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    1. LIBERTÉ MORALE##


LIBERTÉ MORALE, DE CONSCIENCE, DES CULTES

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résidus impars. Noblesse oblige : c’est un axiome parmi les hommes. Ainsi en est-il de la noblesse surnaturelle que Dieu a daigné conférer à la créature. La qualité d’enfant de Dieu, le don de la grâce, la vocation à la gloire, c’est là une noblesse qui oblige ; quiconque y forfait est coupable, coupable envers le souverain domaine de la paternité divine, qui punira en esclave celui qui n’aura pis voulu être traité en fils. » Cardinal Pie, Discours et instructions pastorales, t. ii, Poitiers, 1858, p. 425-427.

La liberté des cultes.

1. Principes généraux. —

La liberté des cultes, ou la liberté de religion, se distingue de la liberté de pensée ou de conscience, en ce que celleci se borne à l’intérieur, tandis que celle-là se produit à l’extérieur.

Dans l’encyclique Libertas præslantissimum, que nous avons citée plus haut, Léon XIII en arrive à examiner cette liberté « si contraire, dit-il, à la vertu de religion, la liberté des cultes, comme on l’appelle, liberté qui repose sur ce principe qu’il est loisible à chacun de professer telle religion qu’il lui plaît, ou même de n’en professer aucune ».Édit. citée, t. ii, p. 193. — Mais, tout au contraire, enseigne le pape, c’est bien là, sans nul doute, parmi tous les devoirs de l’homme, le plus grand et U’plus saint, celui qui ordonne à l’homme de rendre à Dieu un culte de piété et de religion. Et ce devoir n’est qu’une conséquence de ce fait que nous sommes perpétuellement sous la dépendance de Dieu, gouvernes par la volonté et la Providence de Dieu, et que, sortis de lui, nous devons retourner à lui. »

Dès là qu’une créature douée d’intelligence et de facultés morales est mise en présence de Celui qui l’a faite, elle est saisie par ce devoir : reconnaître les titres du Créateur à l’estime transcendante et au fidèle service de l’être qu’il a jeté dans l’existence. La manifestation extérieure de la vertu de religion s’app -Ile culte extérieur. « Le sentiment religieux est un devoir rigoureux : il faut donc que nous employions les signes extérieurs du culte, soit pour réveiller le sentiment religieux, soit pour le rendre plus ardent ; d’autant plus que la dissipation des affaires nous fait oublier facilement nos devoirs les plus simples, nos relations les plus intimes. Que d’hommes perdraient complètement Dieu de vue sans l’usage du culte extérieur ! Ce culte est donc dans l’ordre et son absence est un désordre. Dieu, qui veut l’ordre et défend le désordre, veut donc le culte extérieur, non qu’il en retire quelque avantage, pas plus que de nos autres vertus ; mais il ne peut pas plus approuver un désordre dans les actes religieux que dans les autres actes humains. » Taparelli, Essai théorique de droit naturel, 1. 1, t. I, c.ix. Ce culte lui-même est réglé et bien déterminé ; il n’est pas loisible à chacun de le modifier à son gré ou d’en choisir un autre. « Si l’on demande, dit Léon XIII, parmi toutes ces religions opposées qui ont cours, laquelle il faut suivre à l’exclusion des autres, la raison et la nature s’unissent pour nous répondre : celle que Dieu a prescrite et qu’il est aisé de distinguer, à certains siimes extérieurs par lesquels la divine Providence a voulu la rendre reeonnaissable. car. dans une chose de cette importance, l’erreur entraînerait des conséquences trop désastreuses. C’est pourquoi offrir à l’homme la liberté dont nous parlons, c’est lui donner le pouvoir de dénaturer Impunément le plus saint des lier, abandonnant le bien immuable

pour se tourner vers le mal : ce qui, nous l’avons dit. 1 plus la liberté, mais une dépravation de la liberté

et une’servitude de l’Ame dans l’abjection du péché.

