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LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LE LIBÉRALISME MODÉRÉ


naisse vraiment à l’Église cette liberté. Cf. Lagrange, Vie de Mgr Dupanloup. t. i, p. 315-326. C’était le point de départ d’une orientation plus hardie ; elle ne satisfit pas tous les catholiques et fut le point de départ d’une future scission.

Malgré cette opposition, en mars 1847, Dupanloup revenu de Rome où il a obtenu l’approbation du nouveau pape, Pie IX, insiste dans une brochure intitulée : De l’état actuel de la question. Il demandait cette loi d’enseignement qui assurerait la pacification des esprits. En l’état présent des choses, cette loi lui paraissait facile. Un mot imprudent : « .le ne m’occuperai point des opinions extrêmes », où Veuillot et Parisis se crurent visés les mécontenta : Veuillot manifesta sa mauvaise humeur dans l’Univers, mais tout s’apaisa encore. Et quand, le 12 avril, le ministre Salvandy eut déposé un quatrième projet de loi sur la liberté de l’enseignement, libéral en paroles mais entouré de restrictions et compliqué d’exigences, Veuillot et Dupanloup se retrouvèrent unis, pour le rejeter, au Comité de défense religieuse. « Jamais l’attente publique n’a été plus complètement trompée, » dira ce comité, Circulaire du 4 mars 1867 ; Dupanloup, dans une brochure du 25 avril, sous ce titre, Du nouveau projet de loi, sans renoncer à ses idées de conciliation, montre que « le nouveau projet anéantit toutes les libertés, dont on jouissait dans le régime du monopole a et l’Univers l’applaudit. La Révolution de 1848 emporta le projet Salvandy.

Mais plus important fut l’ouvrage intitulé : Cas de conscience à propos des libertés exercées ou réclamées par les catholiques, ou accord de la doctrine catholique avec la forme des gouvernements modernes, par Mgr Parisis, Paris, 1847. Pour répondre à cette objection des libéraux, que le catholicisme, vu ses doctrines et son passé, ne peut s’arranger de la liberté, et cette autre de quelques catholiques, que la liberté est une puissance ennemie de toute religion et plusieurs fois condamnée, Parisis se pose sept cas de conscience entre autres : un catholique peut-il rester orthodoxe et sincèrement 1. demander la liberté des cultes, 2. admettre un gouvernement constitué sans religion, ’.', . prétendre qu’il peut y avoir culte public sans religion d’État, 4. demander la séparation de l’Église et de l’État, ">. préférer la liberté de la presse au régime « l’une censure préalable exercée par L’État’?

A ces questions l’évêque répond : 1. Dans l’ordre absolu, un catholique ne peut professer Yindiffércntisme, évidemment ; mais dans l’ordre pratique, en Certaines circonstances, il peut et même parfois doit réclamer la liberté pour tous les cultes. Lorsqu’il existe des constitutions qui proclament cette liberté, telle la Charte, rien n’empêche « le les invoquer pour assurer à l’Église sa pari de liberté : il est faux qu’il ne soit jamais permis d’invoquer une loi mauvaise pour obtenir just [ce, Il est non moins faux, d’ailleurs, que la loi Civile ne puisse jamais. s ; ms blesser la doctrine

catholique, permettre et même proléger la liberté civile des cultes. » Cette doctrine paraît contraire à l’institution divine del’Église ; en réalité, elle es i par commandée par les intérêts de la société civile. auxquels la loi civile doll pourvoir avant tout, el

par les vrais intérêts de l’Église. 2 II v a. dit IV Nique, une sécularisation de l’État, qui est une forme d’hostilité à l’égard de l’Église, et une forme de rell gion d’Étal qui est l’asservissement de l’Eglise, celle

du gallicanisme parlementaire, par exemple, et de la Constitution civile du clergé, seule forme de religion d’Étal possible aujourd’hui, avec la centralisation.

