fêtes dépendant d’elle, comme l’Epiphanie, la Purification, etc. Les deux fêtes de Noël, celle du 25 décembre et celle du 6 janvier, au lieu

d’entrer en lutte, comme les deux dates de l’âques. se combinèrent et devinrent deux fêtes distinctes.

Quelques autres dates prirent aussi de bonne heure une grande importance dans l’année liturgique, pai exemple le 25 mars, le 25 décembre, le 2 février, le 25 avril, le 1 er août, etc. Mais ces questions, qui ont une grande importance pour l’histoire de la formation du calendrier ecclésiastique, sont à peu près sans intérêt pour le sujet que nous traitons. La question de la coïncidence des dates de fêtes des saints avec certaines dates païennes, est renvoyée ailleurs. Voir notre article Fêles dans le Dict. d’archéol, t. v, col. 1403-1452.

Pendant que le propre du temps se constituait autour des fêtes de Pâques et de Noël, le propre des saints s’organisait de son côté. On honora les martyrs sur le lieu de leur tombeau, puis les confesseurs et les vierges. Quelques dates, comme celles de saint Pierre et saint Paul au 29 juin, celle de saint Jean-Baptiste au 24, etc., remontent à une haute antiquité. Les fêtes des saints, d’abord assez rares au calendrier liturgique, finirent par se multiplier à un tel point qu’elles annulèrent à peu près l’importance du propre du temps, et de nos jours une réaction se dessine pour supprimer quelques-unes de ces fêtes.

On peut distinguer aujourd’hui dans la série de ces fêtes : les fêtes de Notre-Seigneur, celles de la sainte Vierge, celles des martyrs, des confesseurs, des docteurs, des vierges, des saintes femmes ; les fêtes locales ; les fêtes des saisons ; les fêtes qui remplacent des anniversaires païens.

Ce n’est pas le lieu de traiter longuement cette question. Nous nous contenterons de dire que les fêtes de Notre-Seigneur célèbrent les principaux mystères de sa vie et l’année liturgique devient ainsi un commentaire mystique et détaillé du symbole : incarnatus est, cruciflxus, passus, sepultus, resurrexit, ascendit in cœlos.

La plupart des mystères de la vie de Notre-Seigneur ont aujourd’hui leur fête sur le cycle. Après la nativité, la passion, la résurrection et l’ascension, qui ont été les premières célébrées comme fêtes, nous avons eu la présentation au temple, le Précieux Sang, la transfiguration, la circoncision, les fêtes de la croix, celles du Saint-Sacrement, du Sacré-Cœur, sans parler de celles qui sont des fêtes votives, comme la fuite en Egypte, la sainte couronne, la sainte lance, le saint suaire, etc. La plupart de ces fêtes ont une portée dogmatique et les formules employées, oraisons, préfaces, lectures précisent cet enseignement. Nous n’aurions ici que l’embarras du choix. Il est clair, par exemple, que dans la fête de l’Ascension ces mots de la préface, qui (Christus) post resurrectionem suam omnibus discipulis suis manifestus apparuit, et ipsis cernentibus est elevatus in cœlum, ut nos divinitaiis suse tribueret esse participes, et ceux du Communicantes, et diem sacratissimum célébrantes, quo Dominus noster, unigenitus filius luus, unitam sibi (ragililatis nostrae substanliam in gloriee tuse dextera collocavit, nous donnent la pensée et la doctrine de l’Église sur l’union de la nature divine et de la nature humaine en la personne du Fils, et de notre élévation à l’ordre surnaturel. Dans la fête du Saint-Sacrement, nous avons tout un traité sur l’eucharistie ; la fête du Sacré-Cœur contient aussi un enseignement très circonstancié sur le mystère de la rédemption. La fête de la Trinité, qui ne fut reçue qu’assez tard dans l’Église, se présente comme une thèse sur ce mystère.

L’importance et le nombre des fêtes de la sainte Vierge dans l’année liturgique est une preuve solide et ancienne du culte d’hyperdulie qui fut rendu à Mario dans toutes les Églises. Quelques-unes, comme celles de l’Immaculée conception ont fourni à la définition dogmatique leur base la plus solide, voir la bulle Inef/abilis lue à l’office et l’art. Immaculée Conception,