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LIEUX THÉOLOGIQUES. LES NOTES THÉOLOGIQUES


vérités non révélées fournit de sérieux points d’appui aux théologiens. — Également, l’histoire des erreurs.

— Les règles certaines de la critique historique sont, de la plus grande utilité au théologien pour utiliser le lieu de l’histoire humaine. — Cf. R. M. Schultes, Introductio in historiam dogmatum, Paris, s. d. (19k3).

Cette sèche énumération, — comme du reste, la brièveté que nous avons dû observer dans la nomenclature des préceptes concernant les dix lieux théologiques, en les détachant des preuves et des discussions qui leur donnent chez Cano tant de saveur théologique

— doivent être complétées par la lecture des auteurs eux-mêmes. Ce que nous avons dit est uniquement pour faire comprendre le genre de travail qui s’opère dans cette élaboration préalable des lieux théologiques et les moyens par lesquels le théologien s’assure d’un donné tout prêt à être utilisé théologiquement.

VII. Les questions théologiques.

Pour déterminer la nature et les genres des Questions théologiques, il est indispensable de partir d’une notion exacte de la théologie elle-même. C’est pourquoi Cano consacre trois chapitres à cet objet, t. XII, c. ii-iv. Il n’y a pas lieu de nous y arrêter, quelque tentante que soit l’entreprise, puisque cette question doit être traitée pour elle-même au mot Théologie.

Nature des questions théologiques.

Cano intitule

son c. v : Quæ sint quæsliones seu conclusiones theologiæ ? Dans la théologie scolastique, la seule qui existât alors, questions et conclusions se correspondent. Leur contenu matériel est identique : seule, la forme diffère : forme interrogative pour la question, affirmative pour la conclusion. Il n’y a donc en théologie, pour faire question, que ce qui est matière à conclusion, et la conclusion théologique est proprement quæ ex theologiæ principiis, ut effecta a suis causis, orietur, t. XII, c. v. L’objet propre et premier d’une question théologique n’est donc pas de se demander si les principes de la théologie sont révélés, mais si la conclusion que l’on tire de ces principes participe au bénéfice de la révélation, si elle est à quelque titre, médiatement ou virtuellement, révélée, appendix fidei. Cf. Cano, t. XII, c. v, § Maneat igitur et § Fidei porro quteslio. A. Lang, Die loci theologici des M. Cano, p. 66, note 4. me reproche d’avoir dit que la question de la révélation des principes de la théologie est une question théologique. Il faut s’entendre. L’objet propre de la théologie n’est pas le révélé formellement, mais le revelabilc, d’accord 1 Cf. A. Gardeil, Le Donné révélé et la théologie, part. II, sect. ii, p. 224. Cependant, comme le note Cano, les principes étant souvent contestés, cette contestation donne lieu à l’admission de questions de principes, parmi les questions théologiques. De locis. 1. XII. c. xii. Saint Thomas l’avait dit le premier, Sum. theol., I », q. i, a. 8, s’appuyunt sur la nature de sagesse de la théologie. Que l’on ait trouvé commode de députer à l’examen des questions de principes la théologie positive, et que même Cano soit à l’origine de cette innovation, cf.. Jacquln, Melchior Cano et la Théologie moderne, Revue cfel Srirnrrs phil. ri théol., 1920.,, . 121-111, j’y eonsens. à condition que la théologie positive sera conçue non comme une discipline autonome, mais comme une partie potentielle, une fonction de l’unique Sapirntin, et qu’elle soit gouvernée par les mêmes principes et préceptes que la théologie spéculative, ceux-là même que Cano expose dans ses Lieux théologique ». Cf. Gardeil. I.r bnnn « rrrélé, p. 21X-22 :  !  : I.einonnvcr, Comment s’organise la théologie catholique, Revue du rhrqe français, 1- o< I. 1903 ; M.-B. Schwalm. / es deux ihénlnqir*. Krvur, 1e’! srirnrrs philosophiques rt théoloqiqurs. |908, p. 696 sq.

