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LIBERAT US — LIBÈRE


à suint Cyrille d’Alexandrie et signale les procédés

contestables par lesquels il a triomphé, c. v, col. 977 !) ; c. vi, col. 979 D/981 A ; c. viii, col. 983 B ; il montre néanmoins que les monophysites ne peuvent se réclamer île son patronage. C. ix, col. 386. C’est au pape Vigile qu’il réserve toute sa sévérité et il convient de n’accepter que sous bénéfice d’inventaire ce qu’il dit de ce pontife au c. xxii. — L’information de l’auteur est généralement consciencieuse. Pour les événements anciens il a utilisé, comme il le dit lui-même, c. i, l’Kcelesiaslica historia nuper de ynvco in lalinum translata, c’est-à-dire la Tripartite récemment éditée par les soins de Cassiodore, les Gesta synodalia, ce que l’on remarque très bien dans son récit très clair du concile de Chalcédoine, c. xiii, des Epistolie sanctorum Patrum, parmi lesquelles il faut compter, comme le pensait déjà Garnier, les Gesta de nomine Acacii vel breviculus historiée Eutychianistarum. Texte dans la Collectio Avellana, et, moins bien, dans P. L., t. i.ix, col. 61 sq. 1 ! signale aussi illa quæ in græco Alexandrise scripto accepi qu’il ne faudrait pas trop rapidement identifier avec l’Histoire ecclésiastique de Zacharie le Rhéteur. Pour les derniers chapitres de son ouvrage, Libératus a surtout fait état des récits des témoins oculaires. Ainsi a-t-il réalisé une œuvre qui n’est pas méprisable, qui vise à l’impartialité, qui évite les éclats auxquels se sont laissé entraîner d’autres défenseurs des Trois-Chapitres, et qui, dans sa dernière partie, est une source importante pour l’histoire de cette pénible controverse II est difficile de préciser le lieu et la date de composition La première phrase du prologue ferait songer au temps de l’exil à Euchaïta, à condition de la traduire comme Garnier le suggère : « Maintenant que me voici reposé (de/atigatus = défatigué) des rudes fatigues du voyage et que mon esprit a vacances des soucis temporels. » Mais, en tout état de cause, le Breviarium a été composé après la mort de Vigile qui est signalée à la fin du c. xxii, col. 1042 A, donc après 555, avant celle de Théodore d’Alexandrie, arrivée en 566 ou 567, car celui-ci est donné comme encore vivant à la fin du c. xx, col 1037 C.

Publié d’abord par P. Crabbe dans ses Concilia, 1538, et beaucoup mieux par Jean Garnier, S. J., en 1675, le Breviarium a été réimprimé par Gallandi, Bibliotheca velerum Patrum ^. xii, p. 119-188, par Mansi, Conci’Z., t. ix, col. 659-700, par Migne, P. L., t. Lxviii, col. 963-1052, qui a ajouté en appendice la dissertation de Garnier sur le V° concile. — Voir Ceillier, Histoire des auteurs sacrés et ecclésiastiques, 2° édit., t. xi, p. 302 ; Fabricius, Bibliotheca lalina média : et infimæ œtaiis, édit. de Hambourg, t. iv, 1735, p. 804 ; Fabricius a dépouillé tous les noms d’auteurs et d’hérétiques cités par Libératus, dans la Biblioth. Grœca, t. xi, p. 443 ; C. Hole, dans Diclionary of Christian Biography, t. iii, 1882, p. 716. — Consulter aussi, G. Kriiger, Monophysilische Streitigkeiten im Zusammenhange mit der Reichspclitik, Iéna, 1884 ; Ch. Diehl, L’Afrique byzantine, Paris, 1896, p. 432 sq. ; Dom H. Leclercq, L’Afrique chrétienne, Paris, 1904, t. ii, p. 256-273.

É. Amann.
    1. LIBÈRE##


LIBÈRE, pape de 352 à 366. — I. Le pontificat.

— IL La « chute » ou la « capitulation » du pape Libère (col. 637). — III. Histoire de la question de Libère (col. 654).

