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LINGES SACRES — LIPSE


VI, i, P. L., t. xi, col. 1067 B. Il ne semble pas que le corporal se distingue alors de la nappe et qu’il ait déjà les dimensions très réduites qu’on lui voit de nos jours. Voir dom Leclercq, Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, t. iii, col. 2986, 2987.

Le corporal, bien que désigné parfois nommément, n’est pas distingué davantage des linges de l’autel, linteamina altaris, dans les divers Ordines romains de la fin du viii c ou du commencement du ixe siècle. Nous lisons dans un Ordo du ms. de Saint-Amand : expanditur corporale super altare a diaconibus. D’après le sacramentaire gélasien, c’est durant les cérémonies de la dédicace des églises, pratiquée selon le rite romain ou le rite gallican, que l’évêque bénissait, en même temps que les vases sacrés et par une prière spéciale, les linges de l’autel. Nous lisons, dans le sacramentaire d’Angoulême : Post heec benedicit lenteamina vel vasa templi : de même dans le sacramentaire de Drogon, évêque de Metz : Inde benedictio linteaminum et aliorum indumentorum necnon et vasorum sacro minislerio usui apta (sic). Voir Duchesne, Origines du culte chrétien, 1889, p. 392 et 398 ; Appendice. 1°, 2°, 3°.

II. Discipline actuelle.

Depuis un temps immémorial, les linges sacrés sont l’objet d’une réglementation liturgique minutieuse. Elle se rapporte à la matière dont on les confectionne, à la bénédiction spéciale qu’ils requièrent, aux cas où il sont d’un usage obligatoire, au respect qu’on leur doit et à l’état de propreté dans lequel on est tenu de les maintenir. 1° Matière.

Le corporal, tel que le prescrit la

rubrique, Rit. serv., i, n. 1, et destiné à recevoir le corps de Notre-Seigneur ou les vases sacrés qui le renferment, doit être de lin (ni le chanvre ni le coton ne sont autorisés), complètement blanc, et non tissu de soie ou d’or au milieu. La prescription s’explique par la raison mystique du blanc linceul qui enveloppait le corps du Sauveur. Le corporal est ourlé tout autour. On tolère pourtant une dentelle qui lui sert de bordure. Il est de forme carrée et mesure à peu près 50 centimètres de côté. On peut y mettre une petite croix à deux doigts du bord sur le devant. D’ordinaire et pour plus de commodité, les corporaux sont empesés de façon à être bien consistants — La pale, qui était primitivement une réduction du corporal, ou même une portion du corporal que l’on ramenait sur le calice, sert à couvrir le calice qui contient le Précieux Sang. EDe doit être de toile de lin. Elle représente un simple carré de toile double, empesée et consistante, et mesure habituellement de 15 à 20 centimètres de côté. On obtient encore plus de consistance et de tenue en introduisant entre les deux pièces dont la pale se compose, un mince carton. Quoiqu’une grande simplicité soit préférable, on a pris l’habitude chez nous de couvrir la partie supérieure de la pale de fines broderies d’or ou de soie. La Congrégation des Rites tolère ces ornements pourvu qu’ils n’aient rien de funèbre. — Le purificatoire est ainsi nommé parce qu’il sert à euuyer le calice où le prêtre a communié sous l’espèce du viii, après les deux ablutions prescrites. Il se fait le toile plus forte que le corporal, ou de lin ou de ii liii, ex purætcandidatela, dit le rituel romain. Il mesure à peu près 50 centimètres de long ; on se borne .i l’ourler et à marquer au milieu une petite croix mi bleue.

diction. lue bénédiction est prescrite

pour le corporal et la pale ; elle est réservée a l’évêque

i prêtre que l’évêque a délégué, i a bénédiction

du purificatoire n’est pas de précepte ; il est mieux

pointant de le bénir, en même temps que la nappe

d’autel 01 nt, mais en usant des mêmes oral

-pie pour la nappe et en substituant au tanne

nlliirr le t.’///(.

