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    1. LITURGIE##


LITURGIE. LES LIVRES LITURGIQUES, LEUR DEGRÉ D’AUTORITÉ

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taines oraisons que les protestants, en particulier Basnage, Pfaff et Buddée, pour se débarrasser de ce témoin gênant, en reculèrent la composition jusqu’au xe siècle.

Le gélasien est donc un document de première importance pour les théologiens. Il est même à ce point de vue plus riche que le sacramentaire grégorien qui n’est parfois qu’un résumé du gélasien et qui a laissé se perdre bien des formules d’un haut intérêt dogmatique.

Sur le sacramentaire gélasien, voir Delisle, Mémoire sur d’anciens sacramentaires, Paris, 1886 ; Duchesne, Origines ilu culte chrétien, 4- édit. ; Ebner, Quellen und Forschungen, 1896, p. 374 ; Probst, Pie àttesten rômischen Sacramentarien und Ordines, 1892, p. 143 sq. ; et aussi notre article Gélasien (Sacramentaire), dans Dict. d’urch. chrél. et de liturgie, 1924, t. VI, col. 7 17-777 et GeWme (Sacramentaire de), ibid., col. 777-79 1.

3. La question du sacramentaire grégorien est encore plus compliquée que celle du gélasien. Nous ne pouvons que la résumer ici en quelques lignes, renvoyant pour le détail à notre article Grégorien (Sacramentaire ) dans le Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, t. vi, col. 1776-1796. Nous avons sous ce titre un sacramentaire qui a été dès le ixe et même dès le vinsiècle attribué à saint Grégoire I er (pape de 590 à 604). Cette thèse a été très attaquée au xixe siècle, notamment par Gevært dans un discours à l’Académie de Belgique sur le chant liturgique de l’Église latine ; cf. Le Bien public, 23 et 24 décembre 1889, et par Mgr Duchesne, qui considère ce texte comme un représentant de la liturgie romaine au temps du pape Hadrien Ie * (772-795) et lui donne couramment le nom de sacramentaire d’Hadrien.

Il est certain qu’il ne peut pas être question de revendiquer pour le sacramentaire grégorien, tel que nous le possédons dans les mss, la paternité de saint Grégoire. Nous n’avons pour ce sacramentaire (sauf une exception pour les fragments du Mont Cassin) que des niss. du ixe siècle lesquels ont été fortement retouchés et ont reçu des additions. La tradition manuscrite a conservé l’exemplaire envoyé par Hadrien à Charlemagne entre 784 et 791, auquel une main, dans laquelle il faut reconnaître celle d’Alcuin, a fait des additions considérables. L’auteur de ces additions a, du reste, reconnu loyalement le fait dans une préface (la fameuse préface Hucusque conservée dans certains manuscrits). Après nous avoir dit qu’il a copié scrupuleusement l’exemplaire envoyé par Hadrien, il reconnaît que ce sacramentaire est incomplet et qu’il va y ajouter un certain nombre de pièces, oraisons, bénédictions, préfaces, choisies du reste avec le plus grand soin. fin fait, ces pièces sont tirées du gélasien et parlois des livres yallicans. Dans plusieurs mss. on supprima la préface Hucusque et en même temps disparut toute distinction entre les pièces du sacramentaire d’Hadrien et celles ajoutées par Alenin.

t de celle combinaison qu’est né ce que nous appelons aujourd’hui le missel romain. Il faut toute la finesse des liturgistes pour faire le départ dans cet

Jgame entre les additions diverses depuis le vie siècle jusqu’à Aleuin et le sacramentaire attribuable a saint Grégoire.

Il ne paraît pas douteux en elle ! au liturgistes de

nos Jours, qui suivent Varln et Bisnop, que saint Gré n’ait eu en mains un sacramentaire qui n’est autre

que celui de Gela h : qu’Un ait retranchédecemineltout

CC qui lui paraissait mutile et démode et ne lait pré dans un autre ordre. En un mol.il a simplifié et

ramentaire g< lasien et a même fait quelques additions.

