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LIEUX THÉOLOGIQUES. ESSAI DE SYSTEMATISATION


quels il faut adjoindre Antoine Mayr, S. J., De locis theologicis et vera religione et Ecclesia, Augsbourg, 1781 ; S. Schaaf, O. S. B., De locis theologicis, Francfort, 1774, et Gerbert, O. S. B., Principia theologiæ exegcticse, Fribourg-en-B., 1757. Ces manuels, par des divisions multipliées, des propositions bien en relief, adaptent l’œuvre de Cano à l’usage de l’enseignement élémentaire, non sans lui faire perdre sa saveur et sa portée méthodique.

Collatéralement, nous devons signaler l’apparition de plusieurs ouvrages, De locis, qui faussent des principes de la méthode théologique, pour permettre d’édifier a fundamentis une théologie plus ou moins sûre. Tel B. Stattler, S. J., De locis theologicis, Eustadt, 1781, mis à l’index en 1797 ; Chrismann, O. S. F., Régula fidei catholicæ et Colleclio dogmatum credendorum, nouvelle édition, Wurzbourg, 1854, mise à l’Index pour avoir trop restreint l’infaillibilité pontificale et le nombre des vérités à croire, cf. Migne, Theologiæ cursus complelus, t. vi, col. 877-1070 : et surtout le tome i, à l’Index, du De fontibus theologiæ de Tamburini, Pavie, 1789.

5° Une nouvelle façon de traiter la matière du De locis, caractérisée par le peu de place laissé à la questlon méthode et par le développement donné à l’ontologie des réalités qui fondent les principes de la théologie, se développe surtout au xixe siècle. La théologie positive envahit le De locis. L’ancêtre de cette discipline est sans doute le bx. Bellarmin, dans son De Controversiis. Lyon, 1602, où il examine en soi et défend les fondements, causas, dirait Cano, des trois lieux principaux, Écriture, Tradition, Pontife romain. A son école se rattachent J. Pcrrone, S. J., Prælectiones theologicæ, éditées par Migne, Paris, 1842, 2 vol. ; J.-B. Mazzclla, S. J., De diuina traditione et scriptura, t. ii, Home, 1876 ; Franzelin, S. J., De divina traditione et scriptura, Rome, 1883 ; Bainvel, S. J., De Scriptura Sacra, Paris, 1910, et De magisterio vivo et traditione, Paris, 1905. C’est le côté érudition, théologie, et apologétique des lieux de Cano, passé au premier rang.

6° Au contraire, le souci de la méthode théologique se retrouve exclusif dans de Scha ?zler, Introductio ad S. Theologiam, Ratisbonnc. 1882, ouvrage lourd comme composition, mais d’un penseur, et plein d’une doctrine sure et puisée aux meilleures sources. Ce même souci s’accuse dans Scheeben, La Dogmatique, trad. française, Paris, 1877, t. i, t. I, c. n-vi. Il est prédominant dans l’ouvrage de J. Didiot, un autre penseur, Logique surnaturelle subjective, Paris, 1894, théorèmes 26-15. On h’retrouve, en bonne place, dans la Sunm>a apologetica de Ecclesia catholica, du P. de Groot, O. P., Ratisbonne, 1906. Mais l’ouvrage scolastique moderne’lui a davantage accusele côté méthode et s’est placé le plus exclusivement à ce point de vue est le De locis theologicis de Joachim Berthier, O. P.. Turin, 1900, qui a Adapté à l’usage scolaire l’ouvrage de Cano, en le complétant et le modernisant par des apports souvent originaux.

