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    1. LITURGIE##


LITURGIE. LES LIVRES LITURGIQUES, LEUR DEGRÉ D’AUTORITÉ

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publié dans le Musseum italicum, a été reproduit dans Migne, P. L., t. lxxvhi. Les textes trouvés par M. de Rossi.et par Duchesne ont été reproduits dans les Origines du culte chrétien, Appandice.

Le rouleau de Ravenne publié par Ceriani, et les oraisons publiées par M. Châtelain peuvent aussi se rattacher au type de là liturgie romaine.

Le rouleau de Ravenne a ét6 publié sous ce titre II rololo opislogra/o del principe Antonio Pio di Savoia, in-fol., Milan, 1883, réédité dans VArchiuio storico Lombardo, ï884, p. 1 sq. Les oraisons trouvées par M. Châtelain ont été publiées dans V Introduction à la lecture des notes lironiennes, Paris, 1900, pl. xiii, p. 229, et ensuite par Mgr Mercati, qui les a commentées, dans Sludie Tesli, fasc. 7, p. 35. Les oraisons du rouleau de Ravenne, qui remontent peut-être au v c siècle, contiennent une doctrine très élevée sur l’incarnation avec des allusions à l’enseignement proclamé au concile d’Éphèse. Cf. notre article : L’avent liturgique, dans Revue bénédictine, déc. 1905, p. 484-495, et Avent dans le Dict. d’archéol. chrét. et de liturgie, 1. 1, col. 3223 sq.

Nous aurons à revenir plus loin sur les livres de la liturgie romaine actuelle, voir col. 814.

3° Livres des liturgies gallicane, celtiques, mozarabe, ambrosienne. — 1. La liturgie gallicane. — On entend par liturgie gallicane une liturgie qui fut en usage en Gaule avant Charlemagne. Il est presque inutile de rappeler que cette liturgie n’a aucune relation avec les liturgies composées en France du xviie au xixe siècle, et qu’on a appelées à tort liturgies gallicanes. On devrait maintenir le nom de néo-gallicanes qui les distingue de l’ancienne liturgie gallicane. Celle-ci exista légitimement en Gaule, au même titre que la liturgie mozarabe en Espagne, et la liturgie ambrosienne à Milan, jusqu’au jour où elle fut abolie, non par une intervention directe des papes, mais par Pépin et Charlemagne. Nous nous occuperons plus loin des liturgies néogallicanes qui furent créées d’ordinaire sous la poussée des aspirations gallicanes ou même jansénistes et furent abolies au xix c siècle par un accord entre le pape et les évêques français et sous l’influence irrésistible d’un mouvement vers l’unité romaine.

Il est assez difficile d’établir le bilan de la liturgie gallicane. Elle n’existe qu’à l’état fragmentaire, mais ces documents nous donnent une idée assez satisfaisante de ce que fut la liturgie en Gaule du ive ou ve siècle jusqu’au ix e.

Les principaux de ces documents sont les Messes de Mone, le Leciionnaire de Luxeuil, le Missale golhicum le Missale gallicanum vêtus, le Missale Francorum.

Il existe en outre quelques autres documents gallicans de moindre importance, du moins pour notre propos, et dont on trouvera l’énumération très détaillée dans dom Leclercq, Gallicane (Liturgie) du Dict. d’archéologie chrétienne et de liturgie, t. vi, col. 493 sq. Sur les lettres de saint Germain de Paris, voir dans le même dictionnaire l’article de dom "Wilmart, Germain de Paris (Lettres attribuées à saint), t. vi, col. 1049 sq., qui démontre que ces lettres sont d’un anonyme qui ne saurait être antérieur à la fin du viie siècle, ce qui diminue singulièrement la valeur de leur témoignage. a) Les messes de Mone. — Le ms. CCLiu de la bibliothèque de Carlsruhe, qui provient de l’abbaye de Reichenau, contient, entre autres fragments palimpsestes, les débris de onze messes déchiffrées et publiées par Fr.-Jos. Mone. Son opinion, qui fait remonter ces messes au iie siècle, est dénuée de tout fondement, il est à peine nécessaire de le dire. Dom Wilmart, qui a rétabli l’ordre de ces messes, nous dit que ces feuillets furent un petit missel gallican complet en sept messes ; savoir six messes dominicales et une messe propre de saint Germain d’Auxerre. Cette messe le localise en Rourgogne, d’après dom Wilmart, et l’écriture nous ramène au viie siècle. Le texte ne saurait remonter

beaucoup plus haut mais, pour la liturgie gallicane, il est peut-être le plus intéressant et le plus curieux que nous possédions, parce qu’il est purement gallican et ne contient pas d’additions romaines comme les autres documents gallicans.