L’est Dieu qui a f ; « it l’homme pour la société’I qui l’a Uni a ses semblables, afin que les besoins de sa nature, que ses illorts solitaires ne pourraient jamais

hier, pussent trouver satisfaction dans l’associa lion.’.es| pourquoi la Société civile, en tant que

société, doit nécessairement reconnaître Dieu comme son principe et son auteur et, par conséquent, rendre à sa puissance et à son autorité l’hommage de son culte. Non, de par la justice ; non, de par la raison, l’État ne peut être athée, ou, ce qui reviendrait à l’athéisme, être animé à l’égard de toutes les religions, comme l’on dit, des mêmes dispositions, et leur accorder indistinctement les mêmes droits. Puisqu’il est donc nécessaire de professer une religion dans la société, il faut professer celle qui est la seule vraie et que l’on reconnaît sans peine, au moins dans les pays catholiques, aux signes de vérité dont elle porte en elle l’éclatant caractère. Cette religion, les chefs de l’État doivent donc la conserver et la protéger, s’ils veulent, comme ils en ont l’obligation, pourvoir prudemment et utilement aux intérêts de la communauté. Car la puissance publique a été établie pour l’utilité de ceux qui sont gouvernés, et quoiqu’elle n’ait pour fin prochaine que de conduire les citoyens à la prospérité de cette vie terrestre, c’est pourtant un devoir pour elle de ne point diminuer, mais d’accroître, au contraire, pour l’homme, la faculté d’atteindre à ce bien suprême et souverain dans lequel consiste l’éternelle félicité des hommes, ce qui devient impossible sans la religion. « Une liberté de ce genre, dit le pape en terminant, est ce qui porte le plus de préjudice à la liberté véritable, soit des gouvernants, soit des gouvernés. La religion, au contraire, lui est merveilleusement utile, parce qu’elle fait remonter jusqu’à Dieu même l’origine première du pouvoir ; qu’elle impose avec une très grave autorité aux princes l’obligation de ne point oublier leurs devoirs ; de ne point commander avec injustice ou dureté, de conduire les peuples avec bonté et presque avec un amour paternel. D’autre part, elle recommande aux citoyens, à l’égard de la puissance légitime, ! a soumission comme aux représentants de Dieu ; elle les unit aux chefs de l’État par les liens, non seulement de l’obéissance, mais du respect et de l’amour, leur interdisant la révolte et toutes les entreprises qui peuvent troubler l’ordre et la tranquillité de l’État, et qui, en définitive, donnent occasion de comprimer, par des restrictions plus grandes, la liberté des citoyens. Nous ne disons rien des services rendus par la religion aux bonnes mœurs, et par les bonnes mœurs à la liberté même. Un fait prouvé par la raison et que l’histoire confirme, c’est que la liberté, la prospérité et la puissance d’une nation grandissent en proportion de sa moralité. »

2. Application de ces principes.

De cet enseignement magistral découlent les points de doctrine qui suivent :

a) Nous devons à Dieu un culte intérieur et extérieur, un culte privé et un culte public. Pris en lui-même. Dieu est l’être infiniment parfait et transcendant. Nous sommes au-dessous de lui, nous lui sommes soumis. Il est dès lors juste, nécessaire, indispensable que nous lui rendions un hommage absolu à cause des t it res qui lui sont personnels, un hommage supérieur à cause de titres qui sont hors de pair.

b) Dieu ayant établi, dans le but de faire arriver les hommes à leur fin dernière, un culte obligatoire et une Société également obligatoire qui n’est autre que l’Église catholique, il s’ensuit que tout homme a le droit et le devoir d’embrasser ce culte, et d’adhérer a rit le société. Il en résulte également que nul n’a le droit de rejeter le culte prescrit par Dieu et de se sous traire à l’autorité de l’Église. I.a liberté doctrinale des cultes ne saurait être admise, même au simple point rie vue de la raison Celle Cl, en effet, prescrit de rendre

i Dieu le culte qui, seul, est agréé par lui. Il est aussi

contraire b la loi morale de rendre a Dieu un culte

opposé à celui qu’il a prescrit que de ne lui rendre

aucun culte