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    1. LIBÉRALISME CATHOLIQUE##


LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LAMENNAIS ET L’AVENIR

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délaissement où l’abandonnent l’Europe et principalement la France, 2 !) janvier 1831, De la souscription pour les Polonais, t. ii, p. 335-340. Le 4 février, nouvel article une lettre d’Allemagne - pour démontrer par des faits que « les siècles passés n’offrent rien de semblable dans les annales de la tyrannie » au despotisme russe. Ibid., p. 43 1-439. lit quand, après un moment d’arrêt salué comme une Intervention de la Providence en laveur des Polonais, 15 avril 1831, t. iii, p. 484-488, les revers se multiplient, l’Avenir a, de nouveau, une longue malédiction contre les rois qui ont abandonné la Pologne. « Nous ne leur demandons rien, dit-il, mais nous voulons séparer notre cause de la leur et protester, comme Daniel, que nous sommes purs de ce sang qui est versé. Ce sang coule pour la France, pour le Christ et pour la liberté. Comment nous tairions-nous sur lui à cause du silence des rois ? Les rois et les peuples n’ont plus les mêmes lèvres ; que chacun songe à son honneur… Les rois courent à leur perte. Dieu n’en veut plus… Dieu veut sauver la religion par la liberté. Les rois ont abandonné la Pologne ; c’est une preuve que leur heure est venue. » 9 juin 1831, Bataille d’Ostrolenka, t. iv, p. 480, 481. Enfin, le 26 juillet, était publiée dans l’Avenir, le 28, affichée dans Paris, une Pétition en faveur des Polonais, datée du 25, où, au nom des catholiques français, le conseil de l’Agence générale demandait A Messieurs les Pairs et les Députés d’intervenir « pour conserver à la Pologne son indépendance, à la France son honneur ». « Les plus saintes lois, celles de la justice et de l’humanité, subissent, au milieu du silence des rois, la plus éclatante violation. Si vous êtes impuissants à sauver la justice, les passions se chargeront de vous prouver que vous l’êtes aussi pour sauver l’ordre, et l’anarchie se vengera sur vous des injures de la liberté. » T. v, p. 388-390. C’est Lamennais lui-même qui annonce le 17 septembre la prise de Varsovie : « Que chacun, dit-il, garde ce qui est à soi ; aux vrais enfants de la Pologne une gloire pure et immortelle ; au czar et à ses alliés la malédiction de quiconque porte en soi un cœur d’homme ; à nos ministres, leur nom ; il n’y a rien au-dessous. » T. vi, p. 240.

d) L’Italie ne pouvait échapper à la crise. Mais ici, les mouvements sont l’œuvre des sociétés secrètes, ennemies du catholicisme qu’elles disent l’allié naturel du despotisme.

A la fin de 1830, vu le principe de non-intervention proclamé par la France, vu en Italie la vacance des trônes de Piémont, de Sicile, de Rome surtout, les carbonari du dehors et du dedans crurent pouvoir agir. En novembre, les deux fils de l’ex-roi de Hollande, Napoléon et Louis Bonaparte, tentaient de soulever Rome, aux cris de Italie et Liberté. Ils échouaient ; mais, au début de février, les conjurés réussissaient dans l’Italie moyenne. Modène, Parme, les Légations proclamaient la déchéance des anciens gouvernements, les villes de Romagne se groupant autour de Bologne.

— L’Avenir, qui avait appelé à la liberté catholique, avec l’Irlande, la Belgique et la Pologne, « l’Italie pensive et souffrante », Gerbel, 28 décembre 1830, De l’abolition des concordats, t. ii, p. 49, proclame naturellement à cette nouvelle le bon droit de l’Italie : « L’Italie souffre. Plusieurs États y ont perdu leur nationalité… De plus, le régime que les puissances de 1815 avaient établi en Europe, s’est étendu sur l’Italie. » Mais il déplore que le mouvement soit sorti « des souterrains où l’on jure la liberté en menaçant le Christ, s T. ii, p. 155-160. Quant aux États romains, des réformes plus appropriées à leurs temps eussent pu y être faites. Léon XII, Pie VIII y avaient pensé, mais les peuples n’ont pas seuls perdu la liberté. Nul ne peut nier d’ailleurs « la douceur du gouvernement romain et Grégoire XVI a compris les besoins du

