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LIEUX THÉOLOGIQUES. ESSAI DE SYSTÉMATISATION


dialectique est : Si tel prédicat, accident, genre, propre, définition convient à tel sujet ? L’unique question de fond de la théologie est celle-ci : Telle proposition est-elle révélée, soit formellement, questions de principes, soit virtuellement, questions de conséquences ?

Dans sa note du Bulletin de littérature ecclésiastique, mai 1910, p. 210 sq., M. Hourcade a contredit ces deux assimilations. Voir la réponse sur le premier point, dans A. Gardeil, La certitude probable, Revue des Sciences philos, et théol., avril 1911, p. 256-2C0 et du même, La Topicilé, ibid., octobre, p. 749-755. Cf. A. Lang, qui admet que notre réponse a porté. Die Loci theologici des M. Cano, p. 66, note 4. Sur le second point, il suffira de répondre que M. Hourcade, ibid., p. 242, ne distingue pas entre le reuelatum et le revelabile, et que sa notion de l’argument philosophique en théologie, travaillant librement pour le bénéfice d’un acquis philosophique, et non pas sous la gouverne de la foi et dans le but de la manifester, p. 241-242, n’est pas admissible en théologie. Cf. La notion du lieu théol., art. cit., p. 248 avec sa note 1, et A. Gardeil, Le Donné révélé et la Théologie, p. 232.

2° La seconde section décrit la structure des Topiques d’Aristote. Art. cit., p. 61 sq. Celle-ci est dominée, comme par sa cause finale, par l’énumération des quatre questions dialectiques qui se partagent la question universelle du prédicat, selon que le prédicat déborde l’essence du sujet, question du genre ; l’égale, question de la définition ; ne peut être attribué à un autre sujet, quoiqu’il lui soit extrinsèque, question de la propriété ; enfin est extrinsèque au sujet et adventice, question de l’accident. — Chacune de ces questions générales trouve sa contre-partie dans son lieu universel de solution, qui est une proposition générale. Par exemple, au fond de la réponse à tous les problèmes de la définition se trouve le lieu maxime : Défini et définition s’équivalent. Pour trouver des lieux de solution plus spécialisés qui répondent au détail de chacune des questions générales, aux sous-p’roblèmes de la définition par exemple, Aristote emploie les Instruments dialectiques dont le principal est la Recension des propositions multiples qui développent le lieu universel de chaque question, par exemple cette proposition : Ce qui ne convient pas à la définition du sujet ne convient pas au sujet lui-même. Cette recension ne saurait être tant soit peu complète qu’en utilisant les trois autres instruments : la distinction des ambiguïtés, le collationnement des différences, l’examen des ressemblances. — On aboutit ainsi à établir vis-à-vis de chacun des aspects des quatre grands problèmes dialectiques un ensemble lié de propositions susceptibles de résoudre chacune des questions particulières qui se posent au sein de ces problèmes généraux. Ces propositions ou lieux, tantôt régissent de haut, sua potestate, la réponse à la question particulière posée, sans entrer matériellement dans l’argumentation qui la résoud, dont elles sont cependant la force et le nerf : ce sont des lieux communs ; tantôt, au contraire, étant moins universelles, elles entrent dans l’argumentation, comme majeures. De la sorte, à tout aspect de l’une des quatre grandes questions du prédicat, correspond une proposition propre à le solutionner, un lieu spécial à cet aspect, sans oublier les lieux communs généraux, qui dominent l’ensemble des solutions et fondent leur valeur topique.

3° Les trois dernières sections sont consacrées à établir le parallélisme : 1. entre les questions théologiques et les questions topiques ; 2. entre leurs instruments de solution et 3. entre leurs lieux.

1. Les Questions.

Art. cit., sect. iii, p. 246 sq. — Les questions théologiques ont pour formule générale : Le prédicat révélé appartient-il, au moins virtuellement,

à tel énoncé ? Cette appartenance peut être manifestée comme nécessaire ou comme probable. D’ailleurs les questions théologiques sont surnaturelles, solubles par la seule autorité divine, ou naturelles, solubles par la raison théologique, c’est-à-dire par la raison gouvernée par la révélation. Il y a donc quatre grandes questions théologiques laisant pendant aux quatre grandes questions dialectiques : surnaturelles scientifiquement démontrables ; surnaturelles probables ; naturelles scientifiquement démontrables ; naturelles probables. Et pour résoudre ces quatre questions, il y aura quatre lieux communs universels, analogues aux lieux communs universels de la dialectique, par exemple pour les questions surnaturelles scientifiquement solubles, celui-ci : Ce qui fait certainement partie du dépôt révélé offre aux questions théologiques surnaturelles un principe de solution nécessaire. Art. cit., p. 261 sq.

Ces lieux universels fondent la réponse à toutes les questions spéciales qui se posent à propos de chacun des groupes de questions théologiques générales, mais, pour amorcer topiquement la réponse directe à ces questions particulières, ils doivent, comme dans la dialectique, être élaborés et fécondés par les instruments d’invention théologique.

2. Les Instruments.

Art. cit., Sect.iv, p. 254 sq. — Cano, au début de ses préceptes pour l’Invention avait dit : Quisquise iheologise locis invenire cupiet, is communes prœceptiones teneat, quas de inveniendis arguments dialectici tradiderunl. Hxc elenim, …quibus præceptis eruuntur a locis dialecticis, eisdem ferme a theologis. De locis, t. XII, c. x. Et de fait, les préceptes qu’il donne par la suite pour l’invention ne manquent pas d’analogie avec les instruments d’invention d’Aristote, surtout le premier : le choix des propositions. C’est à presser cette analogie qu’est consacrée cette section. On y voit, par exemple, comment, à l’aide des instruments, le lieu commun général de solution des questions surnaturelles scientifiques, rapporté plus haut, s’étoffe de lieux communs dérivés moins universels : l’Écriture sainte est un principe de solution efficace et nécessaire pour ces questions ; la tradition, de même ; l’Église, etc. Puis, comment ces lieux communs dérivés foisonnent, à leur tour, sous l’action des instruments, de lieux encore moins universels. Par exemple, celui de l’Écriture sainte s’étoffera, grâce au second instrument, la distinction des ambiguïtés, de lieux comme ceux-ci ; les propositions de l’Écriture canonique dont le sens littéral est explicite sont aptes, par elles-mêmes, et sans déclaration de l’Église à fournir des lieux théologiques très certains et très efficaces ; les propositions de l’Écriture dont l’Église a défini le sens littéral constituent, entendues en ce sens, des lieux théologiques infaillibles et de toute certitude.

Supposons ce travail achevé et chacun des dix lieux communs généraux étoffé de propositions semblables qui l’explicitent, toutes prêtes à diriger le travail du théologien, l’invention des lieux théologiques immédiats, c’est-à-dire des propositions qui s’aboucheront directement avec une argumentation donnée, est des plus faciles pour peu qu’on soit expert, et rien n’y sera laissé au hasard, art. cit.. p. 267 sq.

3. Les Lieux théologiques immédiats.

Art. cit.. sect. iv et v. — A l’issue du fonctionnement des instruments d’invention des lieux théologiques, parallèlement à ce qui a lieu pour les Topiques, cf. art. cit.. p. 68 sq., chacune des quatre grandes questions théologiques voit s’affirmer devant elle un ensemble hiérarchisé de lieux théologiques propres à la résoudre, non seulement dans sa teneur générale, mais dans les modalités particulières des questions spéciales et même individuelles qui se posent à son sujet.