Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée
37
38
LAVINHETA — LAXISME, . ÉTAT DE CONSCIENCE


rci summam immulas : et ad alios artis huiusce libros quos propediem in eadem facultate sumus emissuri te reddis inhabilem, in-4°, Lyon, 1514. C’est le même ouvrage, pensons-nous, qui reparut sous ce titre : Janaa artis Lulli… Inlroductorius ad ornnes scientias, Cologne, 151(1. — Illuminati sacre pagine professoris, amplissimi magistri Raymundi Lulli Ars magna, generalis et ullima, quarumcunque artlum et scientiarum ipsius Lulli assecutrix et clavigera, et ad eas adilum faciliorem prsebens, antehac nusquam arti impressorie emunctius commendata : et per magislrum Bernardum la Vinhela, artis illius fidelissimus interprelem elimata. Una cum figuris suo situ decenter intexlis et totius operis enuclealivis. Insertis præterea cuilibet parti capilulo et rubrico, tilulis etannotalionibus, adjecto indice alphabetico sive repertorio sententias electiores compleclenle, ad folia remissivo, in-4°, Lyon, 1517. — Dialectica seu logica nova ven.eremitse Rsemundi Lulli diligenter reposita : restilulis quæ nuper fuerant sublala. Et additis tractatu de inventione medii, item trac, de conversione subiecti et prsedicati per médium, per M. Bernardum Lavinhelam, in-4°, s. 1., (Paris), 1518. — Practica compendiosa artis Raymundi Lui. Explanatio compendiosaque applicatio artis illuminati docloris magistri Raymundi Lulli ad omnes facultates : per reverendum magislrum Bernardum de Lavinheta, artium et theologise doctorem, lucubrata, et ad communem omnium ulilitatem édita. Hujus operis novem sunt libri… ; à la fin du volume : Ad laudem Jesu Christi… et ad ulilitatem rei publicse finivit Bernardus de Lavinheta hoc opus in conventu sancti Francisci, alias sancti Bonaventurse Lugduni 1 martii anno 1523, in-4°, Lyon, 1523. L’érudit protestant Jean-Henri Alsted réédita une partie de la Practica compendiosa dans son volume faussement intitulé : Bernhardi de Lavinheta opéra omnia, in-12, Cologne, 1612, car il en retrancha, ainsi qu’il avertit lui-même son lecteur, tractatus quosdam theologicos, puta de septem sacramentis, de potestate summi Ponlificis et consimiles. Il remarque aussi que Lavinheta écrivait more suo et sui sseculi, i. e. barbare et papistice, et il met le lecteur en garde contre ce double écueil. On trouve encore une partie de cet ouvrage, ainsi que la Dialectica, dans le recueil de Valère de Valeriis intitulé Raymundi Lullii opéra ea quæ ad inventam ab ipso artem universalem pertinent cumdiversorumcommentariis, in-8°, Strasbourg, 1651. Nous trouvons encore sur le catalogue du British Muséum, au nom de Lavinheta, De Incarnalione Yerbi, contra magislrum sententiarum et sectatores eius : una cum impugnalione secte nominalium et confutalione Hebreorum et Sarrhocenor., in-fol., Cologne, 1516.

Wadding-SharagJia, Scriptores ordinis minorum, Home, 1806 ; Lefèvrc d’Étaples, Proverlria Ramundi, Philosophia amoris, Paris, 1° » 16 ; Salzinger, B. Raiimundi Litllll of>era, Mayence, 1721, t. i, prolégomènes ; Histoire littéraire delà irance, Paris, 1885, t. xxrx, p. 62.

P. Edouard d’Alençon.

    1. LAXISME##


LAXISME. — On peut considérer le laxisme comme un état de conscience ou comme un système qui se rapporte à la question du probabilisme :

