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LIMBES — LINDANUS

géographie nous n’avons ni révélation ni connaissance expérimentale ; les théologiens sur ce point ne peuvent apporter que des déductions fondées, d’une part, sur l’idée mystérieuse de la localisation des âmes séparées et, d’autre part, sur le principe de proportionnalité qu’on suppose exister entre la peine et le lieu. Aussi l’ensemble des théologiens contemporains sont-ils de plus en plus réservés sur cette question.

Habitants des limbes.

Ce sont tous ceux, quels

qu’ils soient, qui meurent avec le seul péché originel. Cela ressort des documents du magistère cités plus haut qui mettent toujours dans une catégorie à part ceux qui meurent avec le seul péché originel. Quels sont-ils ? Ce sont tout d’abord, selon l’enseignement traditionnel, les enfants morts sans baptême, ce sont aussi, selon l’avis commun des théologiens, les amentes ou insensali, non baptisés, ces pauvres créatures humaines en qui, d’une façon anormale, soit par hérédité, soit par maladie, la raison a été complètement et perpétuellement obscurcie, et qui, au point de vue intellectuel et moral, sont assimilables aux enfants.

Faut-il y joindre les adultes demeurés infidèles matériellement plutôt que formellement, adultes quant à l’âge, quant au développement physique et même quant à un suffisant discernement des choses temporelles et humaines, mais non quant à la raison supérieure et au dictamen de la conscience ? — Le cardinal Billot le pense et le démontre, voir Études, 20 août, 5 et 20 décembre 1920, 5 mai et 20 novembre 1921, 5 septembre 1922. S’il existe, pense-t-il, des adultes d’âge, ne le devenant jamais de raison et de conscience, des nommes vivant dans l’ignorance invincible de Dieu, mis par conséquent dans l’incapacité absolue d’opter entre le bien et le mal, sans qu’il y ait de leur faute, simplement à raison des circonstances qui les ont empêchés d’arriver à l’éveil moral et religieux suffisant pour être adultes au sens complet du mot, ces adultes matériels, qui seront restés au spirituel en un état de perpétuelle enfance, seront incapables de péchés personnels, mourront avec le seul péché originel, par conséquent, devront, en stricte justice, partager le sort des êtres humains qui n’ont mérité ni le ciel, ni l’enfer.

Mais y a-t-il eu, y a-t-il en fait dans notre humanité une catégorie d’êtres de ce genre qui, excusés de tout péché personnel, ne sont point passibles des peines de l’enfer et vont aux limbes ? Là est toute la question et il semble que les principes de la théologie doivent la faire trancher par la négative. Tout en faisant la part plus large que ne la fait le docte cardinal aux possibilités psychologiques de l’individu pour réagir sur son milieu et arriver avec l’aide de la grâce à la connaissance de Dieu, on reconnaîtra pourtant, avec le P. Harent, art. Infidèles, t. vii, col. 1928, que « le système des limbes par assimilation des adultes païens aux enfants est vrai en ceci que, chez beaucoup de païens, l’éveil moral ou éveil de la raison supérieure est fort retardé par les circonstances extérieures, en sorte qu’un bon nombre meurent à divers âges sans y être arrivés. » Avec ce dernier auteur on appliquera, si on le juge bon, ce principe surtout aux populations très inférieures so.t de la préhistoire, soit même de l’époque actuelle.

En vertu du principe traditionnel, fondé surledogme de l’universalisation du salut : Facienti quod in se est Deus non denegat gratiam, il faut rejeter l’opinion des théologiens qui faisaient descendre aux limbes des enfants les infidèles vertueux. Les limbes ne sont pas le ciel naturel où sont récompensés les œuvres naturellement bonnes des infidèles. Dieu ne manque à aucune âme capable de vie morale et lui rend possible l’option entre le ciel et l’enfer. Voir art. Infidèles, col. 1894..

En dehors des ouvrages signalés à l’art. Baptême (Sort des en/ants. morts sans), voir Cardinal Billot, Etudes, 20 octobre 1919, 20 janvier, ."> avril, 20 août, 5-20 décembre 1920, 5 mai et 20 novembre 1921, 5 septembre 1922 ; 0’Stockum, Dos Los derohnedie Tau/eslerbenden Kinder, l’ribourg-en-B., 1923 ; Tunnel, Histoire du dogme du péché originel, Mâcon,

I 904, parue d’abord dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, 1900 à 1904.

