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LAVEMENT DES PIEDS. EST-IL UN SACREMENT ? — LAVINHETA

Jésus-Christ : ne semble-t-il pas que les deux parties de cette définition conviennent admirablement au lavement des pieds, et bien mieux même qu’à tel ou tel des rites admis dans le septénaire oiliciel ?

Une circonstance particulière devait, en effet, attirer l’attention sur le lavement des pieds. C’est que cette pratique semble clairement et formellement prescrite par Jésus-Christ : Exemplum enim vobis dedi ut quemadmodum ego feci, ita et vos juciatis. Si l’on avait en faveur de tel de nos sacrements, de la confirmation, par exemple, un texte évangélique aussi formel, on n’hésiterait pas à y voir l’institution divine du sacrement. De là une difficulté que les controversistes protestants du xvie siècle ont fait valoir contre la doctrine du septénaire.

Bellarmin a rencontré cette difficulté et y a répondu dans les Controverses, t. ii, De sacramentis in génère, t. III, c. xxiv, De numéro seplenario. Après avoir expédié sans trop de peine différentes objections tirées de l’usage extensif du mot sacramentum chez les Pères, il ajoute : De lotione pedum major est difficultas. Et il donne les raisons de l’objection, empruntées principalement à Chemnitz : N’avons-nous pas ici la promesse de la grâce, si non lavero te non habebis partem mecum, l’institution divine, exemplum dedi vobis… et vos debelis, un mystère quod ego facio tu nescis modo, enfin des autorités patristiques, saint Ambroise, saint Cyprien, saint Bernard ?

La réponse est donnée brièvement : on en retrouvera la substance dans tous les théologiens postérieurs : Le lavement des pieds a été un sacramentum largo modo, quemadmodum sacramenta dicuntur omnia quee mysticum sensum habent, et figurte sunt ac typi aliarum rerum. Mais, pour être un sacrement proprement dit, il lui manque : a) Une promesse de grâce sanctifiante, car la parole Nisi lavero n’est qu’une menace de châtiment pour une désobéissance. Si enim Petrus obstinate recusasset illam lotionem, periisset in eeternum ; non quia Mi deerat lotio pedum, sed quia peccaveril contra Christum et deerat Mi obedientia. Ce qui n’empêche pas le sens mystique exposé par saint Augustin, etiam juslos indigere ut Christus eos quotidie lavet a peccatis venialibus. Mais cette purification n’exige pas la gratia gratum faciens. C’est pourquoi le Christ ajoute, de celui-là même dont les pieds ne sont pas lavés : est mundus totus. Le péché véniel n’empêche pas la grâce sanctifiante, encore que le juste puisse avoir besoin d’une purification plus complète. D’ailleurs, si le lavement des pieds opérait efficacement la purification des péchés véniels, c’est tous les jours qu’il faudrait le pratiquer. Au contraire, le rite unique pratiqué par Jésus-Christ figure pour toujours l’ablution intérieure que nous recevons de lui.

b) Il manque encore à ce rite l’institution divine : alioquin peccarent fere omnes homines qui non utuntur ista cœremonia. Le commandement du Christ et vos debetis doit s’entendre au figuré : prsecipil humilitatem et caritatem, non autem ipsam materialem lotionem pedum, ut patet ex praxi Ecclesiæ : nunquam enim Christiani putarunt se habere spéciale mandatum de lotione pedum.

Quant aux textes des Pères, ils se laissent expliquer. Saint Ambroise ne parle pas de la purification du péché proprement dit, mais seulement de quasdam reliquias peccati originalis. D’ailleurs il se garde bien de blâmer l’Église romaine, où le lavement des pieds postbaptismal n’était pas en usage (il s’agit ici de l’auteur du De sacramentis, attribué alors couramment à saint Ambroise). Saint Cyprien et saint Bernard, si attente legantur, ne parlent pas d’un rite sacramentel à pratiquer matériellement parmi nous, mais seulement d’un geste symbolique de Jésus-Christ ; et sane si pularent lotionem pedum esse sacramentum, oporterel

nos quotidie ex eorum sententia lavare invicem pedes : id enim ipsi dicunt, hoc sacramentum esse quolidianarum culparum expiationem.

