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    1. LIBÉRALISME CATHOLIQUE##


LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LAMENNAIS ET L’AVENIR

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Mémorial agenais, Y Union catholique et bretonne, de Nantes. Aux côtés de l’Avenir combat toujours le Correspondant, où écrivaient de Carné, de Cazalès, de Champagny, un membre du conseil de l’Agence, Bailly de Surcy, à qui l’Avenir reproche « une sorte d’indécision, une espèce d’éclectisme chrétien ». N° 71, 25 décembre 1830, Variétés, t. ii, p. 21. Il devait disparaître, faute d’abonnés, le 31 août 1831.

Quelques épisodes donneront une idée plus complète de cette lutte.

a) Les deux procès catholiques. — Trois moi. ; après sa formation, le gouvernement de Juillet, alors que de multiples vexations officielles ou populaires poursuivaient le catholicisme, avait fait des nominations épiscopales ; il avait, entre autres, désigné pour Beauvais un abbé Guillon, professeur de Sorbonne, aumônier de la reine, connu pour ses opinions gallicanes. Ce fut, on l’a vii, l’occasion de deux articles dans l’Avenir ; l’un, du 25 novembre 1830, de Lacordaire, intitulé : Aux évêques de France ; l’autre, du 26, de Lamennais, intitulé : Oppression des catholiques. Tous deux furent saisis à la poste à Paris, leurs auteurs et le gérant Waille cités devant les tribunaux. Le 28, le journal ouvrait une souscription pour les deux procès catholiques ; il fut entendu et en quelques jours vingt mille francs furent souscrits. Lacordaire et Lamennais, sous des titres différents, « conjuraient les évêques de prendre en pitié l’Église de France, menacée dans sa hiérarchie ». « Le passage qui est principalement inculpé, écrivent les rédacteurs de l’Avenir, contenait un précis rapide de nos griefs contre les deux ministères de la révolution de 1830, et tendait à prouver que l’autorité civile ne présentait pas de garantie suffisante pour s’immiscer dans les nominations épiscopr.les. » T. i, p. 320.

Le procès s’ouvrit le 31 janvier 1831 devant la cour d’assises de la Seine. Lacordaire se défendit lui-même ; un avocat de la cour royale d’Angers, M. Janvier, défendit Lamennais : les deux prévenus furent acquit-L’s, l’Avenir se félicita de cet acquittement par le jury comme d’une grande victoire : « L’alliance solennelle de Dieu et de la liberté a été consacrée par le verdict du jury, i Ibiil. t. iii, p. 431. Plus vraisemblablement, comme le disaient le Globe et le Courrier français, les jurés avaient simplement affirmé leur respect de la liberté religieuse. Le 1 er février, l’Avenir publia en très grande partie le long plaidoyer de Janvier. Lacordaire avait d’abord refusé de publier le sien : « Ma part obscure me suffit, i avait-il dit ; puis son silence ayant été attribué à la crainte de reproduire devant le public les paroles prononcées devant le jury », il reconstitua son discours et le donna dans l’Avenir du « février, I. n. p. 494-512.

L’Avenir n’abandonna pas la question des nominations épiscopales. Guillon Justifia cette campagne par son attitude auprès de Grégoire mourant ; le clergé de Beauvais, en majorité, se prononça contre lui et il dut donner sa démission. Une ordonnance royale du’.) juillet ayant nommé à l’évéché de l » igne l’abbé Rey, grand vicaire capitulaire d’Alx, l’Avenir part il de nouveau en guerre. Le gouvernement l’avait nommé, semble i il. pour son gallicanisme et son dévouement au régime. L’Avenii le juge avec sévérité ainsi quc d’Humières nommé à Avignon.