Laissant de côté la dl* ussion de ces faits qui mie urtout les liturgistes, les critiques ci les

archéologues, nous dirons que les théologiens ont dans le sacramentaire grégorien un document qui contient en substance l’œuvre de saint Grégoire avec les diverses additions qui y furent faites au viiie et au ixe siècles, notamment celles d’Alcuin. Comme il est devenu plus tard sous cette forme le missel romain, son autorité théologique est incontestable, quoi que l’on pense de sa composition. Au point de vue de l’originalité, sa portée est cependant inférieure, car l’œuvre de saint Grégoire lui-même était puisée à peu près tout entière dans le gélasien ; encore celui-là a-t-il retranché de l’œuvre de son prédécesseur bien des formules qui lui paraissaient périmées (notamment pour les catéchumènes), mais qui cependant avaient leur importance théologique. Il nous paraît donc inutile de signaler ici autrement les points principaux de doctrine du grégorien. Il suffira de se reporter à ce que nous avons dit du gélasien. Nous y reviendrons du reste en parlant du missel romain actuel.

Pamelius (Jacques de Pamèle) fut le premier a éditer le sacramentaire grégorien dans le t. n de son Lilurgicon, publié en 1571 et réédité en 1609, 1610, 1675. Jugée très favorablement pendant longtemps, cette édition est aujourd’hui assez discréditée. Celle de Tommasi, Opéra, t. v (édit. Vezzosi), Rome, 1750, conserve aujourd’hui encore toute sa valeur. Nous ne ferons que mentionner les éditions de Georgi, de Rocca, d’Hugues Ménard, de Muratori, de Gerbert (celle-ci reproduite dans Migne, P. L., t. lxxvhi), qui n’ont pas grande valeur. Voir notre article Grégorien (Sacramentaire) déjà cité. La dernière édition, et jusqu’ici la meilleure, est celle de H. -A. Wilson publiée en 1915, The gregorian sacramentary under Charles the Great edited from threc mss. <>/ the ninth centurg, 1 vol. in-8°, Londres, 1915.

Alban Dold a récemment édité le palimpseste du séminaire de Maycnce : Ein vorhadrianisches Grcgorianisches Palimpsest Sakramentar, Beuron et Leipzig, 1919 ; c’est un codex aureus de la première moitié du viiie siècle au dire de l’éditeur, qui croit que ce ms. représente le sacramentaire grégorien antérieur à Hadrien, mais cette opinion ne paraît pas soutenable et nous n’avons ici que des fragments de la famille bien connue des grégoriens d’Hadrien.

De son côté, Hans Lietzmann éditait le manuscrit de Cambrai, dont il semble qu’on ait fait aussi trop grand cas : Das Sacramentarium Gregorianum nach dem Aachener Urexemplar, Munster-en-W, 1921, in-8°, dans Liturgiegeschichtliclie Quellen. t | Voir aussi Edm. Bishop, On some early manuscripts o/ the Gregorian, dans Journal o/ theological Studies, t. iv. (1903), p. 411, et Liturgica historica, Oxford, 1918, p. 62 ; Delisle, Mémoire sur d’anciens sacramentaires, Paris, 1886 ; dom Germain Morin, Le rôle de saint Grégoire le Grand dans la formation du répertoire musical de l’Église lutine, dans Revue bénédictine, 1890, t. vii, p. 62 sq. ; En quoi consista précisément la rélorme grégorienne du chant liturgique, ibid., p. 193 sq. ; Le témoin de la tradition grégorienne, ibid., p. 289 ; Examen du système substitué par M. Gevært à la tradition grégorienne, p. 337 sq. ; dom Wilmart, l’n missel grégorien ancien, ibid., 1909, p. 281-300 ; ce sont des fragments du seul exemplaire jusqu’ici connu d’un missel grégorien antérieur à celui d’Hadrien ; Yarin, Drs altérations de la liturgie grégorienne en France avant le XIIIe siècle, dans Mémoires présentés… à l’Académie des Inscr. et Belles-Lettres, I" série, t.ir, p. 577-688 ; l’robst. Die dlleslen

rômischen Sacramentarien, Mfinster, 1892 et notre article

Grégorien (Sarramentuire), dans Diil. d’archéol. rhrét. el de liturgie. I. vi. col. 1776-1796.

I. Les Ordines romani.

Il existe sous ce titre des cérémonieux romains qui "ni été rédigés du ixau

xve siècle. Ils ont été publiés par divers érudits, Cas sandre. Hittorp. Muratori, mais surtout par Mabillon qui a retrouvé les plus impoli anls en Italie. Me Rossl et Mgt Duchesne ont trouvad’autres ordines qui complètent la collection. Ces recueils, qui sont d’une

grande Importance pour la connaissance de la liturgie

romaine et qui nous permellent de l’étudier a différentes époques, n’ont pas pour le théologien le même

Intérêt que les formulaires. |, e texte de Mabillon.