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    1. LIBÉRALISME CATHOLIQUE##


LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LAMENNAIS ET L’AVENIR

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lettre de Pacca à Lamennais donnait des précisions. Par égard pour ses talents et pour ses services, le pape ne l’avait pas nommé mais l’avait condamné. Pourquoi avait-il, sans mission, jeté dans le public incompétent des questions uniquement propres à diviser ? Pourquoi soutenir dans l’ordre civil et politique des doctrines de sédition ? et soutenir encore, avec si peu de mesure, les libertés des cultes et de la presse ? Pourquoi, enfin, cet Acte d’Union, sorte d’appel à toutes les volontés de désordre ? Ainsi, même dans l’hypothèse, en tenant compte des nécessités pratiques, l’Avenir était condamné. Les trois vaincus eurent immédiatement la volonté d’une soumission dont Lamennais indiqua les termes et, le 10 décembre, à Paris, avec Gerbet et de Coux, seuls présents, ils publiaient, comme rédacteurs de l’Avenir et membres du conseil de l’Agence, une Déclaration de respectueuse soumission, où ils invitaient leurs amis « à donner le même exemple ». Et « convaincus qu’ils ne pouvaient continuer leurs travaux sans se mettre en opposition avec la volonté formelle de celui que Dieu a chargé de gouverner son Église », ils annonçaient la fin de l’Avenir et la dissolution de l’Agence générale. Le 27 octobre, Pacca écrivait à Lamennais la satisfaction du pape.

Rien, cependant, n’était fini. Les ennemis du libéralisme, catholique ou non, de l’Avenir et de Lamennais, en particulier, triomphaient mais voulaient plus : un écrasement complet. D’autre part, la soumission de Lamennais n’avait été que limitée : interprétant l’encyclique dans le sens de son désir, c’est-à-dire, dans le sens purement disciplinaire, il avait jugé que la soumission demandée et promise était simplement le silence. Elle devint vite « impatiente ». SainteBeuve, Causeries du lundi, t. i, p. 213. « Il avait cru d’abord pouvoir se résigner, » Nouveaux lundis, t. iv, p. 36 ; mais, sous la poussée intérieure, en réaction aussi à l’égard de la lâcheté des uns, du triomphe, des injustices et des calomnies des autres, et même des exigences qu’il provoquait, il évolua. Comme il a séparé le spirituel du temporel, l’Église de l’État, il prétend continuer à soutenir ses idées sur le terrain politique et social, uniquement. S’il avait eu besoin d’encouragement, des lettres comme celle où le P. Ventura lui annonce que la condamnation de l’Avenir est l’œuvred’une coterie romaine sur le point d’être vaincue a son (oui, lioutard, t. ii, p. 307, n. 1, eût assurément suffi. Comme il ne sait dissimuler ses sentiments ni dans ses propos, ni dans sa correspondance et qu’une surveillance attentive le suit, on doutera bientôt de sa soumission ; des exigences s’élèveront auxquelles il essaiera ou feindra de se plier, jusqu’à ce jour du commencement d’avril 1834, où « pour que tout cela finisse », il remet à Sainte-Beuve le manuscrit des Paroles d’un croyant, en le priant de le publier. Ce fut le coup de canon que l’on tire en mer pour dissiper le brouillard. Il fut manifeste dès lors

qu’il était entrée pleines voiles dans un océan nouveau. » Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, t. iv, p. 39, Le 3 novembre 1832, l’archevêque de Toulouse, d’Astros, en demandant a Rome de sanctionner les censures portées ou approuvées par les évêquea franconcernant les doctrines non seulement politiques mais encore philosophiques de Lamennais <t de ses

disciples, faisait Valoir que les inenaisiens se prelen

daient non frappés puisque l’encyclique ne les nommait pas. l’en après, la nonciature demandait a Lamennais d’écrire au pape. Il se contenta - pour ne pas se lier — de faire communiquer au nonce une lettre