b) L’Agence et la trappistes </< L</ MellUraye, — Le gouvernement de Juillet ci ses fonctionnaires ne

lent pas montré. ; faciles pour les ordres religieux d’i ommes L’Avenir avait signalé l’ordre donne par le lieutenant général Delort, commandant la B* division militaire, d arrêter de joui et de nuit tout Individu revêtu du costumi de capucin i ordre avait eu son

contre coup : i Alx on. le."> janvier 1831) un capucin de

soixante et onze ans avait ét< arrêté au sorti] de son

couvent comme prévenu de mendicité et de vagabondage. T. ii, p. 169-171 et 255-258. Mais, fait plus grave, le 28 septembre, sur une ordonnance de Casimir-Perier, 600 hommes de troupe venaient procéder à la dispersion des religieux, 76 Français et 72 Anglais, vivant à la Trappe de La Meilleraye, depuis quinze ans, c’est-à-dire depuis leur retour d’exil ; le Constitutionnel applaudit et demanda de semblables exécutions ; mais aussitôt l’Agence générale intervint. S’étant fait donner procuration pleine et entière par l’abbé de LaMeilleray e, Saulnier, qui était également le propriétaire, l’Agence adressa d’abord le 20 octobre 1831 une pétition « A Messieurs les députés des départements ». Puis l’Agence annonça qu’elle engageait à ses frais une triple action judiciaire : « l’une pour la réintégration du propriétaire de La Meilleraye dans ses biens et droits » ; une autre pour requérir « les dommages et intérêts » voulus ; une troisième au criminel « contre les auteurs de ces attentats ». La pétition, discutée à la Chambre le 22, n’eut évidemment aucun succès et le tribunal de Nantes se déclara incompétent, 20 janvier 1832. L’Agence annonça alors que la question serait portée devant le Conseil d’État, mais elle-même allait mourir. T. vi, p. 383-388, 400-420.

2. L’ « Avenir » et les légitimistes. — Si les rédacteurs de l’Avenir avaient vu finir les Bourbons, sans surprise et sans regret, du moins ils ne les poursuivaient d’aucune haine. Ils s’opposèrent au procès des ministres. Ce procès leur semblait être le procès de la Restauration ; il n’y avait qu’un juge, la société ; or la société avait rendu la sentence et porté la sanction dans la révolution. T. i, p. 450-453. Mais les légitimistes gardant une attitude hostile à l’égard de l’Avenir et de son programme, quand arrivèrent les événements du 14 février 1831, l’Avenir fit contre les royalistes un article d’une injuste sévérité. T. iii, p. 66-61°. Deux jours après, Lamennais adressait Aux catholiques un manifeste de même sens et de même ton qu’il signait : « Catholiques, disait-il, des insensés viennent de compromettre tout ensemble et la tranquillité du pays et votre juste cause. Quel délire égare ces hommes ? C’est le royalisme…, ce royalisme gallican qui adore premièrement le roi et ensuite Dieu, à condition qu’il sera fidèlement soumis au roi, et qui, naguère, vendait à celui-ci, avec nos libertés religieuses, l’avenir de notre foi. Leur triomphe serait la ruine du catholicisme. Séparez-vous donc à jamais d’eux. » T. iii, p. 77, 78 ; parole imprudentes, dont il devait bientôt reconnaître l’injustice, t. iv, p. 117, et que les journaux légitimistes devaient lui faire expier. Mais, en mars, quand le député Baude eut proposé l’exclusion à perpétuité de la branche aînée des Bourbons et la vente obligée de ses propriétés privées en France, l’Avenir protesta. Cette mesure l’inquiétait parce que « d’ex ception et i comme le prélude de menaces plus sinistres encore. L’article, signé Hiarel) du T(ancrcl) et daté du 18 n ars. fut saisi le jour même et un procès fait au journal qui tut acquitté de nouveau. T. m. p. 31 l 319 ; cf. p. 293-294, 347-348, t iv, p. 1$1-$23.

3. L’Avenir i et le monde ecclésiastique. L’opposition épiscopale. L’Avenir trouva des disciples fervents parmi les catholiques i lus préoccupés des intérêts de l’Kglisc que (le ceux du régime, et aussi dans le jeune clergé. On peut s’en rendre Compte aux lettres individuelles ou collectives que reçoit et que publie

r Vvenii et dont quelques-unes portent des noms dis

tinés ; i être bien COnnUS, connue StbOUr, et aussi au

des souscriptions que lance le journal. D’autre part, la volonté d’orthodoxie de ses rédacteurs était réelle, /< Courrier français ayant vu dans le mise rable schisme de Ch&tel un premier pas vers l’application des doctrines soutenues <i<ms V « Avenir », il i.nit voit avec quelle Indignation l’Vvtnti rejette l’as