C’est donc dans ce document qu’il faudrait étudier surtout la doctrine de l’Église gallicane. Or, cette doctrine est très remarquable et d’ordinaire très exacte. Sur la Trinité, elle distingue avec beaucoup de précision l’unité de substance dans la Trinité des personnes, cf. p. 19, 20, 22, etc., et paraît viserles erreurs ariennes ; elle enseigne que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, p. 19, 20. Ses doxologics sont particulièrement remarquables.

Elle insiste sur la dualité des natures en J.-C. dans l’unité de la personne du Verbe, conformément à l’enseignement des conciles d’Éphèse et de Chalcédoine. Per Christum qui cum Deus esset œlernus homo fieri… unus idemque et Deus summus et homo perjectus et ponti/ex maximus, p. 17, cf. p. 26.

Sa doctrine sur le péché originel, sur la rédemption, sur la grâce, n’est pas moins précise et s’oppose aux conceptions pélagiennes, p. 20.

On pourrait citer encore quelques belles pages théologiques sur Dieu créateur, p. 25, 26. Sous leur forme modeste, les messes de Mone constituent donc un document dogmatique important pour l’histoire de l’Église de France.

Fr.-J. Mone, Lateinische und griechische Messen aus dem zweilen bis seclisten Jahrh., in-8°, Francfort-sur-le-Mein,

1850, v-170 p., texte reproduit dans P. L., t. cxxxviii, col. 863-882 ; elles l’ont été ensuite par J.-M. Xeale et Forbes, dans The ancient liturgies o/ the gallican Churches, in-8°, Burntisland, 1855, p. 1-31 ; Bunsen, Analecta antenicena,

1851, avait reproduit les messes 4 et 5. Voir aussi dom A. Wilmart, L’âge et l’ordre des messes de Mone, dans Revue bénédictine, 1911, t. xxviii, p. 390 sq.

b) Le Missale golhicum. — Sous ce titre, Tommasi a édité, le premier, un missel gallican qui, écrit vers l’an 700, peut remonter un peu avant la fin du vne siècle. Il contient déjà des éléments romains et semble avoir pour origine la Bourgogne. Il a été récemment réédité par Bannister, Missale gothicum. A gallican sacramentary, in-8°, Londres, 1917, t. lu de la Henry Bradshaw Society. Cf. Dictionnaire d’archéologie et de liturgie, t. vi, col. 532, et l’art. Gothicum (Missale). ibid., col. 1393-1425.

Le Missale gothicum est une œuvre beaucoup plus considérable comme étendue que le petit missel gallican de sept messes qui constitue ce qu’on appelle les messes de Mone. On y sent, comme dans les messes de Mone, le désir d’affirmer la doctrine de l’Église sur les points qui avaient été contestés par les hérétiques au ive et au ve siècles. Nous y retrouvons, comme dans le précédent, une doctrine très précise sur la Trinité. Tommasi, toc. cit., t. vi, p. 240, 242, 243, 259, 274.

Souvent la prière, même la prière anaphorique, est adressée directement au Christ, ce qui est un caractère particulier des liturgies gallicanes. Ainsi la prière suivante : Suscipe, Domine Jesu, omnipotens Deus, sacrificium laudis oblatum, quod pro iva hodierna incarnatione a nobis ofjertur, et per eum sic propitiatus adesto, ut superstitibus vilam, de/unctis requiem tribuas sempiternam. Nomina quorum sunt recitatione complexa, scribi jubeas in œternitate, pro quibus apparuisti in carne, salvator mundi. Tommasi, p. 235. Cf. aussi l’Immolatio, p. 241 et les oraisons, p. 216, 252, etc.

On insiste aussi sur la doctrine du péché originel, de l’incarnation, de la nécessité de la grâce, p. 272, 275.

Les allusions aux effets de l’eucharistie, à la transsubstantiation, transf ormatio, sont aussi explicteis qu’il est possible de le souhaiter, et ont déjà été rele-