7° Crs ouvrages ne donnent qu’un aperçu de la production littéraire moderne en fait de lieux théologiques, n’avons cité ni les tomes i de presque tous 1rs manuels <<- théologie, ni les T’ropœdeutiræ ad S. Theoloqiam. comme celles de Chr. Pecsh, S..1, m. De loris iheol., ouvrage dont l’abondante bibliographie peut servir i compléter la nôtre, ni l’un des derniers Dr locis parus, t. Mucunlll. S..1., Barcelone, 1916, qui est un manuel scolaire, ni l’ouvrage si suggestif de L. Choupin. S t., Valeur drs dérisions doctrinale* et disciplinaires du Saint-Siège. Quelques ouvrages récents, d’importance et d<e divers, doivent encore

d’abord la Théologie du Révélé, par In l’D’Herblgny, S. I. Paris, 1921, petite plaquette du monde aux question

méthode théologique, d’un style alerte et original, qui rend agréable à lire les données d’une science mûrie et sérieuse, cf. Revue des Sciences philosophiques et théologiques, 1922, p. 689. — C’est ensuite l’Évolution homogène du dogme catholique, de Marin-Sola, O. P., édit. espagnole, Madrid, 1923, édit. française, 2 vol., Fribourg-en-S., 1924, à Paris, chez Gabalda, qui, tout en traitant de la question du développement du dogme, donne, sur la forme du raisonnement théologique en particulier, des renseignements très intéressants. On peut en dire autant de V Introductio in hisioriam dogmatum, de R. Schultes, O. P., Paris, sans date (1923), conçue dans un esprit, quelque peu différent, mais également érudite et des plus utiles au point de vue de la méthode de la théologie historique.

Mais l’ouvrage qui est appelé actuellement à avoir le plus de retentissement sur le progrès de la méthode théologique est assurément le livre du D r Albert I.ang, Die Loci theologici des M. Cano und die Méthode des dogmatischen Beweises contribution à la méthodologie théologique et à son histoire, dans les Mùnchener Sludien zur historischen Théologie. Cet ouvrage dont l’occasion, m’écrit l’auteur, a été mon article sur La notion du lieu théologique, est écrit dans le même esprit, en ce sens qu’il conclut au retour à Cano comme au Maître. Autant que nous pouvons en juger par ses 96 premières pages, son caractère est surtout historique et documentaire. Et l’on a pu voir, par les extraits que nous avons cités, l’extrême intérêt que présentent ses découvertes sur ce terrain.

XL Appendice : Un essai de refonte du traité de Cano d’après les Topiques d’Aristotk. — Cano, nous l’avons dit, section iii, ne s’est inspiré que très librement des Topiques d’Aristote, qu’il lit avec les yeux de Cicéron. — La principale divergence porte sur la notion du lieu qui, pour Aristote, est une proposition générale, pour Cano un ensemble d’arguments apparentés, munis d’une fiche spéciale. — Une autre divergence porte sur le rôle de l’Invention. Pour Aristote, l’Invention fait partie de la Topique théorique. Elle consiste à découvrir par le moyen des Instruments dialectiques les lieux particuliers, dont fourmillent les quatre questions universelles, question du genre, de la définition, du propre et de l’accident. Cano, lui, localise l’Invention. comme les rhéteurs, dans la partie pratique de la dialectique théologique. L’Invention recherche, parmi les lieux particuliers, supposés déjà déterminés, notes et traclatos, les lieux propres à résoudre une question théologique en discussion. Comparer San-Severino, Philos, christ., Logicce, pars II, C. il, a. 11, avec Cano, De loris Iheol.. I. XII, c. xi. De là est née la pensée de tenter d’établir un parallélisme plus étroit entre les lieux d’Aristote et les lieux théologiques, dans le but de faire bénéficier ces derniers du crédit de la Topique d’Aristote, au point de vue de la rigueur logique de sa méthode. Cette pensée a pris corps dans trois articles sur la Notion du Lieu t biologique, que j’ai publiés, dans la Revue des Sciences philosophiques et théologiques, 1908, p. 51-73, 246-276, 481505.

1° Dans une première section, Topique et Théologie.

tout en constatant la différence entre la dialectique.

qui précède les sciences, et la théologie qui est une

particulière, on a montré l’analogie étroite

qui existe au point de vue de leur structure logique,

entre la science théologique et la Topique : l. dans leurs principes, qui sont tenus par un moyen de preuve commun et extrinsèque, l’adhésion commune pour la Topique, la foi à la révélation divine pour 1rs principes de la théologie ; 2. dans le genre de question qu’elles résolvent, qui est la question du prédicat, et non la question de l’an sil, du quid et, du prnplrr quiil fit, questions scientifiques. En effet, l’unique question