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813 LITURGIE. LES LIVRES LITURGIQUES, LEUR DEGRÉ D’AUTORITÉ 814

suppression du vieux rite national, ils y trouveront une doctrine parfaitement saine, pure de toute erreur et exprimant avec une admirable précision, parfois dans un merveilleux langage, les mystères les plus élevés de la foi orthodoxe. » Liber ordinum, p. xxin. Dans son Liber mozarabicus sacramentorum, p. xxix, dom Férotin revient sur cette question : « La liturgie antique de Tolède est-elle pure de toute hérésie ? Pour quiconque a étudié dans leur ensemble les textes de cette liturgie et s’est familiarisé avec l’enseignement doctrinal qu’ils renferment, pour tout lecteur qui a eu la loyauté d’aborder ce sujet sans idées préconçues, la réponse est facile. Il s’agit seulement de ne pas isoler un mot de son contexte, d’éclairer par la comparaison les passages obscurs, de se rappeler que ces prières liturgiques ne sortent pas du cerveau d’un saint Thomas d’Aquin, encore moins d’un théologien du xxe siècle : en un mot, de traiter les documents mozarabes comme une œuvre littéraire, quelle qu’elle soit, a droit d’être traitée. » Il étudie ensuite les textes invoqués par Élipand et montre que le mot adoptio doit être pris dans le sens de adsumptio si commun dans les documents mozarabes. Adoptivus homo, adoptata caro, répondent à assumptus homo, assumpta caro. Loc. cit., p. xxxi, xxxii.

Cette démonstration n’a pas convaincu tout le monde, en particulier Edmond Bishop, dans les Liturgica historica ; dom Guéranger admet aussi l’erreur adoptianiste dans cette liturgie, Institut, liturg., loc. cit., 1. 1, p. 202 sq. et 268.

En 918, après que la dispute sur l’adoptianisme se fut apaisée, un concile romain qui eut à examiner le missel mozarabe, se prononça pour sa parfaite orthodoxie. Baronius, Annales, an. 918 ; Morales, Chron. hispan., t. XV, c. xlvii, cf. Liber ordinum, p. ix, xix.

Plus tard, au xie siècle, lorsque Alexandre II et Grégoire VII voulurent abolir la liturgie mozarabe pour la remplacer par la liturgie romaine, la question d’orthodoxie se posa à nouveau. On raconta que deux chevaliers, l’épée au vent, furent chargés de soutenir l’un le rit mozarabe, l’autre celui de Rome. La victoire se prononça en faveur de ce dernier. Mais on recourut à un autre jugement ; dans l’épreuve du feu à laquelle furent soumis les deux rits opposés, le livre de l’office gallican (romain) fut consumé, tandis que l’office de Tolède s’élança du bûcher, intact, exempt de toute trace de brûlure. Il est inutile de dire que ces récits sont sujet s a caution. Quoi qu’il en soit du reste, après le concile de Jacca en Aragon, en 1063, et après celui de Barcelone en 1068, et l’intervention d’Alexandre II et de Grégoire VII, le ril mozarabe fut aboli en Espagne. Le cardinal Ximénès, comme nous l’avons dit, au commencement du xvr siècle, restaura dans l’église de Tolède, avec l’approbation de Jules II. la liturgie mozarabe. Les deux bulles du pape de 1508, louent l’office mozarabe comme très ancien, rempli de dévotion, et ne font aucune réserve sur son orthodoxie.

Pour dire toute notre pensée, il nous semble que le dernier mot n’a pas encore été dit et qu’il y aurait avantage à voir tout cette question reprise par un théologien doublé d’un critique, aujourd’hui surtout que les éditions de dom Férotin et les recherches d’Ed. Bishop, de Mercatl et de. dom de Bruyne ont jour de nouveaux documents.