Nécessité.

Pour la célébration de la messe, un

corporal et une pale régulièrement bénits et un purificatoire sont exigés. Les théologiens observent communément qu’un prêtre commettrait une faute mortelle s’il célébrait sans un corporal régulièrement bénit ; ils n’exceptent que le cas d’urgente et grave nécessité. Le péché serait moins grave, et il faudrait pour en excuser une raison moins considérable, si la pale ou le purificatoire manquaient ; car ni l’une ni l’autre n’ont avec les saintes espèces un contact immédiat. Comme le corporal est destiné à recevoir le corps de Notre-Seigneur ou les vases sacrés qui le renferment, on ne peut se dispenser de mettre dans le tabernacle un corporal pour supporter le ciboire contenant les saintes espèces, ni de placer un corporal sous l’ostensoir exposé à l’adoration des fidèles. Et cette règle est préceptive et non pas seulement directive et ad libitum. S. C. Rit., 27 février 1847.

Respect et état de propreté et de conservation.


Tel est le respect dû aux linges sacrés qui ont servi au saint sacrifice, que personne, en dehors des clercs et des personnes qui en ont la charge, n’est autorisé à les toucher, si au préalable ils n’ont été passés à l’eau. Codex, can. 1306, § 1. Le Code défend également de confier à des laïques, même religieux, pour qu’ils les lavent, les corporaux, les pales et les purificatoires qui ont été employés à la célébration de la messe, s’ils n’ont été purifiés d’abord pas un clerc dans les ordres majeurs ; l’eau de cette première lotion devra être jetée dans la piscine ou, à son défaut, dans le feu. Ibid., 1306, §. 2. — Il est nécessaire de veiller à ce que les linges sacrés soient conservés propres et en bon état. On ne pourrait excuser d’une faute grave un prêtre assez négligent pour employer au saint sacrifice un corporal et une pale malpropres, tels qu’on aurait honte de s’en servir à une table commune. La nécessité seule, comme serait le devoir de célébrer un jour d’obligation, autoriserait un prêtre, surtout un prêtre de passage, à en user. Ce qui est vrai de linges sacrés malpropres, l’est aussi de linges sacrés usagés, troués. Si un corporal, en particulier, l’était au point de ne pouvoir plus recevoir la sainte hostie et le calice, ou au point de laisser échapper les parcelles consacrées, il perdrait sa bénédiction.

On consultera utilement les manuels de théologie au chapitre des rites à observer dans la célébration de la messe, ainsi que les manuels de liturgie.

A. Thouvenin.

    1. LIPSE juste##


LIPSE juste, humaniste et publiciste flamand (1547-1606). — I. Vie. — Ce personnage qui occupe une place fort considérable dans l’histoire de l’humanisme n’a touché qu’accidentellement à des questions d’ordre théologique. On ne trouvera donc ici ni une étude détaillée de sa vie, ni une liste complète de ses ouvrages, ni une appréciation de son rôle littéraire et de son influence, mais seulement ce qui est indispensable pour comprendre la querelle théologico-politique à laquelle il fut mêlé.

Né à Overyssche, près de Bruxelles, le 18 octobre 1547, d’une famille catholique, il a fait ses humanités chez les jésuites de Cologne, et a même manifesté l’intention d’entrer dans la Compagnie. Rentré en Belgique, il se livre avec ardeur à l’étude de la philologie latine, obtient par un écrit qu’il compose à dix-neul ans la protection du cardinal de Cranvelle qu’il accoma Rome « le 1567 A 1570. Louvain, où il retourne, ne lui ayant pas ollert les avantages qu’il espérait, il se rend à Vienne, ou la fortune ne lui sourit pas mieux, pull à léna où il entre en 1572 comme pro fesseur de lettres latines a l’Université. Cet établissement étant strictement miel, I.ipse n’a pu v pénétrer qu’en donnant clés L’aLles au lut hcranisine.

II a sans doute professé extérieurement le protêt-