I. Le pontificat.

1° Jusqu’à l’exil à Béréc (352-355). — Le pape saint Jules étant mort le 12 avril 352, Libère fut ordonne pour lui succéder dans le courant du mois de mai. La date est difficile à déterminer avec précision. Le catalogue libérien marque le 22 mai ; mais, comme ce jour tombe sur semaine et que, dès cette époque, la coutume était établie de n’ordonner le pape que le dimanche, il y a lieu de soupçonner une erreur. Jaflé, au lieu de XI calend. jun., lit XI cal. fui., ce qui reporterait l’or dination au dimanche 21 juin ; d’autres modifient d’une autre manière et lisent XVI cal. jun. fixant ainsi ! a date au dimanche 17 mai. Cette correction vaudrait mieux que la première, car on ne voit pas de raison pour supposer une vacance de plus de deux mois entre la mort de Jules et l’accession de Libère ; le Liber Pontiftccdis ne signale qu’une vacance de 25 jours. Cette question est d’ailleurs sans importance, car il ne semble pas qu’il y ait eu de difficultés pour l’élection du nouveau pape.

Sur les antécédents de Libère nous n’avons que de maigres renseignements. Le Liber Pontificalis le dit romain d’origine. Si l’on pouvait être sûr qu’une épitaphe, étudiée par De Rossi et sur laquelle nous aurons occasion de revenir, est bien celle de Libère, on aurait quelques éléments de son curriculum vitæ. Il aurait été lecteur tout enfant(ce qui est dans les habitudes de l’époque), puis promu au diaconat, et c’est après quelques années de ce ministère qu’il aurait été élu au souverain pontificat. Curriculum vitse très uni, comme l’on voit, et tout à fait semblable à celui de beaucoup de papes de l’époque. Le pontificat de Libère serait moins facile.

Ses débuts coïncident, en effet, avec le commencement de la campagne entreprise par Constance pour imposer à tout l’empire la répudiation du consubstantiel nicéen et l’abandon de son plus ferme soutien Athanase d’Alexandrie. Depuis plusieurs années déjà l’Orient est acquis à cette politique ; la mort de l’empereur Constant, les victoires successives de Constance sur l’usurpateur Magnence vont permettre de l’imp oser à l’Occident. Les étapes de la marche victorieuse de Constance en Illyrie, au Nord de l’Italie, en Gaule marquent aussi les étapes de la conquête de l’Occide nt par les formulaires non consubstantialistes.

Le pape Libère ne pouvait manquer d’être, à brève échéance, sollicité de prendre parti. A peine était-il monté sur le siège pontifical, qu’il était saisi par les évêques orientaux hostiles à Athanase d’une demande en revision de la sentence rendue en faveur de l’évêque d’Alexandrie par le pape Jules, en 340, et le concile de Sardique en 343. Cette demande qui était adressée au pape Jules, c’était son successeur qui devrait l’examiner. Quelle allait être son attitude ? Maintiendrait-il purement et simplement les décisions antérieures, ou bien au contraire allait-il s’engager dans la voie des interminables procédures par lesquelles les Orientaux avaient essayé d’obscurcir une question qui nous paraît fort simple ?

A en juger par les termes d’une lettre adressée plus tard à Constance et dont l’authenticité ne fait de doute pour personne, Jaffé, n. 212, et aussi par l’épître Studens paci dont il nous semble qu’on ne peut guère récuser le témoignage, voir ci-dessous, col. 646. il paraît bien que le premier mouvement de Libère fut de rouvrir le procès d’Athanase. Une légation pontificale aurait été envoyée à Alexandrie, demandant à l’évêque de venir à Rome pour y discuter en synode les accusations, surtout d’ordre personnel, qui étaient portées contre lui. Aux yeux de Libère cette démarche pouvait fort bien s’associer à la plus profonde estime pour Athanase et pour les doctrines qu’il représentait. Mais tant de bruit se faisait depuis si longtemps autour de minimes incidents, qu’il pouvait sembler utile au pape, dans l’intérêt même d’Athanase et de la vérité, de tirer une bonne fois au clair, dans un débat contradictoire et impartial, les misérables accusations par lesquelles le parti eusébien s’efforçait de discréditer l’évêque d’Alexandrie. Ce dernier ne crut pas devoir accéder à la demande de Libère, mais il fit tenir au pape un mémoire signé par quatre-vingts évêques égyptiens qui se portaient défenseurs de leur patriarche. Soigneusement étudié à Home, ce mémoire