inonde. » Ibid., p. 159, 160. Et quelques jours après, les insurgés se montrant de plus en plus hostiles au pape, l’Avenir s’écriera : < Autant la cause catholique des Belges et des Polonais nous inspire de sympathie, autant nous ressentons d’horreur pour ces révolutionnaires des États pontificaux, qui n’ont pas même un seul prétexte à présenter au monde ; dont les plaintes ne sont que des cris de haine. » T. iii, p. 251. Toutefois, au 30 avril, il protestera contre l’édit de répression du 14, publié à Rome par le prosecrétaire d’État, Bernetti. « C’est avec un sentiment de douleur profonde, dira-t-il, que nous l’avons lu. Toutes les règles de la justice criminelle sont oubliées dans cet acte… à jamais regrettable. Il nous apprend combien sont pesants les services rendus aujourd’hui par le bras de l’homme à l’Église catholique. » T. iv, p. 121125. D’Eckstein, le 3 mai, dira encore : « Le cardinal Bernetti a fait une faute et une grande faute… Je n’ai aucune estime pour la conspiration italienne… Mais enfin l’Italie a des besoins d’affranchissement… Rome ne doit ni révolutionner, ni encourager la révolution : ce serait d’ailleurs un suicide. Mais elle doit reconnaître les besoins profonds de la liberté et de l’humanité, mettre sa politique italienne d’accord avec sa politique catholique et universelle. » 3 mai 1831, De Rome dans le présent et dans l’avenir, t. iv, p. 169.

e) Dans l’Allemagne, où la Prusse absolutiste et l’Autriche de Metternich se disputent l’influence, le contre-coup de Juillet ne fut pas très profond. Autre chose d’ailleurs y intéresse l’Apenir. C’est « la position de l’Église et l’état de la religion ». L’Église est asservie : fébronianisme, joséphisme, protestantisme, tout travaille à lui enlever les libertés nécessaires. Or l’épiscopat accepte volontiers cet asservissement et semble n’avoir qu’une pensée : s’affranchir de Rome. La situation est surtout sensible dans la nouvelle province ecclésiastique du Haut-Rhin, qui venait d’être créée avec Fribourg-en-Brisgau pour métropole, et dans le Rheinland prussien. Ici où le roi Frédéric-Guillaume III tente d’assimiler le catholicisme au protestantisme, il faut que d’humbles prêtres refusent d’appliquer la législation prussienne dans les mariages mixtes, pour que l’épiscopat rhénan s’occupe de la question — et en quel sens ! Des évêques de la province du Haut-Rhin, quand les gouvernements intéressés ont publié les 39 articles de Francfort, la plupart attentatoires aux droits de l’Église et qui renouvellent la pragmatique de 1818 condamnée par Pie VII en 1819, un seul, celui de Fulda, protesta ; ceux de Fribourg, Rottembourg et Limbourg, acceptèrent silencieusement ; celui de Mayence, Burg, applaudit. « Ce n’est plus une hyperbole de dire, écrit le correspondant del’Ai>en/r, que, chez nous, les véritables che/s des Églises ce sont les Souverains, qui exercent leur pouvoir en matière de juridiction par leurs conseils auliques du culte et de l’instruction, et en matière d’ordination, par des coadjuteurs suffragants appelés évêques. » Dans la même province on parle couramment d’abolir le célibat ecclésiastique, et ce sont les fidèles qui obligent l’évêque de Mayence à protester.

L’Avenir conclut de ces faits : « La servitude, l’avilissement, la mort : voilà désormais les suites inévitables de l’union de l’Église et de l’État. On y voit encore ce que sont aujourd’hui les concordats, » comment les gouvernements « tournent contre l’Église elle-même la nomination des évêques. En Allemagne comme en France, la religion ne peut être sauvée jue par la liberté, et la condition nécessaire… est la séparation totale. » T. i, p. 289-293, 409-472.

Puis, sous l’influence de la Prusse qui lui livrait les universités, le protestantisme de toutes nuances avait pris « une certaine apparence de supériorité intellectuelle, humiliante pour les catholiques », n. 38, 20 no-