Voilà en deux colonnes (199 et 200) du t. m de la dernière édition des Controverses, revue par Bellarmin lui-même, Cologne, 1619, la réponse qui a passé substantiellement identique dans tous les théologiens postérieurs. On nous dispensera de les énumérer.

En somme, à la difficulté systématique exposée plus haut et qui se tire de la notion abstraite du sacrement combinée avec le fait de l’institution par le Christ, la meilleure réponse est encore aujourd’hui celle de Hurter, Theologix dogmalicse compendium, 4e édit., t. iii, p. 222 : in re sacramentaria optimam esse interprelem Ecclesise praxim. Cum ergo ex hac constet pedum lotionem nunquam habilam fuisse pro vero proprioque sacramento, manifestum quoque est verba Joa. XIII, 14, de sacramenti alicujus inslilutione non esse intelligenda.

Les encyclopédies religieuses contiennent toutes un article sur le lavement des pieds ( Fusswaschung, Feelwashing, A blutions). Voir surtout A. Frank-Nighe dans Encyclopœdia o/ Religion and Ethics, t. v, p. 81 sq. — Pour les usages monastiques, outre les commentateurs de la règle de S.Benoit, c. 35 et 53, et Martène, De ritibus monachorum, voir dom U. Berlière, Le Mandatum, dans la Revue liturgique et monastique, 1920, p. 134-139. — L’histoire du Mandatum proprement dit a été esquissée par D. Stiefenhoter dans Fesigabe Aloîs Knôpflerzur Vollendung des 70 Lebensjahres gewidmet, travail que nous avons utilisé en le rectifiant au besoin d’après les sources citées au cours de l’article.

A. Malvy.

LA VILLE (Léonard de), auteur français du xvie siècle. — Originaire de Charolles, maître d’école à Lyon. On connaît de lui : 1° Complainte et Quérimonie de l’Église à son époux Jésus-Christ contre les hérétiques et les Turcs, sur DA PACEM DOMINE IN DIEBUS NOSTRIS, ensemble une déploration de la France à Jésus-Christ, sur le psaume, DEUS VENERUNT GENTES IN HÆREDITATEM, Lyon, 1567. — 2° Traité de la prédestination contre Calvin, Lyon, sans date. — 3° Dacrygélasie spirituelle du roi Charles IX sur les combats et victoires obtenues contre les séditieux et rebelles hérétiques, extraite des psaumes de David, Lyon, 1572. — La Ville a aussi traduit du latin en français les Antiquités de Lyon de Simphorien Champier (Pierchanus) et des Lettres envoyées des Indes orientales…, par le dominicain Fernand de Sainte-Marie, Lyon, 1571.

La Croix-du-Maine et du Verdier, Bibliothèque française, édit. Rigoley de Juvigny, t. ii, Paris, 1772, p. 37, t. iv, 1773, p. 586 ; Papillon, Bibliothèque des auteurs de Bourgogne, Dijon, 1745, t. ii, p. 353 ; Höfer, Nouvelle biographie générale, t. xxix, col. 1016 ; Revue du Lyonnais, t. iv, p. 57.

E. Amann.

LAVINHETA (Bernard), franciscain est assez peu connu ; Wadding lui consacre deux lignes et encore le nomme-t-il Bernardin. Son continuateur se contente d’ajouter qu’il était conventuel et docteur en théologie. Le P. Bernard s’adonna de façon spéciale à l’étude des œuvres du « Docteur Illuminé > (B. Lulle), et il contribua largement à mettre le lullisme en vogue au commencement du xvie siècle. Lefèvre d’Etaples, qui le qualifie sacrai paginée doclor egregius, atteste qu’il l’enseignait à l’Université de Paris, en 1515, favorabili audilorio. Il l’enseignait également dans des ouvrages devenus fort rares ; voici ceux que nous avons pu rencontrer : Ars brevis illuminati doct. mag. Raymundi Lulli.quæ est ad omnes scientias pauco et brei’i tempore assequendas inlroduclorium et breris via : una cum figuris Mi materie deserrientibus : necnon et illius scientie approbatione. In cuius casligatione atlendal lector quod castigalissime mag. Bern. de Lavinheta artis illius fidissimus interpres insudaril. Quia si elementum aut demas aul addis (ipsum rel iota) totius