A. Gaudel.

EIN (Saint), successeur immédiat de saint Pierre sur le siège de Rome. — Une tradition très ancienne, puisqu’elle se trouve déjà dans saint [renée, Cont. hæres., III, iii, P. G., t. vii, col. 849, place Lin en tête de la liste des papes, désigné qu’il a été par les apôtres Pierre et Paul : ©sji.eXicôaavTE ; o’jv xal otxoSo[i.7]o-avT£ç oî [jiaxapLoi dnrâaToXoi "rijv’ExxXijatav, Aîvo ty)v Trjç èmGXQTrr]ç Xeiroopyiav èvô/eipiaav. Eusèbe qui cite ce passage d’Irénée, II. E., Y, iii, note aussi « qu’après le martyre de Paul et de Pierre, Lin, le premier, obtint la charge épiscopale de l’Église des Romains ». H. F., III, ii, P. G., t. xx, col. 216. Toutes les listes épiscopales romaines, à commencer par le catalogue libérien, s’accordent sur ce même point, sauf d’insignifiantes exceptions : le chiffre de douze ans d’épiscopat qu’elles accordent aussi à peu près toutes à Lin peut également être ancien et remonter aux calculs de Jules Africain. Quant aux dates consulaires fournies par le catalogue libérien et qui passeront dans les rédactions successives du Liber Pontiflcalis, elles méritent plus difficilement créance. Lin aurait siégé du consulat de Saturninus et Scipion (56) jusqu’à celui de Capiton et de Rufus (67). Ces dates ont pu être imaginées au moment où, sous l’influence des Clémentines, on a voulu considérer saint Clément comme le premier successeur de Pierre. Pour concilier cette donnée avec la vieilletradition qui mettait Lin en tête de la liste épiscopale romaine, on eut l’idée de faire de Lin et de Clet deux coadjuteurs ordonnés par saint Pierre pour faire de son vivant les fonctions ecclésiastiques, tandis que l’apôtre se réservait la prédication. Voir Liber Pontiflcalis, édit. Duchesne, t. i, p. 118, et cf. Rufin, Pree/at. ad Recognitiones, P. G., t. i, col. 1207. C’est en ce sens qu’il faut interpréter ces mots de la notice de Lin : Hic ex præceplo beati Pétri constituit ut mulier in ecclesia velato capite introiret. Lib. Pont., p. 121. « Lin, dit Duchesne, agit comme vicaire de saint Pierre, et du vivant de l’apôtre. »

Irénée, et Eusèbe à sa suite, assimilent Lin au Aîvo ; dont saint Paul envoie les salutations à Timothée,

II Tim., iv, 21 ; est-ce conjecture, est-ce tradition’.' On ne sait d’ailleurs absolument rien sur l’épiscopat de Lin. Fut-il martyr ? ni Irénée, ni Eusèbe ne le disent, et il est vraisemblable que la première édition du Liber Pontiflcalis ne le disait pas davantage ; c’est plus tard que s’est introduite la mention martyrio coronatur. La Deposilio martyrum qui se trouve dans le Chronographe de 354 ne le signale pas, ni non plus le Martyrologe hiéronymien. — Le nom de Lin se lit en tête d’un des remaniements latin des Actes de Paul et des Actes de Pierre. Il n’y a aucun fond à faire sur cette attribution.

Liber Pontificalis, édit. Duchesne, p. lx et lxi, 2, 3, 14-41, 52-53, 121. Sur la chronologie des premiers papes, J.-B. Lightfoot, The apostolic Fathers, 1° partie, S. Clément, Londres, 1890, t. i, p. 201-345 ; Harnack, Die Chronologie, 1. 1, Leipzig, 1897, p. 70-202. — Sur le Pseudo-Linus, voir L. Vouaux, Les Actes de Paul, Paris, 1913, p. 22, 23 et Les Actes de Pierre, Paris, 1922, p. 134-140 ; cf. aussi l’art. Linus du Dictionary of Christian biography, t. m. p. 726-729.

É. Amann.
    1. LINDANUS (Van der Linden)##


LINDANUS (Van der Linden). Quillaume-Damase, controversiste catholique, évêque de Ruremonde, puis de G and (1525-1588).