Nous nous contenterons ici d’appeler l’attention sur quelques points de doctrine. Dans l’ensemble, nous constatons que cette liturgie se rapproche de la liturgie gallicane, non seulement par le style, l’ampleur et la prolixité des développements, la ferveur du ton. IUTtOUl dans les tnlattnnrs (préfacesi qui, , , , 1 parfois plucolonnes, le mauvais goût, mais aussi par l’expo ii des mêmes thèses t béologiques,

La doctrine sur la Trinité, sur l’incarnation, sur le

péché originel, sur l’universalité du salut, sur la grâce, sur la rédemption par la croix offrent souvent les mêmes développements. Nous retrouvons ici une grande variété de doxologies, dirigées évidemment contre des ariens (on notera dans le Liber ordinum l’appendice VI dans lequel le diligent éditeur a réuni les doxologies diverses qui sont d’un grand intérêt théologique). La prière est fréquemment adressée au Fils. Le fameux texte sur lequel s’appuyait surtout Élipand, et quos fecisli advbtionis participes, se trouve cité dans le Liber ordinum, p. 422. Il faut ajouter que l’on y trouve de nombreux textes qui s’expriment avec toute la précision désirable, sur la filiation divine, notamment. Liber ordinum, p. 317, 367, 391, 414, etc.

Il y a aussi quelques textes sur le purgatoire et plusieurs autres sur les morts qui donnent à penser que, chez les mozarabes comme chez les gallicans, on s’imaginait que les fidèles après leur mort allaient dans un lieu qui semble les limbes, où ils attendaient dans la paix et la joie le moment de la résurrection qui les introduirait définitivement dans le ciel. Liber ordinum, p. 134, 138, 278, 396, 401, 408, 421, 422, e.tc. Il y a cependant d’autres textes qui peuvent s’interpréter de la rétribution immédiate, ibid., p. 300, 396, 398, etc. Cette apparente contradiction, sur ce point comme sur d’autres, s’expliquera facilement, si l’on se rappelle que la plupart des livres liturgiques sont des compilations où l’éditeur n’a guère fait que choisir dans diverses collections, les pièces qui lui convenaient. La descente du Christ aux enfers est enseignée ici avec la même fréquence et le même détail que dans les livres gallicans, p. 78, 122, 196, 202, 271, 395, etc.

Les oraisons post nomina dont quelques-unes sont aussi longues que les inlationes, développent parfois ce thème : le fidèle, qui présente son offrande à l’offertoire, demande à Dieu qu’en récompense il inscrive au livre de vie, quand ce serait sur ses dernières pages, les noms que nous inscrivons ici-bas au livre des diptyques, ibid., p. 308, 309, cꝟ. 331, 332. Certaines épiclèses semblent aussi attribuer au Saint-Esprit la transformation des éléments, cf. Liber ordinum, p. 265 et 430 et la note de l’éditeur, p. xxii sur les post pridie et les épiclèses.

On trouvera une bibliographie assez complète de la liturgie mozarabe dans dom Férotin, Liber ordinum, p. x, et dans l’article de H. Jenncr. Moxarabic Rite (auquel dom Férotin a collaboré), dans Catholic Encyctoprrfia, t.. p. 611-623. Il y faut ajouter les travaux de Bishop et de Mercatl, cf. Lilurgira historien. Les travaux les plus considérables et les plus utiles pour la question théologique sont ceux de l’inius, dans les Acta sanrtonun, juillet, t. vi, réimprimé dans HiaiK’hini, Thomasii opéra omnia, Rome, 17 il, avec d’autres travaux sur la liturgie mozarabe ; ceux de Florez, EspoUla sagrada, Madrid, 1847 ; ceux de Lesley, dans P. L., t. i.xxxv-i.xxxvi. Cf. aussi dom de Bruyne. De V origine de linéiques textes liturgiques mozarabes, dans i-. Revue bénédictine, oct. 1912, p. 121 sq.

4. Liturgie nmbrosienne.

Au mot Amhuosien (Rite), t. 1, col. 954 sq., le sujet a été traité : nous nous contenterons d’y renvoyer.

4° Les livres de. In liturgie romaine actuelle. — Les livres officiels de la liturgie romaine actuelle sont le missel, le bréviaire, le pontifical, le rituel, le cérémonial des évoques et. le mari yrologe.

Ces livres, à l’époque du concile de Trente, étaient dans un assez triste étal par suite de la négligence des copistes et des imprimeurs ou par diverses ai

causes L’attention avait été ramenée vers la liturgie par les attaques des protestants. Les évéques peu

sèrent que, dans cet ensemble de réformai encouragées

par le concile, un de leurs premiers devoirs étall une

révision de < es livres. Ils en confièrent nat urellenienl le soin au Saint Siège qui avait du reste. de|.i. coin-