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LHOTSKY — LIBÉRALISME CATHOLIQUE

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tibus, vit Us et peccatis, 2 vol., Prague, 1753 et 1754. — 3° Doctrina theologica de uirtutibus theologicis, fide, spe et charitate, Prague, 1755.

Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. iv, col. 1772.

É. Amann.


LIANCOURT (Jeanne de Schombert, duchesse de), fille de Henri, maréchal de France et de Françoise de l’Espinay, naquit en 1601, s’adonna de bonne heure à l’étude des questions de la grâce, et, sous l’influence de l’abbé Bourzéis, fut gagnée à Port-Royal ; elle épousa le 24 février 1620, le duc de Liancourt, né en 1598, et qui avait d’abord mené une vie assez désordonnée ; le duc resta fort attaché au P. César François d’Haraucourt de Chambley, jésuite (1598-1640) qui l’avait converti ; mais Bourzéis remplaça le jésuite après sa mort et désormais le duc, comme sa femme, fut favorable au jansénisme ; le château de Liancourt devint le rendez-vous des amis de Port-Royal et des solitaires. En septembre-octobre 1649, le duc, devant l’archevêque de Paris, prit la défense de M. Singlin, au sujetd’un sermon, prêché à Port-Royal, le jourde saint Augustin. Un peu plus tard, M. Olier, curé de Saint-Sulpice, mécontent de voir le duc et la duchesse, si illustres par leur naissance et par leurs vertus, favoriser les jansénistes, provoqua une conférence chez lui, entre le P. dom Pierre de Saint-Joseph, feuillant, et le P. Desmares, oratorien, au sujet de la grâce ; la conférence eut lieu en mai 1652 et les deux partis s’attribuèrent la victoire. La scène a été racontée par les jansénistes dans une Relation, publiée en 1652. Le duc et la duchesse restèrent encore liés à Port-Royal ; aussi en février 1655, Charles Picoté, sur l’avis de quatre docteurs consultés, refusa l’absolution au duc. Arnauld entreprit alors de justifier la conduite du duc et écrivit la Lettre d’un docteur de Sorbonne à une personne de condition, 24 février 1655, et une seconde Lettre, pour la défense du duc, en juin 1655 (Œ ivres d’Arnauld, t. xix, p. 311-334 et 335-560 ; voir ci-dessus, t. viii, col. 502, 503). Pour toute cette afïaire des Conférences à Saint-Sulpice et du refus d’absolution, on peut consulter les Mémoires de G. Hermant, édit. Gazier, t. i, p. 610-615, 625-629, t. ii, p. 623-627, 673-674, et en sens opposé les Mémoires du jésuite Rapin, t. i, p. 477-183. 536-527, t. ii, p. 137, 138, 237-240, 243246, 297-307, 509-518 ; Lettre d’un ecclésiastique à un de ses amis sur ce qui est arrivé dans une paroisse de Paris à un seigneur de la Cour, 24 mars 1655, par M. de Partages, un de ceux qui assistèrent à la conférence du P. Desrnarcs, d’après L. Bertrand, Bibliothèque sulpicirnnr ou Histoire littéraire de la compagnie de Saint-Sulpiee, t. r, p. 42 ; G. I.etourneau, Histoire du séminaire d’Angers depuis su fondation en Î889 jusqu’à son union à Saint-Sulpice en 1595, 2 vol. in-8°, Angers, 1893, t. i. p. 177-185, 192-196.

La duchesse de Liancourt mourut le 14 juin 1671 e( le duc la suivit de près au tombeau : il mourut le 1° août do la même année. Tous deux restèrent également chers à Port-Royal.

On possède « le Mme fie Liancourt un Règlement donné par une dame de haute qualité à Mme** (la princesse fie Marclllac), sa petite-fille, pour sa conduite et celle de sa maison ; cet écrit fut étlité par l’abbé Jean-Jacques Bolleau, in-12. Paris, 1698 et réédité en 1779. L’éditeur a joint un Règlement que la tluchesse avait Composé pour elle même et un Avertissement qui raconte la vie de Mme de Liancourt.