I. LE LAXISME, ÉTAT DE OONSCIENCE. —

I. Di.srniPTioN. — Le laxisme consiste dans une disposition morale qui porte à nier l’obligation de faire une chose, d’en éviter une autre ou du moins à en diminuer la gravité. Sur des raisons insufsanti’. s, méprisable » même, on juge et l’on conclut que tel acte réellement défendu ne l’est pas, ou que tel pcclié n’est pas si grave qu’on le dit. Il y a une différence marquée entre le pécheur vulgaire et le laie pécheur ne nie point l’obligation, il la transgresse, il ne nie point sa faute ; le laxiste nie l’obligation, il supprime ou du moins abaisse la barrière morale que I tien

a élevée entre ce qui est permis et ce qui est défendu ; On ne doit pas non plus confondre le laxisme avec la conscience large. La conscience large équivaut à un probabilisme sérieux qui juge sur de bonnes raisons que dans tel cas la loi n’oblige pas, bien que les raisons en sa faveur soient aussi fortes ou même plus fortes. Le terme laxisme doit donc se traduire par conscience relâchée qui juge : 1. léger ce qui est grave, c’est le premier degré ; 2. permis ce qui est certainement défendu, deuxième degré ; 3. qui refuse plus ou moins consciemment de voir le bien pour n’avoir pas à le faire, en arrive à ne plus vouloir voir, à ne plus pouvoir voir : Noluit intelligere ut bene ageret. Ps., xxxv, 4.

IL Causes. — Cet état de conscience a des causes multiples qu’on peut ramener aux suivantes, en suivant l’ordre à la fois logique et historique : 1° le milieu dans lequel on vit, avec ses influences extrêmement variées et très puissantes de l’éducation familiale, de l’école, de l’atelier, de la société dans laquelle on a grandi et vécu, dispose à atténuer les vérités religieuses ; on a été habitué dès l’enfance à les considérer, non comme Dieu les a enseignées et l’Église les a définies, mais comme le monde les voit. On a eu sous les yeux de mauvais exemples, on n’a entendu que des réflexions malsaines ; tous les préceptes paraissent dénués de fondement, on n’y croit plus. — 2° L’absence habituelle de réflexion sur soi-même en résulte et devient une deuxième cause. On agit dans les choses morales par impulsion, sans pensée, et, sur toutes choses, on en arrive à former un faux jugement dans l’ordre spéculatif et pratique, on vit dans une erreur perpétuelle, dans une ignorance plus ou moins invincible sur la valeur de ses actes passés, présents, futurs.

— 3° La violence des passions s’augmente par l’absence totale de réflexion ; on n’est plus sensible qu’à l’amourpropre qui ne voit plus que le plaisir, l’intérêt, l’ambition ; « Au lieu de régler, dit Bourdaloue, nos désirs par nos consciences, nous nous faisons des consciences de nos désirs. » Sermon sur la /ausse conscience, 1° part.

— 4° Les fautes commises font contracter l’habitude du mal dans lequel on vit comme dans son élément. Comment alors apprécier le péché à sa juste valeur puisqu’il est devenu une seconde nature ? — 5° Une raison plus avouable, en tout cas plus spécieuse et qui peut se rencontrer chez de vrais croyants, est une confiance présomptueuse en la miséricorde de Dieu. On l’appelle le bon Dieu, se dit-on, il ne me damnera pas pour cela… Il sait bien de quelle étoffe nous sommes faits, etc., oubliant ainsi que la justice de Dieu est aussi parfaite que sa miséricorde est infinie.

III. Espèces.

De ces causes et selon les milieux résulte un laxisme qui peut s’appeler d’abord : 1° paresseux. Ne parlons pas des ignorants, mais de ceux qui ont étudié, prêtres ou laïques instruits. Par une généralisation trop complète, trop habituelle des principes réflexes, on se range habituellement sinon toujours du côté de l’opinion bénigne : « Les auteurs, dit-on, ne s’entendent pas ; » par crainte d’effort plus encore que par mauvaise volonté, on se refuse à examiner le cas sérieusement. On ne voit plus que l’adage ; lex non obligat cum tanto incommoda, et l’on oublie la contre-partie : dura Ici, sed lex. Et puis, tout le monde, n’agit-il pas ainsi ? Ainsi, de degré en degré on arrive : 2° au laxisme n volit, disposition habituelle de la conscience à abonder dans le sens égoïste de son orgueil, de sou intérêt, de son plaisir, révolte de l’esprit, révolte de la chair ; « on a bien le droit, dit-on, de jouir, de vivre à sa guise. etc. On tombe ainsi :

; dans le laxisme aveuglé et l’on piétine sans hésiter les

préceptes les plus clairs, les plus formels de la loi naturelle, de la loi divine, de la loi ecclésiastique. La conscience est frappée de cécité, d’anesthésie, de léthargie morale, et ret état est volontaire au moins