à de Coux, "n ii renouvelai ! simplement le geste du 10 septembre. Le 23 février 1833, le Journal tir La Haye publiai) une lettre, privée assurément, où Lamennais parle à de Potter’lu vrai peuple auquel

il faut s’identifier et qu’il faut amener à défendre sa propre cause », et où il se dit « plus que jamais plein d’ardeur pour retourner au grand combat. Dans aucun cas, je ne resterai muet ». Chose plus grave, car c’était une sorte de réponse à l’encyclique du 9 juin 1832 aux évêques polonais ; dans les premiers jours de mai, il répandait Le livre des pèlerins polonais d’Adam Mickiewicz, traduit par Montalembert avec un Avantpropos passionné du traducteur et, comme finale, un Hymne à la Pologne de Lamennais. D’un autre côté, Lamennais apprenait à ce moment la disgrâce de Ventura et, à la fin de juillet, l’archevêque de Toulouse publiait un bref du 8 mai, réponse à sa lettre flu 3 novembre précédent. Rome ne faisait pas siennes les censures des évêques mais le pape disait ébranlée sa confiance dans la Déclaration des rédacteurs de l’Avenir « par ce qui se répand aujourd’hui encore dans le public ». Lamennais saisit l’occasion de préciser sa position. Dans une lettre du 4 août 1833 qu’il adressait à Grégoire XVI par l’intermédiaire de l’évêque de Rennes — il était alors à La Chênaie — il protestait de la sincérité de la Déclaration que des actes avaient confirmée et il ajoutait que, résolu à ne plus s’occuper « des choses qui touchent l’Église », il l’était non moins à être soumis au Saint-Siège dans la foi, les mœurs et la discipline. Si cela ne suffit point, que faut-il qu’il fasse ? Un bref de Grégoire XVI, du 5 octobre, à l’évêque de Rennes, explique le bref à l’archevêque de Toulouse : c’est la lettre à de Potter et le livre de Montalembert, « écrit plein de témérité et de malice », qui ont inquiété le pape. La lettre de Lamennais a augmenté son inquiétude. Ce qu’il doit faire ? « s’engager à suivre uniquement et sans réserve les doctrines de l’encyclique, et ne rien écrire, ni approuver de contraire. » Lamennais ayant quelque peu blessé l’évêque de Rennes, celui-ci lui enlève ses pouvoirs et publie le bref dans la Gazette de Bretagne, ennemie acharnée de l’Avenir et de son chef. Lamennais, irrité, répond de Paris au pape, le 5 novembre, et communique sa réponse à la presse. Il maintenait sa position : soumis sans limites, sans réserve, à l’encyclique et à tout ce qui relève de l’Église, « en conscience il doit déclarer que, selon sa persuasion, le chrétien demeure entièrement libre dans l’ordre purement temporel ». Mgr de Quélen intervient et Lamennais envoie à Rome un Mémoire explicatif. Mais le cardinal Pacca demande au nom du pape une soumission « simple, absolue, sans limites >. Le Il décembre, le lendemain du jour où il a reçu cette lettre, Lamennais signe la formule de soumission « contenue dans le bref du 5 octobre ». Tous les catholiques, à commencer par le pape, applaudissent, lui réalité, celui qui l’a signé eût à ce moment signé, si on le lui eût demandé. que le pape est Dieu et qu’il doit être adoré Lui seul. Lettre à Montalembert, 1 er janvier 1834. Mes idées, disait-il, ibid., suivent les événements et se modifient. sans qu’il m’en coûte, selon les lumières qu’ils m’ap portent. » Puisque le pape ne l’avait pas compris. manifestement, il avait cessé d’être l’Interprète Infaillible de la vérité confiée par Dieu au genre humain : la mission providentielle de tait terminée.

providentiellement surgie, en vertu de la loi du pro Ifl démocratie avait reçu cette mission : c’est a

eiie qu’il ira. Mais < tout prix i m voulait alors « la

pais », et il attendait pour allumer son évolution ri

reprendre sa liberté, trois mois après, fatigué di féU citations ei.le sollicitations, d’attaques aussi qui poursuivaient en lui le membre de l’Église, comme men <ic la doctrine (philosophique) <PM. de La

inclinais, publie par un prclre de Saint Snlpice. l’abbé

Boyer, las aussi de sa fausse position entre s.i pro il se il, i nie In nsipienient ; i

publier les Paroles d’an trayant, livre qu’il avait COtH