Mlchatld, Bibliothèque universelle, t. KXIY, ! ’171 : H’efer. Nouvelle biographie générale, t. xxxi. col. 107-ms : Morérl, te grand dictionnaire htetortque, t, nb, p. 290-381 ; Rival de I.n Grange, Néerologe de Notre-Dame de PorURot)al, ta-4°, Amsterdam, 172 : t. p. 238 243 el 292 295 ; Nierologeda plui célèbres défenseurs et confesseurs de la vérité, in-12, 1761, 1. 1, p. 141-144 ; Besoigne, Histoire de l’abbaye de Port-Royal, 6 vol. in-12, Cologne, 1752, t. iii, t. XIII, p. 49-55 ; Du Fossé, Mémoires pour servir à l’Iiistoire de Port-Royal, in-12, s. 1., 1739, t. I, c. xvi, p. 134-137 ; Fontaine, Mémoires pour servir à l’histoire de Port-Royal, 4 vol., in-12, s. 1., 1753, t. iv, p. 231-266 ; Leclerc, Vies intéressantes et édifiantes des religieuses de Port-Royal et de plusieurs personnes qui leur sont attachées, 4 vol., in-12, Paris, 1750-1752, t. 1, p. 4Il et sq. ; Quesnel, Histoire abrégée de la vie de M. Arnauld (début) ; Histoirede la vie et des ouvragesde M. Nicole, publiée en 1733 ; J.-J. Boileau, Vie de Madame de Liancourt, en tête du Règlement ; Relation de la mort de M. le duc et de Mme la duchesse de Liancourt, publiée dans un Recueil de pièces ; Mémoires de Saint-Simon, édit. Boislille et Lecestre, t. iii, p. 215 ; t. v, p. 22-23 ; t. xvii, p. 70 ; t. xxiv, p. 156-158 ; Mémoires de G. Hermant, et de Bapin, loc. cit. ; Sainte-Beuve, Port-Royal, 4e édit., 1878, t. 1, p. 28-29 ; t. iii, p. 29-31 ; t. v, p. 41-49 ; Fuzet, Les jansénistes du XVIP siècle ; leur histoire etleur dernier historien, in-8°, Paris, 1876, p. 281-286.

J. Cahreyre.


LIBÉRALISME CATHOLIQUE.


I. Idée générale.
II. Origines,
III. Histoire.

I. Idée générale.

Sens divers du mot « libéral. »

Le mot libéral, qui entra dans la langue politique par l’Espagne, vers 1811, fut opposé depuis, dans l’ordre politique et social, d’une part, aux mots absolutiste et synonymes : féodal, royaliste, ultra (Autriche, Prusse, autres États allemands et France d’après 1815), conservateur (Espagne d’après 1815 et Angleterre), aristocratique (Suisse) ; d’autre part, à radical (France et Suisse) ; dans l’ordre économique, à prohibitif et protectionniste (Angleterre, États-Unis ) ; dans l’ordre religieux enfin, en dehors du catholicisme, à orthodoxe (protestantisme).

Mais dans toutes ces acceptions le terme libéralisme indique la tendance à réduire les droits historiques ou traditionnels d’un pouvoir central, l’autorité d’une collectivité, la rigueur d’une doctrine positive, au profit de l’individu, de ses droits rationnels, de ses aspirations naturelles, de ses façons personnelles de penser ou d’agir. « Sous sa forme intégrale, a-t-on dit, le libéralisme est la doctrine qui veut réduire à l’extrême l’autorité du pouvoir social, interdire à la société toute prétention unitaire, toute activité vraiment directrice, laisser les individus penser, dire et faire tout ce que bon leur semble, sauf à souffrir que le pouvoir social réagisse dans le cas où des forces individuelles Intempestives menaceraient de tout rompre. » Yves Simon, La démocratie, 25 Février 1924 1 p. 430, 431.

Le libéralisme catholique, ou, suivant une expression qui prête à critique, le catholicisme libéral, serait donc, étymologiquement, une tendance <iu catholique à revendiquer une liberté, complète ou relative dans l’ordre politique OU religieux. Logiquement toutefois, C’est, à la lettre. « une absurdité » (Correspondant. 1888, t. m. p. 229) d’assimiler, comme on l’a fait parfois, le libéralisme catholique au protestantisme libéral, tel qu’il s’oppose au protestantisme orthodoxe et qui est l’absolue liberté d’examen. Cf. F. Buisson, Sebastien Castelllon, 2 V)l. in-8°. Paris. 1892, préface ; Unisson et Wagner Libre-pensée et protestantisme libéral, ln-16, Paris, 1913. Historiquement, c’est aussi une injustice. Le libéralisme catholique n’a jamais voulu être, et n’a jamais été le libéralisme dogmatique qui a pour principe fondamental le souveraineté absolue de la raison individuelle. Il est uniquement politique et social. Il est. autant du moins qu’on le puisse enfermer dans une définition, la tendance qui poursuit, la tactique qui cherche et la théorie qui voit, depuis 1830, le progrès extérieur de l’Église, le maintien, ou le rétablissement et le développement de son action sur les sociétés et partant sur les âmes, dans une acceptation actuelle,