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LIBERTINS — LIBRA


ce que nous appelons aujourd’hui libre penseur. C’est le sens qu’il aura au xviie siècle. Voir Rationalisme.

J. Calvin, Contre la secle phantaslique et furieuse des Libertins qui se nomment spiritueh, in-8°, Genève, 1545 ; Epislre contre un certain cordelier supposl de la secle des libertins, lequel est prisonnier à Roan, Genève, 1547 ; Œuvres complètes, édit. d’Amsterdam, 1667, t. viii, p. 374-408 ; Berthier, Histoire de l’Église gallicane, Paris, 1769, t. xvra, p. 464, (anno 1547, et non 1549 comme dit par erreur Bergier, Dicl. de Théol. dogm., t. iii, p. 299.)

IL Les libertins de Genève, adversaires de Calvin. — C’est dans’un sens nettement différent qu’on applique ce terme de Libertins à un parti politique de Genève contre lequel Calvin eut tant de peine à établir sa domination. Les membres de ce parti ne s’occupaient nullement de spéculations religieuses et n’avaient embrassé la Réforme que pour secouer l’autorité dcl’évêquc ; ils tenaient à garder jalousement l’indépendance traditionnelle de leur cité et menaient une existence de plaisir et de luxe que dénoncera avec un zèle inlassable le rigide fondateur du calvinisme.

La liberté personnelle était acquise aux Genevois de temps immémorial. Tout prince-évêque, entrant en fonctions, jurait entre les mains des magistrats de la communauté les vieilles libertés et franchises locales, tandis que ni les magistrats ni les citoyens ne faisaient de serinent à l’évêque. En 1526, les Genevois conquirent, par l’alliance avec Berne et Fribourg, leur indépendance politique et mirent fin aux droits que la maison de Savoie s’était arrogés sur leur ville. Ce fut l’alliance Bernoise qui fit germer, dès 1528, les premières idées de réforme. En 1532, les doctrines de Luther étaient prêchées dans Genève ; en 1575, la majorité des habitants était protestante et prononçait la déchéance de l’évêque ; en mai 1536, le peuple, consulté en conseil général, se déclarait officiellement pour la réforme. Jusque-là les réformateurs, Viret, Farel et Froment étaient luthériens.

Mais, dès que Calvin, attiré et presque contraint par Farel. s’est lx(- à Genève (1536), il veut immédiatement établir son régime théocratique. D’abord chargé simplement d’expliquer la sainte Écriture, il tente aussitôt de réformer les mœurs. Il rédige les Arliculide regimine Ecclesim et les fait adopter par les deux Conseils, le tnvier 1537. Les manquements seront punis par le bannissement.

Le parti de la liberté, les Kidgenots, proteste contre l’exigence de la Confession de foi et surtout contre la sainte discipline de Ici-communication qui, mettant entre les mains des ministres l’exclusion de la participation à la Cène, rend ceux-ci juges de la vie privée de tous les citoyens. En avril 1538, ils arrivent à faire prononcer par les Conseils le bannissement de Calvin le Farel et de Couraud.

Maiils ne surent pas profiter de leur victoire. i nnemis de Calvin eurent le tort de trop se soumettre < l’influence de Berne et de se montrer [ni

lUverner la ville. Calvin avait laissé des parti qui profitèrent de ces dissensions pour

nir le réformateur que nul n’était arrivé à

renii Ivin ne se hâtera pas de répondre à

l’appel’t.- ses.unis et ne reviendra qu’au bout d’un an renforcé no septembre 1541V II

luttera pendant quatorze ans contre ses adversaires pnlilrpn avec une énergie qui triomphera de toutes on entourage. Pourcela, il s’appuiera une institution nouvelle, le Consistoire, chargé ipliquer ses ordonnances. Il ne craindra p : ne, |-- la délation.