Un cal bol iq ne ne saurait Non loir ni de ceci, ni de cela

Il y a une forme Idéale de religion d’Étal : l’Étal

adoptant officiellement les lois de l’Église pour base

talion, assurant pour elles-mêmes l’exécu tion de ces lois. Mais qui ne le voit ? une telle conception est irréalisable aujourd’hui. Il y a enfin une sécularisation, nullement hostile mais imposée par les circonstances : telle encore la Charte. « Parce que nous sommes catholiques sincères, conclut Parisis, nous devons préférer l’état de choses actuel. » — 3. Le culte public, le culte officiel de l’Église, n’est nullement dépendant d’une religion d’État : l’État n’a ni comme but, ni comme fonction de diriger un culte. — 4. L’idée d’une séparation absolue a été formellement condamnée par le Saint-Siège ; ce que l’on peut souhaiter, c’est une situation qui assure l’indépendance complète de l’Église à l’égard de l’État, mais où celui-ci assurerait à celle-là, l’exercice de sa liberté et où l’Église prêterait à l’État l’appui de son autorité morale. Parisis n’admet pas que le concordat de 1801 ait été abrogé par la Charte ; il en reconnaît cependant les dangers actuels, surtout en ce qui concerne la nomination des évêques. — 5. La liberté de la presse a eu au xviiie siècle, et depuis, avec le journalisme, au xixe, des suites lamentables, mais faut-il pour cela la destruction de cette liberté’? L’Église y perdrait plus qu’elle n’y gagnerait, l’expérience le prouve : c’est contre elle que l’État tournerait son pouvoir : une seule chose arrête l’État dans son éternelle tendance à asservir l’Église : la liberté de la presse catholique dont la liberté générale est la garantie. — Le sixième cas de conscience donnait une fois de plus les raisons de la liberté de l’enseignement ; le septième parlait longuement du journalisme. La solution pratique du problème qu’ont posé les temps modernes, conclut l’auteur, « se résume en ce peu de mots : L’union des droits de l’Église et des libertés politiques ». Cas de conscience, p. 329. C’est bien là le libéralisme catholique de Lamennais, mais soigneusement limité, précisé et surtout nettement placé sur le terrain pratique.

Le Correspondant applaudit franchement, 1847, t. iv, p. 839-865, article de A. de Courson : Veuillot, le 30 novembre 1847, écrivait à Mgr Parisis : » Le point de vue constitutionnel est celui qu’il faut prendre. Il fermera la bouche à la mauvaise foi libérale, ouvrira les yeux aux libéraux de bonne foi et fera entrer les chrétiens dans la route la plus large et la plus pratique qui soit aujourd’hui oITerte aux idées. Dieu a réservé pour nous dans la Charte et dans les lois de puissantes armes dont nous avons tort de ne point user… Acceptons les lois pour avoir le droit de nous en servir. » Correspondance, t. i, p. 210-211. Après des hésitations, il approuva finalement et le livre devint « comme la loi et le prophète du parti catholique, Abbé Jules Morel, Somme, préface générale, p. xiv. Hautain traitera le même sujet, avec le même esprit, dans son carême de ISIS, à Notre-Dame : La religion et lu liberté Considérées dans leurs rapports, Paris, 18 IN

2. L’avènement de Pie IX. Le libéralisme et l’Eglise en Italie. Ce qui rend alors au catholicisme libéral une telle assurance, c’est I’iin cuement d’un pape qui passe pour libéral. Pie I. élu le 1<> juin 1846.

l’arec qu’il a été élu cont re le candidat de l’Autriche.

Lambruschinl, qu’il a pris quelques mesures, de boulé.

parce qu’on veut se persuader qu’il diffère de son prédécesseur el que son clect ion est le I riomphe du cal li<<

licisme libéral, on attend de lui, en Italie comme au dehors, la grande parole qu’a demandée souvent lii (, f. l’article de Ch. Lenormant. Grégoire X i et Pie IX, dans le Correspondant du 10 septembre 1846, reproduit dois la Revue de Bruxelles, 1810. t. u. p. 332-355. Déjà Viontalembert avait essayé de gagner Pie l i la politique libérale par un Mémoire daté du 12 septembre imh. que Dupanloup porta A

Rome et qui se résumait en la parole de leveque de