2° I en (irnrrs drs questions thëologlque ». — Nous ne is que mentionner la division des questions tpécu latives pratiques, t. XII, c. v, § Quæsliones ergo, qui se traitent par des arguments identiques : cognitionis actionisque quæstiones eodem fere modo, exque eisdem locis traciandæ et solvendæ sunt. De locis. t. XII, c. v. Cf. Garrigou-Lagrange, Du caractère métaphysique de la théologie morale de saint Thomas, Revue thomiste, juillet 1925, p. 341.

Les seuls genres de questions théologiques qui nous intéressent sont ceux qui sont propres à orienter l’invention des lieux spéciaux. Il y en a trois :

1. Les questions surnaturelles et les questions naturelles. — J’entends par surnaturelle, dit Cano, une question qui se définit uniquement par des principes surnaturels, c’est-à-dire révélés, par exemple : Si tous nous ressuciterons ? — par naturelle, une questionque la raison naturelle est apte à résoudre, par exemple : Si Dieu est partout ? Entre les deux, il est des questions mixtes, qui doivent faire appel à foi et raison, par exemple, si le Christ a deux intellects ? De locis, t. XII, c. v, § Et quoniam omnia.

2. Les questions surnaturelles de foi, pour lesquelles le théologien doit exposer sa vie, in capitis discrimen veniendum, et les questions surnaturelles secondaires, quæ possunt ignorari sine fidei jactura. Jbid., § Est enim alia divisio.

3. Les questions de principes et les questions de conséquences. — Les dernières seules devraient être posées en théologie, puisqu’elle est science, et n’a pas à discuter les principes dont elle part qui sont les principes de foi. Mais, en fait, il n’y a pas de principes en théologie dont les théologiens n’aient fait une question, soit à cause des adversaires qui s’y attaquaient, soit en raison de certaines obscurités qui affectent ces principes, et veulent être éclaircies par des explications. Ibid., c. v, § Contingit enim aliquando.

3° Cano a traité de l’utilisation des genres des questions théologiques pour orienter la recherche des lieux dans le chapitre ultérieur, où il parle de leur invention pratique sur le terrain de l’argumentation, t. XII, c. vi. Cf. c. xi, et supra col. 720. Nous retrouverons ce sujet infra sect. ix. Mais, par contre, il n’a pas voulu terminer ce chapitre consacré aux questions théologiques sans donner aux théologiens une série d’admirables préceptes et de conseils, où sa merveilleuse expérience rivalise avec la beauté de sa langue. Cette propédeutique morale ne se laisse pas analyser. C’est un esprit qu’elle infuse plutôt qu’une méthode qu’elle édicté, l’esprit de Voffice même du théologien, officium theologi. Cf. c. vi, § Nulla theologicæ, jusque : Dixeril quispiam.

VIII. Les notes théologiques.

Il ne saurait être question de traiter ici à fond des notes théologiques. Il nous suffira de les définir, de recenser les principales, de montrer brièvement par quel procédé Cano les obtient, et d’indiquer le rôle qu’elles jouent dans la formation du jugement théologique.

Définition des Notes.

Les Notes sont des termes

ou expressions par lesquelles sont qualifiées certaines propositions au point de vue de leur accord ou désaccord avec la foi catholique. Elles affectent tantôt les questions théologiques, tantôt les conclusions, tantôt les propositions qui servent de majeures ou de mineures dans le raisonnement théologique. Elles sont d deux sortes, selon qu’elles signalent l’accord ou désaccord : dans le premier cas, elles sont dites notes des vérités catholiques ; dans le second cas. notes des erreurs opposées. Dans les deux cas. elles offrent un ensemble gradué dcqualifications.qui permet au théo d’apprécier la Juste valeur pour la théologie des

propositions dont il se sert ou auxquelles il aboutit. Cano s’occupe des notes positives, I. XII.c. vi, et des

notes négatives dans les c. vii, viii et x,

Recrnsion des Notes.

Les notes positives, c. vi.