I s libertins fie toute, 10] les d’Iiéi.’lent simplement les ad^ i’ui ei.te ta sui. irdinatlon du il au pouvoir religieux,

i m iiiù’i, | a ni’Parmi ses victimes, qu’il suffise de nommer Sébastien Castellion, exilé en 1545, voir Buisson, Sebastien Castellion (1515-1563). Élude sur les origines du protestantisme libéral en France, 2 in-8°, Paris, 1891 ; Pierre Ameaux, François Favre, Aimé Perrin, qui subirent diverses peines des plus humiliantes, Jacques Gruet, mis à la torture, puis décapité en 1547, Raoul Monnet qui subit le même sort en 1549, Jérôme Bolsec, mis en prison, puis banni à perpétuité en 1551, Michel Servet, brûlé vif en 1553.

La victoire de Calvin s’affirme en 1555. Ayant obtenu la majorité au petit conseil, il fait octroyer systématiquement le droit de bourgeoisie à des étrangers gagnés à ses idées. Le 13 août, trois cents réfugiés sont faits citoyens « pour la garde et protection du gouvernement ». Ces mesures indignent les libertins ; Berthelier et Perrin se mettent à la tête des révoltés. Calvin en profite pour faire prononcer leur bannissement, qu’il maintiendra malgré les objurgations de Berne, Bien plus, il obtient le bannissement de leurs femmes, la confiscation de leurs biens et la peine de mort contre tout citoyen qui parlerait de rappeler les exilés. Daniel Berthelier fut exécuté, ainsi que Claude de Genève et les deux Comparet.

A partir de ce moment, le règne de Calvin est incontesté (1555-1564). Les libertins privés de leurs chefs n’osent élever la voix. Mais ce système de contrainte et de rigorisme outrancier contribuera par réaction à susciter les idées de tolérance qui se développeront plus tard au xviiie siècle.

Calvin, Comm. In I Cor., xv, 1 et 2, (dit. d’Amsterdam, t. vii, p. 202 ; In I Thess., v, 20, p. 421 ; In I Tim.. n, 17, p. 482 ; In Bp. Judée, 4, t. vu b p. 104, et 19, p. 106, In Ep. II Petr, iii, 18, p. 49 : Fleury, Histoire de l’Église de Genève, 3 vol., Genève, 1880 ; E. Choisy, La théocratie à Genève au temps de Calvin, Genève, 1897 ; G. Goyau, Une Ville-Église. Genève (1535-1907), Paris, 1919, c. i.

B. Hedde.

    1. LIBRA (Jean de)##


LIBRA (Jean de), chartreux, f 1582, naquit à Montauban dans les premières années du xi° siècle, fit ses études à l’Université de Cahors et y prit les grades de docteur en théologie et en l’un et l’autre droit. Pendant quelques années, il occupa une chaire dans cette université. Vers 1532, il se lit chartreux à Cahors et, après sa profession, fut nomme vicaire de son monastère. Pendant 40 ans (1511-1581), il fut presque toujours prieur dans les chartreuses de la province d’Aquitaine et dans celle de Milan, visiteur, covisiteur et commissaire en France et en Italie. Accusé d’hérésie au tribunal de l’Inquisition, il fut appelé à Home, et deux fois, en présence du pape Pic IV, il exposa sa croyance catholique avec tan ! de doctrine que le saint-père non seulement le déclara innocent mais encore lui ordonna de rentrer en France et d’y prêcher publiquement la foi, surtout dans les pays infestés par les huguenots. Dans cette alïaire de suspicion d’hérésie, dom Jean avait un compagnon

ment français et chartreux, dom Pierre de

qui partagea avec lui l’amertume de l’épreuve,

la joie de la justification et la gloire de la mission apostollque. Avec l’assentiment du général de l’< inlre. dom Jean niont ; i pour la première fois en chaire, à la cathédrale de Toulouse, et y prêcha l’avent en 1568, les

dimanches entre Noël et Pâques, ainsi que le carême en 1560. Étant devenu aveugle (1572), il ne cessii p-is d’annoncer la parole de Dieu partout 0Û les autorités

lastiques et civiles l’appelaient. in si il prêcha, en 1572 1573, l’Avent et le carême A la cathédrale de

Cahors. et, en I, 1’aventet le carême à Castel Sarrasln. Il revint souvent prêcher A Toulouse, A

Cahors. à Moissac et à Caslel Henri |. étant encore roi de Navarre. isita la chartreuse de Cahors et voulut assister à une dispute théolOgique entre le reb

l